La guinguette aux orties
Il y a peu, je découvrais la plume de Max-André Dazergues, un auteur de littérature populaire fasciculaire que j'attendais depuis longtemps de découvrir en amassant les titres achetés ici ou là.
Pourquoi attendre si longtemps ? Probablement parce que je voulais faire sa connaissance via sa série sur « Le Bossu ».
Mais, si le bonhomme eut une production conséquente, on ne trouve pas forcément tous les titres que l'on désirerait (la littérature fasciculaire se perd... heureusement que certains se consacrent à sa sauvegarde).
Aussi, à force d'attendre, je décidais de rencontrer l'auteur à travers un autre récit, récit que j'appréciais fortement et qui me donna envie de poursuivre ma découverte.
C'est ce que je fis donc avec le titre du jour : « La guinguette aux orties ».
Pourquoi ce titre-là ? Pourquoi pas.
Probablement parce que la couverture m'a plu (comme beaucoup de fascicules de la collection « Le Glaive »).
Sûrement parce que le format n'est plus tout à fait celui d'un fascicule (134 pages).
« La guinguette aux orties » est donc un petit livre de 134 pages publié dans la collection « Le Glaive » écrit entre avril et mai 1944 à Lyon (oui, M.A.D., tout comme Simenon, dont il fut soupçonné un temps d'être un pseudonyme, a noté l'endroit et l'époque à laquelle il a écrit ce récit).
Max-André Dazergues, de son vrai nom André Compère (1903-1963) n'est pas un auteur de littérature populaire lambda. Il fut d'ailleurs, paraît-il, à l'origine de la carrière de Frédéric Dard avec lequel il fut ami (ils habitaient alors tous deux à Lyon).
Auteur prolifique, il signa plus de 300 fascicules sous divers pseudonymes (Max-André Dazergues, André Mad, André Star, Paul ou André Madandre...) inscrits dans les genres à la mode à l'époque (Sentimental, aventures, policier).
En parallèle il écrivit une cinquantaine de romans.
La guinguette aux orties :
André Truchot, ancien gérant d'une grande brasserie lyonnaise, achète une guinguette au bord de l'eau nommée " Chalet des Îles ". Il entreprend de la rénover avec l'aide d'un ami.
L'aventure à venir s'annonce paisible, rythmée par les jeux de boules, la danse et les consommations. Cependant, un cadavre est découvert dans la cave du " Chalet des Îles ".
L'inspecteur Lestrades est appelé sur les lieux pour mener l'enquête.
Qui est l'inconnu assassiné ? Quel est le mobile du crime ? Lestrades, secondé par Truchot, explore les méandres d'une affaire complexe, où les secrets et les mensonges se mêlent aux amours naissantes et aux jalousies refoulées.
Entre parties de pêche, promenades en tandem et observations discrètes, Lestrades démêle peu à peu les fils de l'intrigue, menant le lecteur au cœur d'un été mouvementé sur les bords de Saône.
Une enquête captivante, pleine de rebondissements, où le charme pittoresque de la guinguette contraste avec la noirceur du crime.
Truchot a décidé d'acheter une guinguette, dans les bois, au bord de l'eau, dont le propriétaire fut retrouvé noyé.
Il demande à son ami Carteret de faire les travaux de rénovation nécessaires à la réouverture de l'endroit. En visitant la cave du troquet, ils découvrent un cadavre simplement vêtu d'un maillot de bain.
L'inspecteur Lestrades est chargé de l'enquête et va bien avoir du mal à démêler tous les fils de l'affaire, d'autant que le maillot de bain appartient à un marin d'une péniche arrivée bien après le moment de la mort estimée...
J'ai bien du mal à savoir réellement ce que j'ai pensé de ce petit roman de 33 000 mots.
En effet, avant d'entamer la lecture, je pensais découvrir un récit à l'ambiance Simenonesque, comme le premier que j'avais lu de l'auteur. Mais ce roman n'est pas du tout écrit dans la même ambiance, et, du coup, j'ai été un peu perturbé.
Tout comme j'ai été perturbé par le fait qu'il n'y ait pas réellement de personnage principal dans ce récit, car, même si c'est l'inspecteur Lestrades qui est chargé de l'enquête, Truchot est souvent présent dans le récit. Mais, au final, aucun des deux n'est réellement le héros de l'histoire.
Les personnages secondaires sont également un petit peu trop nombreux entre le vieux habitant dans l'île, les marins de la péniche, les habitants de la villa, les cyclistes...
Enfin, l'intrigue semble bien alambiquée pour, au final, pas grand-chose, car elle est en réalité très simple.
Mais le récit est écrit d'une plume agréable et certains personnages sont un peu plus complexes et mystérieux que les autres (le vieux de l'île, le demeuré de la péniche), ce qui rehausse un peu l'ensemble.
Pour autant, « La guinguette aux orties » est loin d'être un récit inoubliable ou même marquant d'un auteur pourtant réputé, au talent indéniable, et qui a déjà démontré ce dont il était capable.
Au final, un petit roman policier qui se lit sans déplaisir mais qui ne s'élève jamais au-dessus de la plupart des récits policiers de l'époque. Dommage.