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Loto Édition
21 octobre 2012

Touche pas à mes deux seins

07_Winckler_Touche_pasPoursuivons notre immersion dans les oeuvres de la saga "Le Poulpe" avec "Touche pas à mes deux seins" de Martin Winckler.

Après avoir lu les premiers dans l'ordre, voici un gros saut de fait avec le numéro 221.

Martin Winckler est un ancien médecin de campagne devenu écrivain et rendu célèbre par son roman "La maladie de Sachs" adapté, depuis, au cinéma, avec Albert Dupontel dans le premier rôle.

Bruno Sachs est, semble-t-il, un personnage récurrent de l'oeuvre de Martin Winckler. Ce sera encore le cas dans cet épisode qui ressemble terriblement à un "cross-over", ces épisodes d'une série mêlant ses personnages à ceux d'une autre série. Le concept a souvent été utilisé à la télé (un épisode de "Walker Texas Rangers" avec le personnage de Sammo Hung dans "Le flic de Shangaï" et inversement), au cinéma (Les personnages de "Lucky Stars" avec ceux de "Pom Pom" ou plus récemment, "Alien Vs Prédator" et "The Avengers"), mais aussi dans la littérature ("Arsene Lupin contre Sherlock Holmes").

Effectivement, dans "Touche pas à mes deux seins", Martin Winckler se fait un plaisir de brasser son personnage, Bruno Sachs, son milieu de prédilection, la médecine, les hôpitaux et les passages obligés de tout épisode de "Le Poulpe", ou presque.

Goffin, un éminent gynécologue se fait abattre, en pleine nuit, dans son appartement de Tourmens. Quand Gabriel Lecouvreur découvre la nouvelle, dans le journal, cela déclenche en lui les souvenirs de jeunesse, à l'époque où il côtoyait la belle Alice, sa soeur jumelle Lucianne et Bruno Sachs, jeune interne, dans le service de Goffin.

Le roman de Martin Winckler est, indubitablement, une oeuvre hybride. A la fois un épisode du "Poulpe", sans en être vraiment un, il diffère tout autant dans le fond que dans la forme.

Martin-WincklerDans la forme, l'ouvrage est très court et se lit rapidement, comme tout épisode de la saga, on y retrouve Gabriel Lecouvreur, Cheryl, sa petite amie, brièvement le patron du bar. L'histoire débute bien par le crime, comme on peut s'y attendre. Mais la forme diffère également par quelques passages obligés absents. Pas de bières pour Lecouvreur, pas de bagarres, pas d'enquête, mais également par le style de narration. Ici, la narration alterne entre trois personnages, Bruno Sachs, le juge Watteau et Gabriel Lecouvreur. Le premier et le dernier racontent à une femme (une amie pour Bruno, Cheryl pour Gabriel) leurs souvenirs du passé, à l'époque où ils étaient tous deux amis et où ils ont côtoyé Alice, Lucianne et le fameux professeur Goffin. Le Juge Watteau, lui, est le narrateur témoin de l'enquête au présent.

Chaque chapitre prend le titre d'un film ou d'un livre et avance grâce à la narration de l'un ou l'autre des personnages. C'est ainsi à un ouvrage polyphonique que nous avons à faire, exercice de style un peu étrange, voire incompatible avec une histoire de Gabriel Lecouvreur, usuellement le seul héros des romans.

Martin Winckler prends alors pour prétexte la jeunesse de Gabriel pour aborder ses sujets de prédilections, l'univers hospitalier et le monde de la santé et les débordements existants dans ce milieu ainsi que l'ego démesuré de certains médecins. Il en profite, également pour développer une intrigue, somme toute sommaire et assez prévisible et peu originale.

Effectivement, je ne vous rejouerai pas le thriller à base de jumeaux ou de jumelles, tant celui-ci est éculé ("Faux semblants", "Les rivières pourpres", "Double impact"...).

Du coup, avec un manque d'action, une enquête minimaliste et prévisible, ceux et celles qui liraient "Touche pas à mes deux seins" comme une histoire du "Poulpe", comme moi, pourraient être déconcertés et légèrement déçus.

Car l'humour instauré par Jean-Bernard Pouy dans le premier épisode de la saga n'est même pas présent et on se sent alors orphelin des qualités des premiers ouvrages.

Au final, "Touche pas à mes deux seins" pourrait se comparer à un film de genre réalisé à la façon d'un film d'auteur, usant des codes du premier tout en se déroulant avec la lenteur et la contemplation (pour ne pas dire l'ennui) du second.

Loin d'être le meilleur épisode de la saga, le roman de Martin Winckler peut tout de même s’enorgueillir d'oser tenter un mélange des genres pas toujours très prenant mais suffisamment digeste pour tenir le lecteur jusqu'au bout malgré une fin ultra-prévisible.

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