Le faux testament
De temps en temps, je me replonge dans les récits policiers d'auteurs de la littérature populaire policière fasciculaire que j'ai déjà abordés par le passé.
Aujourd'hui, l'auteur qui fait son retour se nomme Jean Normand, de son vrai nom Raoul Anthony Lematte (1885-1956) qui travailla dans l'administration pénitentiaire en Guyane, ce qui alimenta son inspiration d'écrivain, notamment pour l'écriture de sa série « L'inspecteur Doublet à travers le monde » dont la plupart des aventures se déroulaient en Guyane...
Mais le nom de Doublet semble avoir marqué l'auteur puisque plusieurs de ces personnages portent ce nom, qu'ils soient principaux, comme dans « Crime à la campagne » que j'ai déjà évoqué ou bien dans le titre du jour, « Le faux testament » où Doublet est un jeune Ladd qui n'apparaît que quelques secondes dans l'histoire.
« Le faux testament » est un fascicule de 32 pages paru la même année, en 1944, semble-t-il, dans deux collections différentes, chez deux éditeurs.
Une fois dans la collection « Aventure et Police » des éditions J.B.L.
Une autre fois dans la collection « La Main Blanche » des éditions S.P.E.
LE FAUX TESTAMENT
Drame au château de Nainville !
Le riche M. Bertinière, propriétaire d’un élevage réputé de chevaux anglo-normands et cavalier émérite, a trouvé la mort en chutant alors qu’il montait son alezan favori.
Très vite, le pauvre animal montre des signes d’un empoisonnement à la strychnine qui finit par le terrasser.
L’inspecteur Souvestre, chargé de l’enquête, découvre, en fouillant le box de la défunte bête, un bouton appartenant au neveu de M. Bertinière.
Mais le suspect profite d’une inattention pour s’enfuir…
Un matin, à l'écurie du château de Nainville, on est surpris de voir revenir l'alezan de M. Bertinière, le propriétaire de l'élevage, seul et dans un état d'excitation surprenant.
On ne tarde pas à retrouver M. Bertinière mort, sur le chemin de sa promenade. La chute mortelle est évidente... mais le cheval montre des signes d'un empoisonnement laissant penser à un acte criminel.
D'ailleurs, l'inspecteur Souvestre, chargé de l'affaire, ne tarde pas à trouver un bouton de culotte de cavalier appartenant au neveu de M. Bertinière dans la stalle du cheval.
Sachant que M. Bertinière et son neveu (l'un de ses neveux) étaient en désaccord sur la vie dissolue de ce dernier, il en devient un suspect idéal, d'autant qu'il profite d'une occasion pour s'enfuir.
Mais la découverte, dans les tiroirs du défunt, d'un nouveau testament, va ajouter un nouvel éclairage sur l'affaire.
Dans ce petit récit policier (un tout petit peu moins de 9 000 mots) l'auteur nous propose évidemment une intrigue simple, voire simpliste, dont la révélation finale censée tout expliquer peine à convaincre.
Cependant, comme on ne lit pas des fascicules pour découvrir des intrigues passionnantes, on ne s'en offusquera pas même si on aurait aimé un peu plus de cohérence.
Comme de coutume dans les fascicules, notamment ceux de 32 pages et moins, les personnages sont à peine esquissés et le lecteur serait bien en peine de décrire l'inspecteur Souvestre, ou M. Bertinière, ainsi que ses neveux.
Une fois encore, les coïncidences et le hasard font la loi dans le monde du fascicule policier, ce dont on ne s'étonnera plus.
Mais, encore une fois, ces défauts étant quasi inhérents au format (sauf pour les auteurs d'exceptions qui maîtrisaient parfaitement ce format-là) on ne s'en offusquera pas non plus.
Malheureusement, si le reste (la plume, la narration, l'histoire) est loin d'être indigent, il manque un petit quelque chose pour élever le texte au-dessus de la masse et en faire plus qu'un fascicule parmi les autres.
Je n'irai pas jusqu'à dire que Jean Normand nous avait habitués à mieux (dans l'ensemble ses récits se situent dans la moyenne), mais il a su démontrer à de rares reprises qu'il était capable de livrer un récit totalement maîtrisé et plaisant.
Au final, un petit récit policier banal, bien que pas déplaisant à lire.