Flic de choc : gangs chinois sur Paris
J'ai beau ne lire que des récits policiers, être un passionné des personnages récurrents, ne m'être cantonné quasi exclusivement, ces dernières années, aux auteurs de langue française, cela ne m'empêche pas d'avoir grosses lacunes en la matière.
La preuve en est avec la série « Flic de choc » de Serge Jacquemard, une série de 43 romans publiés à partir de 1981, dont le troisième opus a été adapté au cinéma en 1983 par le père de Vincent Dessagnat (le copain de Michaël Youn), adaptation avec Chantal Nobel et Jean-Luc Moreau que j'avais pourtant vu jadis.
En effet, cette série m'était jusqu'alors inconnue, même de nom.
Il a fallu un hasard pour que je tombe sur les premiers épisodes et, curieux, comme toujours lorsque j'apprends l'existence de personnages récurrents dans la littérature policière, je me mette à tâche pour découvrir et la plume de l'auteur et ses héros et héroïnes.
C'est donc ce que je fis en débutant par la premier épisode : « Gangs chinois sur Paris », sorti, donc, en 1981.
Quant à Serge Jacquemard (1928-2006), bien qu'il fut un auteur prolifique, pilier des éditions Fleuve Noir et de la collection « Spécial Police » et « Espionnage », il semble bien que ce roman constitue ma première rencontre avec sa plume.
Gangs chinois sur Paris :
Action rapide, brutale, efficace, à l'américaine, coups de commando, interventions coups-de-poing, tirs fulgurants et millimétrés, tels sont les impératifs du Groupe IV de la dirigé par le commissaire Jacques Beauclair pour contrer les hors-la-loi qui leur font face.
Dans leurs holsters de hanche, à la lisière de leur gilet pare-balles, leurs deux pistolets sont prêts à jaillir et tous, de Beauclair à Audray, son adjoint, en passant par Wanda Roumanoff, l'aristocrate russe, Scordia, le Pied-Noir niçois, et F.T.N., l'ancien para, savent placer une balle à cent mètres dans un allume-cigare.
Cette fois, leurs cibles sont constituées par les membres d'un gang de qui exploitent les tenanciers chinois de sex-shops et de restaurants parisiens. Dans une embuscade, ces racketteurs ont tué deux policiers de la Brigade Anti-Gangs. Un légitime désir de vengeance anime Beauclair et ses subordonnés. La longue traque commence.
Mais que viennent faire soudain dans le schéma ces Américains et ces cent otages bloqués dans le Centre National Georges Pompidou sur le plateau Beaubourg ?
Le commissaire divisionnaire de la BRI Tanguy Leguennec, surnommé " Le Mammouth " pour sa finesse ou " N'a-qu'un-œil " pour le fait qu'il a un œil de verre, est en colère. Certains de ses hommes (et une femme) se sont fait descendre dans un restaurant chinois lors d'une intervention dont le but était de démanteler une bande de racketteurs ayant déjà abattu trois tenanciers récalcitrants chinois de Sex-Shop.
Aussi, il décide d'envoyer une deuxième équipe pour gérer l'affaire, celle du commissaire Jacques Beauclair, composée de lui-même, du taciturne Philippe Audray, du beau parleur Gratien Scordia, de F.T.N. enfant de la Dass et ancien Para.
Pour l'occasion, et pour remplace le membre féminin de son équipe parti en congé maternité, Beauclair sélectionne parmi diverses candidate Wanda Roumanoff, experte en tir et en arts martiaux.
Ils vont alors tous se lancer sur les traces d'un gang de chinois qui semble préparer un coup bien plus rémunérateur qu'une simple histoire de rackets...
Bon, que dire de ce roman ?
On se trouve là devant un classique récit de bande (bande de flics, donc) avec chacun des membres ayant sa spécificité et son caractère.
Entre le chef, Beauclair, finalement le plus passe-partout de l'équipe, Audray, qui ne cesse de se curer les dents avec une aiguille, taciturne à souhait, Scordia, hâbleur, intelligent, souple, fort, F.T.N. brute au grand cœur ayant adopté une flopée d'orphelin et Wanda, l'atout charme, au caractère bien trempé et au tir précis... le lecteur découvre une large palette (mais peu originale) de personnages.
Bien évidemment, quand on se lance dans une telle série, difficile de faire dans l'original, d'autant que ce n'est pas ce que désire l'éditeur, il faut se contenter de maintenir l'intérêt des lecteurs et leur donner envie de lire les épisodes suivants.
En ce sens, Serge Jacquemard fait ce qu'il faut, usant d'une plume dénuée d'artifice sans pour autant se révéler fade, et en proposant une intrigue linéaire offrant son lot d'action, à défaut de réalisme.
Car il faut bien avouer que si on se penche un peu sur le plan des racketteurs, un moment, on est en droit de penser qu'ils en font beaucoup pour un résultat qui aurait pu être obtenu bien plus facilement et à moindre renfort de moyens.
Bref.
L'auteur use de principes qui seront utilisés avec succès, deux ans plus tard, dans la série télévisée " L'agence tous risques " à savoir une équipe menée par un chef charismatique et où chaque membre est rapidement identifiable par son physique, son caractère et son utilité dans le groupe.
Serge Jacquemard, de plus, propose ponctue son récit de diverses scènes d'action, notamment de fusillades, afin que le lecteur ne s'ennuie jamais et il faut bien avouer qu'il y parvient, car, en effet, le lecteur que je suis ne s'est pas ennuyé.
Pour autant, il faut bien avouer que ce roman ne parvient pas à franchir ce simple cap de " lecture agréable ", la faute à une intrigue plus fine, plus subtile, plus travaillée, à des personnages un peu trop manichéens, et certaines ficelles un peu trop grosses pour être crédibles.
Peut-être cela s'arrangera-t-il dans les opus suivant. Qui sait ? Peut-être moi si je décide de poursuivre ma lecture de la série, ce qui n'est pas certain tant j'ai de lacune en matière de littérature policière à combler.
Au final, un premier épisode engageant qui a les défauts de ses qualités, à savoir des personnages identifiables et différenciés, mais qui manquent de subtilités.