Comme il est parfois difficile d'expliquer pourquoi l'on a aimé ou pas un roman sans en dévoiler un peu trop pour ceux et celles qui ne l'ont pas encore lu, mais envisageraient de le faire, je vais dès à présent déconseiller la lecture de cette chronique à ceux-ci.
« Chasses à l'homme » est le premier roman de Christophe Guillaumot, policier de son état. Rien d'étonnant, dès lors, de se retrouver devant un roman policier.
La légende prétend que l'auteur aurait écrit ce roman à 38 ans en 4 mois. Pourquoi préciser 4 mois ? Est-ce un évènement si rare d'écrire un roman en quatre mois qu'il faille le préciser ? Je ne le pense pas, mais passons un peu au livre.
Chasses à l'homme : En plat du jour, le bœuf-carotte peut se consommer très relevé : pimenté, avec une madone des sleepings... peu ragoûtant, sous le scalpel du légiste... indigeste, assaisonné aux pruneaux de gros calibre... saignant, cuisiné par les polices concurrentes... Mais gare aux plats du jour qui se mangent froids, comme la vengeance ! Laissons-nous entraîner dans cette traque... noire ! Orfèvre en matière d'enquêtes, l'auteur n'épargne au lecteur ni les angoisses du métier ni les risques à payer. À ce prix... élevé, les bons sentiments de la police donnent la meilleure des littératures policières.
La quatrième de couverture est assez énigmatique, trop, sans doute, et, s'il n'y avait eu que cela, je ne me serais pas intéressé à ce livre. Seulement, voilà, il y a la jaquette. Rien de génial, me direz-vous, d'autant que je remarque tout de suite qu'il s'agit d'une photo truquée. Premièrement, parce que la tête du type devant ne va pas bien sur le corps, que le brassard « police » semble avoir été rajouté, ainsi que la main et le flingue du type en arrière-plan. Mais surtout, je reconnais la photo utilisée pour ce montage, celle issue d'un film que j'adore, « The Chaser » de Na Hong-Jin.
Pourquoi utiliser cette image ? Est-ce fait avec l'accord des producteurs du film ? On se doute que le brassard est là pour faire plus « français », du coup, on se dit que la gueule de l'acteur sur la photo faisait trop asiatique pour l'éditeur.
Bref, passons maintenant au livre lui-même.
Christophe Guillaumot fait débuter son roman dans un lieu qu'il connait bien, un commissariat. Le lecteur fait alors la connaissance du Lieutenant Caramany, beau gosse, sympa, entouré du Major Léognan, un flic qui ne pense qu'à bouffer, donc qui est gros et dégueulasse et Yvan Sarras, un gardien de la paix, beau gosse également.
Mais très vite, le commissaire Wuenheim, de l'IGS, débarque. Quand un bœuf-carotte entre dans un poulailler, ce n'est pas pour couver des œufs, mais plutôt pour faire des omelettes avec ceux des coqs.
Caramany est accusé de viol par une prostituée, l'IGS est là pour le coffrer. Le lieutenant ne peut alors compter que sur son supérieur, le commissaire Saint-Hilaire.
Premier problème, la fille de Saint-Hilaire est l'épouse de Wuenheim.
Deuxième problème, le corps d'une femme est découvert dans la cave de Caramany.
Troisième problème, le corps se révèle être celui de la femme de Saint-Hilaire qui a disparu depuis 17 mois.
Enfin, dernier problème pour Caramany et non des moindres, il est retrouvé assassiné sur les lieux de rendez-vous avec Saint-Hilaire.
Le début d'une traque noire, d'un traquenard, s'engage avec pour cible le commissaire Saint-Hilaire qui n'aura, pour seul soutien, qu'une call-girl embauchée pour le charmer, mais qui va tomber amoureuse de lui.
Sous des dehors complexes, l'enquête se révèle, au final, plutôt banale, à cause de nombreux clichés que je ne cesse de dénoncer.
Mais avant les clichés, la bonne idée presque originale du départ du roman. Dès le début, on pense que l'on va suivre les pérégrinations de Caramany. Ce dernier a pris la fuite pour prouver son innocence, mais il est retrouvé assassiné. Du coup, c'est Saint-Hilaire le véritable héros du roman.
Pour le reste, beaucoup de stéréotypes qui n'empêchent pas totalement le plaisir de lecture, mais qui l'atténuent fortement.
Les flics sont, soit beaux gosses et tombent toutes les gonzesses, soit ils sont gros et dégueulasses.
Saint-Hilaire fait passer son boulot avant sa famille. Sa femme s'est barrée sans donner signe de vie, sa fille lui en veut.
Wuenheim n'est pas un flic méchant, mais trop rigide et il a le képi trop près des oreilles.
Bref, les retournements de situation sont plutôt attendus et même la révélation finale est assez fade (même si on ne perçoit pas forcément qui est l'assassin). C'est d'ailleurs une fin assez peu crédible, se faire autant suer pour si peu de choses.
Au final, malgré une écriture correcte, mais loin d'être transcendante, cette traque est un peu trop terne (plutôt que noire) pour laisser des souvenirs impérissables aux lecteurs.