De main de maître
Depuis quasiment mes premières lectures, je suis avide de littérature populaire policière (j'ai été élevé avec Sherlock Holmes comme compagnon de papier).
Si, il y a une dizaine d'années, j'ai pris un virage pour ne m'intéresser qu'à la littérature policière de langue française et principalement celle du début du siècle dernier, notamment celle publiée sous forme de fascicule, depuis peu, je m'intéresse à nouveau à la littérature anglophone, mais celle de jadis, du début du siècle dernier et de la fin du précédent.
Ainsi, j'ai découvert (redécouvert) des personnages et des auteurs oubliés par chez nous ou totalement méconnus.
Le dernier écrivain en date se nomme Frederick Irving Anderson (1877-1947), si peu connu que Wikipédia ne lui a dédié qu'une maigre page en français et aucune en anglais (ce qui est très étrange) et que ses récits sont extrêmement difficiles à trouver en langue originale et qu'il en existe très peu qui ont été traduits (et uniquement pour des anthologies policières ou pour « Mystère Magazine »).
Pourtant, quand on parvient à lire quelques titres de l'auteur on se rend compte qu'il avait tout pour séduire les lecteurs : talent d'écriture, de narration... et des personnages récurrents très intéressants.
Je vous ai déjà parlé de Pelts, un policier sous les ordres du commissaire Parr, également d'Oliver Armiston, écrivain et ami de Parr, voilà que je vais vous parler d'un autre personnage récurrent d'Anderson, la cambrioleuse Sophie Lang.
Sophie Lang est donc une mystérieuse cambrioleuse que la police peine à identifier et à arrêter.
On la rencontre pour la première fois dans le titre du jour, « De main de maître », publié initialement en 1921 sous le titre de « The signed masterpiece » dans « Adventure Magazine » et traduit en français pour le « Mystère Magazine » en 1948.
Cette aventure est aussi l'occasion de retrouver l'écrivain Oliver Armiston, que l'auteur avait déjà mis en place dans son recueil, « Adventure of the infallible Godahl », en 1914, ainsi que de faire la connaissance avec le commissaire Parr et ses méthodes.
DE MAIN DE MAÎTRE
Le commissaire Parr a décidé de mettre tous les moyens en place pour arrêter la mystérieuse cambrioleuse Sophie Lang qui sévit depuis des années en narguant la police.
Soupçonnant Madame Huntington – récemment veuve en attente de toucher l’assurance vie de son défunt mari – d’être Sophie Lang, Parr compte sur un réseau d’agents infiltrés aux abords du domicile de celle-ci pour lui apporter des indices cruciaux.
Malgré la persévérance des hommes de loi, c’est par l’intervention de l’ancien écrivain Oliver Armiston, ami et confident du commissaire Parr, que l’affaire va se décanter...
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Frederick Irving Anderson (1877-1947) est un journaliste et écrivain américain auteur de nombreux récits policiers dont certains ont pour protagonistes plusieurs personnages récurrents comme : Le commissaire Parr et la cambrioleuse Sophie Lang qui apparaissent pour la première fois dans « De main de maître ! » ; L'écrivain et criminologue Oliver Armiston qui était déjà présent dans « Les aventures de l’infaillible Godahl ».
Le commissaire Parr est persuadé d'avoir identifié Sophie Lang, une mystérieuse cambrioleuse qui sévit depuis des années au nez et à la barbe des policiers.
Il est convaincu qu'elle se cache sous la personnalité d'une jeune récente veuve dans l'attente de toucher l'assurance vie après la mort de son mari dans une explosion de son laboratoire.
Pour en avoir la preuve, Parr a placé des hommes à lui partout autour du domicile de la femme, et attend, chaque jour, le rapport de chacun.
Mais la veuve est prudente et les jours passent sans rien apporter de nouveau... jusqu'à ce qu'Oliver Armiston mette son grain de sel dans l'histoire.
On découvre donc, ici, et le commissaire Parr (déjà rencontré dans un récit suivant) et, surtout, ses méthodes qui consistent à tisser une toile d'informateurs en plaçant des hommes à lui un peu partout en ville, qui sous le costume d'un mécanicien, qui d'un badaud, qui d'un croque-mort...
Dans ce court récit de 9500 morts, Frédéric Irving Anderson démontre une nouvelle fois son talent pour intéresser le lecteur avec une intrigue relativement simple (ici, une histoire de filatures), notamment grâce à sa plume, ses personnages, mais aussi son humour et sa façon de ne pas aller directement à l'intrigue malgré le peu de place qui lui est accordée et aussi à travers quelques critiques de la Société en générale et de la police en particulier.
Le passage expliquant, en quelques lignes, les différents changements d'un quartier ou, encore plus, ceux mettant tous les policiers subalternes dans un même moule sont un régal de lecture.
Pour le reste, on constate que le texte permet à son auteur de présenter le commissaire Parr et, surtout, son système de renseignements à partir de différents réseaux, les hommes de l'ombre qui travaillent pour lui.
Quant à Sophie Lang, pas certain, à la lecture, que l'auteur avait alors prévu d'en faire un personnage récurrent... ce qu'elle deviendra par la suite puisqu'un recueil, « The notorious Sophie Lang » lui sera consacré en 1925.
Sophie Lang aura même les honneurs d'être adaptée au cinéma en 1934 (« The notorious Sophie Lang »), en 1936 (« Return of Sophie Lang ») et en 1937 (« Sophie Lang goes West »).
L'actrice Gertrude Michael interprète alors Sophie Lang dans les trois films tandis que Parr est interprété par Paul Harvey (dans le second film) ou Guy Usher (dans le troisième) et est absent du premier.
Au final, une rencontre avec Parr et Sophie Lang qui donne envie de retrouver le premier dans d'autres récits et de découvrir réellement la seconde...