La disparition du marié
Dans la littérature populaire du début du siècle dernier et de la fin du précédent, les personnages de détectives sont légion du fait, mais pas que, de l'immense succès des enquêtes de Sherlock Holmes.
Des auteurs de tous les pays ont cherché à pasticher ou à " cloner " le locataire du 221 B Bakerstreet (alors que lui-même était un clone de Maximilien Heller d'Henry Cauvain) avec plus ou moins de succès ou d'en faire des déclinaisons en apportant d'autres caractéristiques propres que celles du détective à la pipe.
Mais si les hommes détectives ainsi créés furent nombreux, les femmes détectives, elles, le furent beaucoup moins.
Effectivement, les femmes détectives de l'époque étaient soit inspirées du personnage de Nick Carter (Miss Boston, Ethel King) soit avaient pour principales qualités, celles d'une femme : bienveillance, sensibilité féminine...
Une femme détective capable de se montrer aussi détestable et froide que Sherlock Holmes, il y en eut peu... voire pas... à l'exception de Madelyn Mack.
Madelyn Mack est un personnage qui apparut d'abord au cinéma sous la plume du scénariste Hugh C. Weir (1884-1934).
Elle fut interprétée par l'actrice Alice Joyce (1880-1955) dans deux films en 1913 et 1914 avant que Weir, qui était également écrivain ne la réutilise dans cinq enquêtes publiées dans des magazines en 1914 également.
S'il est évident que Madelyn Mack a beaucoup pris du caractère et des méthodes de Sherlock Holmes, pour les bons et les mauvais côtés, il ne faut pas oublier que la principale influence fut Mary Holland (1868-1915) une véritable femme détective qui est principalement connue pour avoir été précurseur dans le domaine des empreintes digitales.
« La disparition du marié » est la seconde enquête menée par Madelyn Mack et est parue en 1914.
LA DISPARITION DU MARIÉ
La célèbre détective Madelyn MACK est embauchée par le millionnaire Adolph Van Sutton pour retrouver Norris Endicott, le fiancé de sa fille Bertha, qui a mystérieusement disparu à quelques minutes de leur mariage…
La police ne tarde pas à émettre l’hypothèse d’un meurtre ou un enlèvement, mais Madelyn MACK, grâce aux éléments apportés par son amie, la journaliste Nora Noraker qui a couvert l’évènement et s’est rendue dans la propriété des Van Sutton, envisage une tout autre possibilité…
La fille du millionnaire Adolph Van Sutton s'apprête à épouser un jeune architecte Norris Endicott. Mais, le futur marié ne se présente pas à la cérémonie alors qu'il était allé s'habiller pour l'occasion.
Alors que la police envisage un enlèvement, la célèbre détective Madelyn Mack, chargée de l'enquête par le père de la mariée, envisage une tout autre hypothèse.
Si ce second épisode est un peu plus court que le précédent (9500 mots), on retrouve pourtant la même structure que dans celui-ci (la présentation de Madelyn Mack en moins). Un crime, la police qui émet une hypothèse, Madelyn Mack qui débarque et part sur une tout autre piste, un final à la Whodunit où tous les protagonistes sont réunis, Madelyn Mack qui explique l'affaire et dénonce le coupable.
C'est une structure qui a déjà été utilisée avant, par d'autres auteurs, mais surtout après, jusqu'à l'usure... et on pense forcément aux romans d'Agatha Christie.
D'ailleurs, Hugh C. Weir reprendra la même formule dans l'épisode suivant.
On se retrouve donc en terrain connu, et par cette fameuse structure, et parce que l'on a déjà rencontré Madelyn Mack et, aussi, parce que cette même Madelyn Mack est une parfaite représentation féminine du grand Sherlock Holmes.
On se retrouve une nouvelle fois dans un crime en chambre close doublé d'un crime mystérieux puisque la police ne parvient pas à définir la cause de la mort.
Classique, donc, tant dans le genre que dans la forme, mais plaisant à lire... d'autant plus plaisant qu'il est rare de croiser des femmes détectives, d'autant plus quand celles-ci peuvent se montrer désagréables.
Au final, un second épisode tout aussi plaisant que le premier, tout aussi prometteur, mais si on sait à l'avance que les rencontres avec Madelyn Mack seront rares...