Joyeux Noël / Code N°2
Voilà de nombreuses années que je m'intéresse aux formats courts de la littérature populaire policière française de la première moitié du siècle dernier et de la fin du précédent.
Mais j'ai forgé mon âme de lecteur étant jeune sur la littérature populaire policière de format court... anglo-saxonne, avec les aventures de Sherlock Holmes...
Aussi, depuis peu, je reviens à mes premières amours en me plongeant dans la littérature populaire policière de langue anglo-saxonne avec une préférence pour les formats courts.
Chez nous, les formats courts à la vogue au début du siècle dernier s'étalaient du contre de 1 à 3 000 mots jusqu'au fascicule de 64 pages (17 000 mots environ) en passant par mon préféré, le fascicule de 32 pages (environ 10 000 mots).
Je passe sur les fascicules qui s'approchent du roman en proposant 96 ou 128 pages.
Cependant, chez nos amis de langue anglaise (Américains et Anglais), il y a un format qui fut populaire alors que totalement boudé chez nous : les textes de 5 à 6000 mots (soit environ un demi-fascicule de 32 pages).
Ce format était prisé par les journaux et les magazines anglais ou américains et on le retrouve aussi bien dans le magazine anglais The Strand que dans celui d'outre-Atlantique, Black Mask.
Différents personnages se sont développés dans ce format : Lady Molly de Scotland Yard et Le vieil homme dans le coin, deux héros d'Emma Orczy ; Max Carrados d'Ernest Bramah ; Johnny Ludlow de Mrs Henry Wood ; Hagar Stanley de Fergus Hume ; Monsieur Jonquelle de Melville Davisson Post ; certaines aventures de Sherlock Holmes de Conan Doyle ; celles d'Arthur J. Raffles d'Ernest William Hornung ; certaines enquêtes de La Machine à Penser de Jacques Futrelle... et j'en passe et des meilleurs.
Mais si le format fut l'apanage des personnages récurrents, il le fut également pour des récits indépendants et tous les auteurs de l'époque ou presque dont, celui du jour : Edgar Wallace.
Edgar Wallace (1875-1932) est un écrivain britannique qui fut également scénariste et réalisateur.
Si Edgar Wallace est connu pour son immense production (plus de 170 romans en 35 ans) et était réputé pour être capable de produire un roman en quelques jours (il utilisait un dictaphone - en fait un phonographe qui gravait sur des cylindres de cire - pour que des secrétaires tapent ses récits) on oublie ou ignore qu'il a participé à l'écriture du scénario d'un film culte : « King Kong » de 1933.
En plus de tout cela, le bonhomme écrivit de nombreux recueils de nouvelles et 25 pièces de théâtre, et ce en plus des reportages qu'il écrivait en tant que journaliste.
Les deux nouvelles du jour s'intitulent « Joyeux Noël » et « Code N° 2 » et furent publiées en 1930.
La première est policière, la seconde s'inscrit dans le genre espionnage.
« Joyeux Noël » est donc une nouvelle policière d'un peu plus de 5 000 mots dont il est un petit peu difficile de parler sans risquer de trop en dire, car, malgré sa concision, le texte nous réserve un ingénieux rebondissement qui éclaire tout le récit durant lequel le lecteur se demande un peu où veut en venir l'auteur.
Sachez seulement que deux hommes sont retrouvés morts, dans la neige, au pied d'une voiture et qu'un jeune avocat est appelé par l'inspecteur chargé de l'affaire pour l'aider à y voir plus clair.
« Code N° 2 » fonctionne un peu sur le même principe (le rebondissement final qui éclaire tout), mais dans le genre " espionnage ", un genre qui, il faut bien l'avouer, me séduit beaucoup moins.
Du coup, difficile d'être réellement objectif quant à la qualité intrinsèque du récit puisque je ne sais si je n'ai pas vraiment apprécié ma lecture du fait du genre ou du texte lui-même.
Un jeune espion a redoublé d'ingéniosité pour parvenir à mettre la main sur un code primordial utilisé par les agents de l'Intelligence Service pour communiquer.
Bland va être chargé de récupérer le code avant qu'il ne soit transmis à l'ennemi...
Là encore, le texte dépasse à peine 5 000 mots ce qui ne laisse vraiment pas la place pour poser une ambiance, une intrigue ou des personnages.
De fait le récit semble un peu décousu, et il est impossible de s'attacher à un quelconque personnage.
Au final, deux textes, deux genres, un auteur et un format, voici l'occasion de découvrir la plume d'un auteur majeur de la littérature policière à travers deux textes courts, dont, il faut bien l'avouer, le policier et le plus intéressant.