L'inspecteur Lekbir ne renonce jamais : Le tueur à l'encens
Parfois, un titre, une couverture, vous donne envie de lire un roman sans rien savoir sur l'auteur ni sur les personnages.
Et, parfois, ce choix arbitraire vous donne raison, vous offre un bon moment de lecture et vous permet de découvrir un auteur... des personnages... voire un éditeur.
Mais, d'autre fois, ne pas succomber à l'impulsion du moment, vous renseigner quelque peu sur l'ouvrage, l'auteur, l'éditeur... peut vous éviter des déconvenues...
Une chose est certaine, si j'avais pris quelques secondes pour mener une petite recherche, un élément, au moins, m'aurait mis la puce à l'oreille.
En effet, ne serait-ce qu'en me renseignant sur l'éditeur, Le Lys Bleu Éditions, j'aurais appris qu'il s'agissait d'un éditeur à compte d'auteurs déguisé en éditeur à compte participatif.
Car, Le Lys Bleu Éditions l'avoue sur son site, oblige ses auteurs à acheter 40 exemplaires de son roman (soi-disant pour l'inciter à participer activement à la promotion de ses ouvrages comme si un auteur " amateur " n'avait aucune envie de promouvoir ses romans).
Même avec 30 % de remise (dixit l'éditeur), cela représente une somme de 400 euros, ce qui n'est rien si l'éditeur fait son travail d'éditeur, mais peut déjà être un bon apport si l'éditeur se contente de faire imprimer le texte reçu sans vraiment s'investir professionnellement dans la réécriture, la correction... dudit texte.
Et, malheureusement pour le lecteur (et pour Alain Annouchi, l'auteur), il semblerait bien que l'éditeur ne se soit pas foulé pour faire corriger le texte.
J'en veux pour preuve les deux grosses fautes (et je peux vous assurer que je ne les recherche pas et donc que j'ai dû en louper quelques-unes) dès les premiers paragraphes.
J'en veux pour preuve la ponctuation totalement anarchique avec une absence de point quand il en faudrait, des virgules la plupart du temps oubliées et, même, des virgules quand il n'en faudrait pas.
J'en veux pour preuve les multiples répétitions inutiles.
J'en veux pour preuve, le synopsis publié avant le texte et racontant la quasi-entièreté de l'histoire.
J'en veux enfin pour preuve le style de l'auteur qui s'apparente plus à un rapport de police (il s'agit d'un ancien policier) qu'à un roman policier.
Je pourrais ajouter des critiques sur l'intrigue elle-même, mais, n'ayant pas dépassé le quart du roman (et encore, en me forçant grandement) je ne serais pas en capacité de la juger.
Face à de telles lacunes littéraires, difficile alors de penser que l'éditeur ait fait, même a minima, son travail d'éditeur, ce qui laisse à penser que l'achat des 40 exemplaires sert directement à payer l'imprimeur... surtout si vous êtes ledit imprimeur (je ne sais pas si c'est le cas pour Le Lys Bleu Éditions, mais c'est souvent le cas pour les éditions à compte d'auteur)... surtout si vous annoncez n'imprimer, au départ, que 300 exemplaires... et surtout si vous ne le faites finalement pas, vous contentant d'imprimer à la demande (ce qui est facile si vous êtes l'imprimeur).
Bref, toujours est-il que, pour un éditeur annonçant investir 3000 euros par ouvrage, les 2500 à 2700 euros restants ne sont pas investis dans la correction des manuscrits. ? Alors, où ? Mystère et boule de pétanque (qui sont plus difficiles à digérer que les boules de gomme).
Toujours est-il que, dans sa forme actuelle, « L'inspecteur Lekbir ne renonce jamais : le tueur à l'encens » est totalement indigeste.
Ce roman aurait-il pu être meilleur ? Avec une simple correction orthographique, une correction syntaxique, un travail sur la ponctuation... indéniablement oui.
Aurait-il alors été un bon roman ? Impossible à dire dans l'état et parce que je ne suis pas allé au bout de ma lecture.
Cependant, entendons-nous bien (et je le répète à chaque fois que j'aborde l'édition à compte d'auteurs ou à compte participatif), je n'ai rien, strictement rien, contre les éditions à compte d'auteurs ou à compte participatif.
Je ne me vois pas, en tant qu'écrivain ou en tant qu'éditeur comme un Don Quichotte luttant contre les moulins de l'édition.
Je considère que toutes les sortes d'éditions peuvent et doivent exister (de l'auto-édition à l'édition à compte d'éditeur en passant par le compte d'auteurs et le compte participatif).
De plus, j'estime que chaque mode d'édition à son intérêt et, surtout, peut être judicieux pour certains auteurs, dans certains cas...
Ma seule critique porte alors sur le travail effectué versus le travail promis.
Si on vous promet de ne pas vous faire payer, on ne vous fait pas payer.
Si on vous promet une correction de votre texte, on le corrige.
Si on vous promet d'imprimer 300 exemplaires de votre livre, on imprime 300 exemplaires de votre livre.
À partir de là, tout me va.
Mais, sérieusement, proposer, en l'état, un ouvrage aux lecteurs, c'est non seulement se foutre de la gueule de l'auteur, mais également et surtout du lecteur.
Parce que l'auteur, lui, sera content de tenir son ouvrage en main (enfin... ses 40 exemplaires), et sera peut-être moins critique sur le contenu.
Tandis que le lecteur, lui, ne pourra qu'être déçu, ce que je fus...
Bref, je vais éviter de m'attarder plus sur ma critique du livre que celui que j'ai passé à le lire.
Au final, « L'inspecteur Lekbir ne renonce jamais : le tueur à l'encens » est peut-être un bon rapport de police, mais sûrement pas un bon roman policier la faute à une totale absence du travail de l'éditeur sur le texte... et peut-être pour d'autres raisons encore.