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Loto Édition
16 septembre 2012

Arrêtez le carrelage

jpg_arretezlecarrelageSi vous avez lu mes deux précédents articles, "La petite écuyère a cafté" et "Saigne sur mer" vous savez que je me suis, récemment, intéressé à la série de livres "Le poulpe".

Vous savez donc, également, qu'après avoir été enthousiasmé par le premier numéro écrit par J.B. Pouy, j'ai été un peu plus perplexe à la lecture du second épisode écrit par Serge Quadrupanni.

Peu importe, comme vous me connaissez, peut-être, quand j'aime, j'aime sans mesure. Aussi, il était tout naturel que je continue ma découverte du personnage de Gabriel Lecouvreur.

La série comptant un nombre incalculable de romans, il est évident que je ne lirai jamais tout. En effet, il a été édité au moins 275 numéros. Le fait que les auteurs soient presque aussi nombreux que les titres aide grandement au développement de la saga.

Pourtant, j'aurais aimé lire au moins la première dizaine d'histoires. Cependant, difficile de trouver les livres en question, difficile, également, de pouvoir réellement établir une liste de ceux-ci. Même sur le site de l'éditeur "La Baleine", tous les numéros ne sont pas cités.

Aussi, à défaut de connaître, ne serait-ce que le titre du troisième épisode (après renseignements il semblerait que l'éditeur ayant numéroté ses livres indépendamment des collections, le numéro trois ne ferait pas partie de la saga du Poulpe), je me suis rabattu sur le 4ème, "Arrêtez le carrelage", écrit par Patrick Raynal, un des auteurs ayant posé les fondations de la série avec Serge Quadrupanni et Jean-Bernard Pouy.

D'abord critique de littérature policière et spécialiste du genre américain, Patrick Raynal dirige un temps la collection "série noire" chez Gallimard.

RAYNAL-PatrickAprès avoir écrit plusieurs romans, il se lance dans l'aventure "Le poulpe" en compagnie de J.B Pouy.

L'homme est connu pour son côté anarchiste, et cet esprit se retrouvera dans son opus du "Poulpe".

Alors que Gabriel Lecouvreur, dit "Le poulpe", revient tout juste d'une de ses escapades, il n'a pas le temps de savourer son café au bistrot du "Pied de porc..." dans le 11ème arrondissement de Paris, qu'il tombe sur un article de journal contant les mésaventures d'un pêcheur dont le chalutier a sauté sur une mine allemande dans la rade de Lorient.

Une mine allemande, 50 ans après la fin de la guerre, dans un endroit fréquenté, il n'en faut pas plus pour donner envie à Gabriel d'enfourcher une moto et de se rendre sur place, dans le village de Kerletu, un bourg paumé coincé entre la côte et une base militaire apathique.

Sur place, Gabriel se rend compte que les faits étranges s'enchaînent, des morts suspectes, des bateaux qui coulent, des maisons qui se vendent à une vitesse affolante, des gendarmes qui ne bougent pas, un groupe d'anarchistes virulents, des tueurs aguerris, une belle jeune femme aguicheuse...

"Arrêtez le carrelage" débute lentement sur un mise en place rapide, situation qui tiendrait de l'oxymore si l'auteur ne savait pas ce qu'il faisait.

Effectivement, la présentation de l'affaire se fait à travers la déposition du pêcheur à la gendarmerie. Quelques lignes puis l'auteur rend visite à Gérard, le patron du "Pied de porc..." juste le temps que Gabriel débarque et tombe sur l'article. Gabriel rend alors rapidement visite à son ami Pedro, l'anarchiste catalan, pour récupérer quelques armes et lui emprunter une moto Norton, appartenant à un membre de la famille ayant du quitter le pays définitivement.

Quelques kilomètres pour chauffer le moteur sur la route et Gabriel fonce à tombeau ouvert sur Kerletu, un petit village dépeuplé. Des bistrots mais plus de commerces, pas d'hotel, plus de pêcheurs... Gabriel trouve refuge chez l'habitant.

Mais si les Kerletiens sont bizarres, coincés dans un village isolé, que dire de ces motards qui cherchent des poux à Gabriel avant de s'écraser en criant "Arrêtez le carrelage" ?

Ce troisième épisode redresse la barre après un second un peu faible. Si Patrick Raynal décide de prendre le temps de mettre en place la situation, les personnages et l'ambiance, l'homme sait mener sa barque et entraîne le lecteur dans une aventure pleine de rebondissements durant laquelle il ne ménage pas son héros. Plus les hommes tombent et moins Gabriel saisit les tenants et les aboutissants d'autant qu'il est entouré de personnes toutes plus étranges les unes que les autres. Un gendarme qui semble ne pas s'intéresser à ce qui se passe, des villageois qui cachent un secret, un pêcheur étrange, des motards curieux, des mafieux, des notaires... et cette jeune femme qui cherchent à le troubler.

Le style de l'auteur est bon, même si moins centré sur l'humour que celui de JB Pouy. Il n'oublie pas les belles formules et l'ensemble se lit très bien. Les chapitres sont très courts, tout comme le roman, ce qui renforce la facilité de lecture. Gabriel retrouve son goût pour la bière, pour la lecture (même s'il privilégie des petites fables philosophiques, là où JB Pouy préférait les haïkus).

L'ensemble est rondement mené, et la fibre anarchiste de l'auteur se ressent jusqu'aux tréfonds de cette histoire.

Au final, un troisième épisode très plaisant, dans un style un peu différent du premier mais sans trahir ni l'ambiance ni le personnage mis en place par JB Pouy.

De la bonne littérature de divertissement, un livre qui donne envie de lire les autres épisodes même si, soyons en sûr, ils ne seront pas tous de cette qualité.

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