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Loto Édition
4 août 2024

Les morts ne parlent pas

Je suis un passionné de littérature policière et plus encore de littérature policière d'antan (une époque que je situerai entre la naissance du genre - 1866, date de publication de « L'affaire Lerouge » d'Émile Gaboriau - à 1960 - la fin du fascicule).

Après avoir passé des années à chercher dans les centaines de milliers de fascicules et dans encore plus de journaux français, des auteurs, des textes et des personnages, depuis peu, j'en fais autant avec la littérature anglophone et, si la littérature fasciculaire semble moins dense, celle publiée dans les journaux et les magazines est bien plus consistante.

Si, généralement, je privilégie les personnages récurrents, il m'arrive parfois de faire fi de cette contrainte.

C'est le cas avec le titre du jour, du moins je le pense, car, si, à la lecture, j'avais l'impression de me retrouver face à un personnage déjà utilisé par l'auteur, je n'en ai trouvé trace nulle part.

Mais parlons d'abord de l'auteur : Raoul Whitfield (1896-1945) est un écrivain américain s'étant consacré exclusivement à la littérature policière.

L'auteur écrivit dès 1922 des nouvelles pour les magazines « Black Mask » et fit la rencontre de Dashiell Hamett, un écrivain américain réputé comme le créateur du « Roman Noir » connu également sous le nom de « Hardboiled » que l'on peut traduire : « Dur à cuire »... un genre dans lequel s'engouffrera par la suite des auteurs français comme Léo Malet.

C'est d'ailleurs à ce genre que s'apparente le titre du jour, « Les morts ne parlent pas », initialement publié en 1932 dans le magazine « Black Mask » sous le titre « Dead Men Tell Tales » (" les morts racontent des histoires " ou un truc du genre).

Pour finir, il faut savoir que Raoul Whitfield usa de plusieurs pseudonymes dont celui de Ramon Decolta sous lequel il signa les aventures de Jo Gar (26 épisodes).

Quelques-uns de ses romans furent traduits en publiés en France dès 1931 et réédités dans la collection « Série Noire » dans les années 1950...

LES MORTS NE PARLENT PAS

Cameron Jay, journaliste à la « Press », reçoit la visite dans ses bureaux de Grindell, le propriétaire de « L’Éventail Vert », une boîte de nuit devant laquelle un homme vient d’être assassiné.

Celui-ci semble inquiet de la présence, lors du crime, de Britton, un collègue de Cameron, qui a eu le temps de parler à la victime avant qu’il rende son dernier souffle.

Va alors s’engager une partie d’échecs entre le reporter et le gérant du club dont la vie de Britton est l’enjeu…

Un homme a été assassiné devant un night-club tenu par Grindell, un homme louche. Britton, un journaliste, est parvenu à recueillir les derniers mots de la victime, ce qui semble déranger le gérant qui va chercher à mettre la pression sur le journaliste Cameron pour l'empêcher d'envoyer son reporter traîner autour de sa boîte de nuit.

Cameron va alors soupçonner Grindell de vouloir faire taire Britton...

Jusqu'à présent, j'étais confronté à des récits noirs à travers la littérature populaire française et plus particulièrement à celle fasciculaire des années 1940, 1950.

Les nombreux textes de J.-A. Flanigham ; les aventures de Lew Dolegan de Louis de La Hattais ; les enquêtes de l'agence Walton de Harry Sampson... bref, des auteurs s'inspirant des pionniers américains, sans jamais ou presque, jusqu'à présent, m'être intéressé aux précurseurs que sont Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Mickey Spillane et consorts.

C'est donc avec un intérêt particulier que j'ai lu cette nouvelle d'un des pionniers du genre.

Le format de cette nouvelle est peu ou prou celui du fascicule de 32 pages que l'on avait l'habitude de trouver en France entre le milieu des années 1910 et la fin des années 1960.

En clair, le texte s'étend sur un peu plus de 10 000 mots, ce qui ne laisse pas la place à une intrigue digne de ce nom ni le temps de présenter les personnages.

Question intrigue, celle-ci se déroule sur quelques heures et quelques kilomètres carrés et consiste en une lutte entre un journaliste sans peur et sans reproche et un gérant de discothèque tout à l'opposé.

Pour les personnages, et bien, je viens de les décrire juste au-dessus.

Le problème du texte réside dans son format qui se marie peu avec le genre hardboiled ou " récit noir ".

Effectivement, pour bien poser le genre, il faut avoir le temps d'imposer une ambiance sombre, tant à travers l'histoire que les personnages.

Que ceux-ci soient manichéens importe peu (bien au contraire), mais encore faut-il pouvoir présenter les enjeux et les forces et les faiblesses de chacun.

Forcément, sur 10 000 mots, c'est impossible à faire, à moins d'avoir un talent extraordinaire, et le temps de travailler son récit.

Du coup, difficile d'être réellement enthousiasmé par cette histoire même si elle se lit sans déplaisir.

Cependant, elle est loin de se démarquer du tout-venant littéraire ni de marquer les esprits.

Au final, un récit noir du début des années 1930 qui peine à convaincre à cause de sa courte taille l'empêchant de mettre tous les ingrédients nécessaires à l'épanouissement du genre.

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