Debout les morts

Fred Vargas est une valeur sûre du polar français et l'une des rares femmes françaises à être réputée dans le domaine et dont les romans sont adaptés à la télévision ("Sous le vent de Neptune", "L'homme aux cercles bleus", "L'homme à l'envers", "Un lieu incertain", toutes réalisées par Josée Dayan) ou au cinéma ("Pars vite et reviens tard" de Régis Warnier).

Pour autant, je n'avais jamais lu un livre d'elle, c'est maintenant chose faite avec "Debout les morts".

Debout les morts :

Un matin, la cantatrice Sophia Siméonidis découvre, dans son jardin, un arbre qu'elle ne connaît pas. Un hêtre. Qui l'a planté là ? Pourquoi ?

Pierre, son mari, n'en a que faire. Mais la cantatrice, elle, s'inquiète, en perd le sommeil, finit par demander à ses voisins, trois jeunes types un peu déjantés, de creuser sous l'arbre, pour voir si...

Quelques semaines plus tard, Sophia disparaît tandis qu'on découvre un cadavre calciné.

Est-ce le sien ? La police enquête. Les voisins aussi. Sophia, ils l'aimaient bien.

L'étrange apparition du hêtre n'en devient que plus énigmatique.

"Debout les morts" débute par une belle interrogation : "Mais que vient faire ce hêtre dans le jardin de la cantatrice et, surtout, qui l'a planté là dans la nuit et pourquoi ?".

Fred Vargas s'attèle alors à nous présenter une palette de personnages dont certains inspirés d'elle-même et de son propre frère.

La cantatrice au succès passé, le mari stoïque, la belle voisine attachante, la nièce de la cantatrice mais, surtout, le quatuor de voisins enquêteurs.

C'est parce que Marc, médiéviste, est dans la merde depuis quelques temps qu'il recherche des compagnons de misère afin de louer une grand baraque en ruine voisine de la maison de la cantatrice. L'homme est alors rejoint par d'autres personnages aussi miséreux que lui. Matthias est préhistorien, Lucien est spécialiste de la 1ère Guerre mondiale et Armand est l'oncle de Marc et ancien flic déchu après des circonstances pas très claires.

Chacun, dans son domaine, est un habitué des enquêtes, des fouilles, de la recherche d'indices, bref, les personnages parfaits pour trouver le meurtrier de la cantatrice.

Ce sont d'ailleurs ces personnages qui sont le point fort du roman. Leur relation inhabituelle est le centre du livre mais aussi la raison de l'attachement aux personnages et l'occasion de moments drôles et touchants.

Heureusement, d'ailleurs, car le début du livre est un peu laborieux et qu'une fois le hêtre planté, il ne se passe pas grand chose pendant près de la moitié du livre.

Après le meurtre de Sophia Siméonidis et l'arrivée de sa nièce, les choses se décantent un peu et l'enquête peut alors débuter. Pourtant, Vargas ne donne aucun indice au lecteur, lançant la suspicion sur chaque protagoniste ou presque pour perdre le lecteur et lui révéler de façon très brutale le meurtrier dans les dernières pages.

Dommage, ou pas, car il y avait matière avec ses personnages loufoques et originaux. Le vieil oncle ne semble pas avoir les cuisses propres mais pourtant, le lecteur sent qu'il est honnête et qu'il sait ce qu'il fait, malheureusement, il est le seul à le savoir et c'est un manque pour le lecteur. En parallèle, les attirances entre certains des miséreux et la cantatrice, la voisine ou la nièce, brouillent un peu les pistes et aussi la lecture.

Je rajouterais, également, quelques répétitions un peu gênantes comme les "dit Marc", "dit Mathias", "dit Lucien"....

Pour autant, dans l'ensemble le roman est plutôt agréable à lire malgré un début un peu lent et une fin un peu brusque mais grâce à des personnages originaux et attachants.

Au final, "Debout les morts" n'est probablement pas le meilleur des romans de Fred Vargas et il faudra que je m'attelle à un autre livre pour me faire une vraie idée de la plume de l'auteur. Pour autant, on devine déjà le goût de Fred Vargas pour des personnages décalés et loin du stéréotype usuel des enquêteurs de romans policiers. "Debout les morts" est donc une première approche intéressante mais pas totalement convaincante. Doit faire ses preuves !