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Loto Édition
18 août 2024

Dorcas Dene, détective

De tout temps, je n'ai lu que des récits policiers. Si j'ai découvert le plaisir de la lecture avec les aventures de Sherlock Holmes, voilà des années que je ne lisais plus que des récits écrits en langue française.

Depuis des années également, je me suis passionné pour les formats courts de la littérature populaire du début du siècle dernier. Les fascicules de 32 pages, 64 pages, aussi bien que les nouvelles et contes publiés dans les journaux et les magazines.

Mais, depuis quelques mois, j'ai décidé de replonger dans la littérature populaire policière de langue anglaise (via des traductions) contemporaine de Sherlock Holmes, c'est-à-dire, en gros, entre 1890 et 1930.

Mais là encore, ce sont les formats courts qui m'attirent.

Et, à chaque fois, les personnages récurrents sont mes guides.

Après avoir fait la connaissance du professeur Augustus Van Dusen alias La Machine à Penser de Jacques Futrelle, Arthur J. Raffles de Ernest William Hornung, le détective aveugle Max Carrados d'Ernest Bramah, je me suis tourné vers les pendants féminins de Sherlock Holmes.

Lady Molly d'Emma Orczy, puis Hagar Stanley de Fergus Hume ont essuyé les plâtres.

Mais comme tout passionné, je ne sais plus m'arrêter et j'en veux toujours plus.

Aussi, j'avais hâte de rencontrer une nouvelle dame détective qui me semblait prometteuse et que les rares critiques (en anglais) que j'avais lues décrivait comme probablement le personnage féminin le plus proche (dans son approche de l'enquête) de Sherlock Holmes, j'ai nommé : Dorcas Dene.

Dorcas Dene est un personnage né de la plume de Georges R. Sim (1847-1922), un journaliste, romancier et dramaturge anglais passionné de criminologie (on dit même qu'il fut suspecté, très rapidement, d'être Jack l'Éventreur) prolifique.

L'homme a écrit de nombreuses pièces de théâtre, énormément d'articles de journaux, plusieurs romans et nouvelles et... les aventures de Dorcas Dene en 1897.

Dorcas Dene apparaît dans 20 courtes nouvelles (moins de 5 000 mots chacune) regroupées en deux volumes (le second fut publié en 1898).

Au moins dans un premier temps (je n'ai pas encore tout lu), les nouvelles vont de paire pour former un récit complet, (dans le premier tome, la quatrième enquête est composée de trois nouvelles)

Autant dire que chaque enquête s'étale sur un peu moins de 9 000 mots (un format équivalent à celui d'un petit fascicule de 32 pages).

Dans la toute première enquête, on constate immédiatement que les aventures vont être contées par M. Saxon, un dramaturge qui aura mis le pied à l'étrier à Dorcas Lester quand celle-ci avait décidé de monter sur scène pour gagner sa vie.

Mais Dorcas Lester disparaît rapidement et c'est 8 ans plus tard que M. Saxon la recroise chez un avocat de ses amis et apprend que Dorcas Lester est devenue Dorcas Dene après avoir épousé un peintre prometteur, Paul Dene.

Malheureusement, celui-ci devenu aveugle, Dorcas Dene a été obligée de gagner à nouveau sa vie et c'est par l'intermédiaire d'un ancien policier à la retraite devenu détective, voisin et ami de la famille, qu'elle se lance avec succès dans la profession de détective et qu'elle devient rapidement réputée pour ses qualités d'observation, de déduction, son art du déguisement et son intelligence.

Dorcas Dene vit avec son mari, sa mère et son bouledogue.

Elle n'hésite jamais à partager ses affaires avec sa famille, organisant des conseils des 4 (le chien, la mère, le mari et elle) afin que chacun discute des cas et apporte son point de vue particulier.

Le mari, aveugle, ne laisse pas son cerveau se faire parasiter par ce qu'il voit ; la mère a un esprit simple et direct et trouve souvent la solution ; quant au chien... il fait ce que font les autres chiens...

Dorcas Dene, pour son enquête, ayant besoin de remonter sur scène, va profiter de croiser son mentor d'hier pour lui demander de l'aider à accéder aux planches...

M. Saxon va se prendre au jeu et devenir « l'assistant » de Dorcas Dene, la dame détective...

Je n'ai lu, pour l'instant, que les nouvelles composant le premier Tome, soit 5 enquêtes.

Mais c'est bien suffisant pour en dire tout le bien que je pense du personnage et pouvoir dire, sans me tromper, que c'est, pour l'instant, le personnage féminin qui, effectivement, s'approche le plus de l'esprit holmesien de tous ceux de l'époque que j'ai bien pu lire.

Car il faut bien avouer que Lady Molly, d'Emma Orczy, mise plus sur son instinct féminin et la connaissance de l'âme féminine que sur ses réels dons d'enquêtrice.

Quant à Hagar Stanley, si le personnage est original de par ses origines (une Tzigane) et par sa façon d'être plongée dans l'enquête (à travers des objets qui sont mis en gage dans sa boutique de prêteur sur gages), et bien que douée d'une certaine intelligence, là aussi, dans les enquêtes que j'ai lues pour l'instant, elle ne brille pas réellement, malgré tout l'intérêt que je lui porte, pas ses réels talents de détective.

Dorcas Dene est, elle, d'un tout autre niveau. Observation, déduction, art de la filature, relevé des empreintes, art du déguisement, instinct... elle semble posséder toute la panoplie qui forge un bon détective.

Et si on rajoute à cela son ancrage profond dans sa famille (sa mère, son mari... son chien) et sa façon de partager avec elle ses enquêtes, d'écouter leurs avis, on obtient alors un personnage fort intéressant, à la fois très proche et très éloigné du maître étalon qu'est Sherlock Holmes.

Car la similitude avec le personnage de Conan Doyle est bien sûr renforcée par la présence d'un « assistant », le dramaturge M. Saxon, qui est également le narrateur des histoires et donc l'historiographe de Dorcas Dene tout comme le docteur Watson l'était pour Sherlock Holmes.

Bien évidemment, hormis ce parallèle et les qualités en commun, l'auteur ne cherche pas à faire de Dorcas Dene le clone féminin de Sherlock Holmes en la rendant imbue d'elle-même, hautaine et méprisante envers les " intelligences inférieures ", insupportable à vivre et une droguée patentée.

Non, au contraire, Dorcas Dene s'avère une charmante personne, bienveillante, aimante, attentionnée, compatissante, empathique, qui met justement ces valeurs au service de son métier.

Car la famille, le couple sont au centre de tout.

Si l'on constate rapidement qu'ils sont le cœur de Dorcas Dene, ils sont également au cœur des enquêtes.

Une mère qui s'inquiète pour son beau-fils ; un père pour sa fille ; une mère pour son fils, une femme pour son mari... les cinq premières enquêtes (le premier Tome) sont toutes axées sur ces valeurs, que ce soit en positif ou en négatif et les liens parents enfants sont autant concernés que ceux mari-épouse...

Bref, je ne trouve qu'un seul défaut aux enquêtes de Dorcas, c'est leur concision (même si « Un mystérieux millionnaire » est un peu plus longue que les autres) même si, parfois, il n'est pas nécessaire d'en faire plus, car plus peut être trop.

Au final, une véritable découverte, un véritable plaisir de lecture avec une véritable détective qui met en avant ses véritables talents. Du tout bon, à découvrir d'urgence...

 

 

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