Une affaire de faux
Quand on se plonge dans la littérature populaire policière française du début du siècle dernier et de la fin du précédent, l'une des constatations que l'on peut faire est que cet univers manque de plume féminine.
En y réfléchissant un peu, les premiers noms qui me viennent en tête sont Myriam Dou (qui n'écrivit qu'un seul roman policier, je crois) et, plus tard, Geneviève Manceron.
Par contre, si on s'attarde sur la même paralittérature, mais du côté de nos amis (ou pas) de langue anglophone (Angleterre, États-Unis) alors, les femmes y sont beaucoup plus présentes et ce depuis le tout début du genre policier.
Beaucoup furent même considérées en leur temps comme des Reines du roman policier et je ne parle pas uniquement d'Agatha Christie.
Bien avant cet arbre qui cache la forêt, une multitude de femmes firent leurs gammes avec succès dans l'écriture de récits policiers.
Je ne vous en ferai pas une liste, cela serait trop long et trop fastidieux pour qu'au final celle-ci ne soit pas exhaustive.
Aussi, je vais m'attarder, aujourd'hui, sur un nom : L. T. Meade.
Sous ce pseudonyme se cache Elizabeth Thomasina Meade (1844-1914), une femme de lettres irlandaise qui écrivit énormément de récits jeunesse, mais aussi de récits policiers, seule ou en compagnie d'autres écrivains comme Clifford Halifax (1860-1921) ou Robert Eustace (1868-1943)...
Si Meade écrivit plus avec Eustace, c'est un texte écrit avec Clifford Halifax auquel je me suis intéressé.
Ce texte met en scène le Dr Halifax, un personnage récurrent du duo, qui intervient dans plus de 25 nouvelles dont « Une affaire de faux » dont je n'arrive pas à trouver le titre original est « On a charge of forgery », probablement publié en 1895 dans sa version originale et en 1911, dans un journal, en France, sous une traduction H.-J. Magog, un auteur bien connu de tous les amateurs de la littérature populaire...
UNE AFFAIRE DE FAUX
Le docteur Halifax, qui se vante, de par sa longue expérience de médecin, de décrypter l’âme humaine, assiste un jour au procès d’Édouard Bayard, soupçonné d’avoir fabriqué un faux chèque de 5 000 livres au nom de l’un de ses amis.
Bien que tout accuse le jeune homme et qu’il soit condamné à cinq ans de travaux forcés, le docteur Halifax persiste à penser que le suspect n’est pas coupable.
Une année plus tard, la visite d’une étrange patiente va lui permettre de tenter de démontrer l’innocence d’Édouard Bayard…
Le docteur Halifax estime que pour bien soigner le corps des gens il lui faut connaître l'âme humaine et, pour cela, il n'hésite pas à s'activer dans des domaines autres que la médecine.
Ce jour, c'est à un procès qu'il assiste, celui d'Édouard Bayard, accusé d'avoir émis un faux chèque pour voler de l'argent à un de ses amis.
Mais le docteur Halifax est certain, malgré la condamnation, de l'innocence de l'accusé.
L'avenir va lui permettre de participer à la démonstration de l'innocence d'Édouard Bayard.
L. T. Meade nous propose un court texte, à peine plus de 10 000 mots (équivalent au format fasciculaire de 32 pages) dans lequel, il faut bien le reconnaître, le docteur Halifax est plus spectateur, voire témoin, qu'acteur de l'histoire.
Pour autant, le personnage est présent d'un bout à l'autre du récit même si ses capacités ne sont jamais mises en avant à l'exception de sa certitude de l'innocence de l'accusé et de son bon cœur qui le pousse à aider la jeune fiancée du condamné...
Mis à part cela, pas véritablement d'enquête, encore moins d'investigation, malgré la commission d'un délit et sa résolution...
Malgré tout, le texte se lit agréablement et surtout rapidement bien qu'il ne permette malheureusement pas de se faire une idée précise de son personnage principal et personnage récurrent de l'auteur.
Au final, pas vraiment policier, mettant en scène un personnage récurrent peu influent sur l'histoire, cette nouvelle n'en est pas moins plaisante à lire.