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Loto Édition
26 mai 2013

La petite marchande de prose

 41466149« La petite marchande de prose » est le troisième opus de la saga « Malaussène » écrite par Daniel Pennac.

Benjamin Malaussène est à la tête d'une famille aussi atypique que touchante puisqu'il est chargé de l'éducation et de subvenir aux besoins de ses frères et sœurs que sa mère a la fâcheuse tendance à lui confier pour replonger aussitôt dans les bras d'un autre homme.

Dans « La fée carabine », le lecteur avait quitté la famille Malaussène à la suite d'une nouvelle naissance, la mère étant revenue enceinte, comme à son habitude. En plus de Thérèse, Clara, Jérémy et « le petit », Benjamin avait alors à subvenir aux besoins de Verdun, la petite dernière, ainsi nommée par Jérémy, parce qu'elle était née le jour de la mort de papi Verdun, un petit-vieux que la famille Malaussène avait hébergé et qui avait la particularité de raconter ses histoires de guerres, le soir, à toute la tribu.

Verdun est ce genre de bébé à vous vriller sans cesse les tympans. La famille Malaussène doit ses malheurs et ses bonheurs à la police puisque l'inspecteur Van Thian est le seul à parvenir à calmer Verdun au point de devenir sa nounou attitrée et que la mère Malaussène a aussitôt disparu pour partir à Venise avec l'inspecteur Pastor.

On retrouve donc toute la tribu, le chien Julius compris, quelques mois plus tard. Clara, enceinte, a prévu de se marier avec le directeur d'une prison révolutionnaire de 40 ans son aîné, au grand dam de son frère Benjamin.

Dans le même temps, Benjamin, toujours bouc émissaire pour le compte des éditions Talion, accepte la proposition de la reine Zabo, directrice des éditions, qui veut en faire le visage public de JLB, un auteur à succès que le public n'a jamais vu et qui connaît un léger fléchissement des ventes. Mais, ce coup publicitaire n'est pas du goût de Julie, la petite amie journaliste de Benjamin et celle-ci claque la porte et se barre.

On commence à connaître Benjamin, du moins si on a lu la saga depuis le premier opus et l'on sait qu'il va lui arriver plein de malheurs, comme d'habitude. Pourtant, Daniel Pennac va encore plus loin et plonge ses héros encore plus dans la mouise puisque, dès les premières pages, Saint-Hiver, l'amoureux de Clara, est assassiné dans sa prison le jour même du mariage. Julie se fait la malle. Benjamin reçoit une balle en pleine tête le jour de la présentation au public du dernier ouvrage de JLB. Quelqu'un assassine toutes les personnes ayant accointance avec les éditions Talion.

AVT_Daniel-Pennac_5984Si l'on rajoute que Julie est soupçonnée du massacre, que le chien Julius fait sa crise d'épilepsie habituelle, que la reine Zabo est la cible du tueur, ou de la tueuse, que le vrai JLB n'est pas forcément celui que l'on croit, que Benjamin Malaussène, dans le coma, est la cible d'une bataille entre deux médecins, l'un désireux de le débrancher, l'autre voulant le conserver dans son état, que toute la famille craint pour Benjamin sauf Thérèse qui reste persuadée que son frère mourra de sa belle mort à 93 ans...

Daniel Pennac complexifie son histoire en mélangeant plusieurs trames qui finiront, bien évidemment, par se rencontrer.

La situation étant plus loufoque que les précédentes, notamment du fait que Benjamin prend une balle entre les deux yeux, sans compter ce qu'il va lui arriver ensuite, en tant que lecteur, j'ai eu un peu plus de mal à m'attacher à cette intrigue qui se terminera, à coup sûr, par la résurrection du héros (sachant que Daniel Pennac a écrit trois autres opus, il faut bien que Benjamin survive).

L'alternance de l'intrigue et des chapitres d'informations est également sujette à discussion, cela apporte-t-il quelque chose ou bien cela ne fait-il qu'affaiblir le rythme de l'histoire ?

De plus, ce roman se focalise un peu plus sur les personnages les moins attachants (Julie, Zabo, Loussa) et délaisse un peu trop les personnages forts (Benjamin, Verdun, Van Thian...).

Certes, le style de Pennac est toujours présent et toujours aussi agréable et jouissif, pour autant, je pense que ce troisième opus n'est pas le meilleur. Mais ne faisons pas trop la fine bouche, il est certain que si je n'avais pas lu avec autant de plaisir les deux premiers, j'aurais bien plus apprécié ce troisième. Mais, après « Au bonheur des Ogres » et « La fée carabine », on devient exigeant et l'on a envie de retrouver l'excellence de ces deux premiers romans. Ors, force est de constater qu'au point de vue des personnages, on est un peu en deçà, avec les nombreux chapitres dédiés à Loussa, la reine Zabo, le tueur...

Benjamin est en retrait et, du coup, le plaisir de lecture est moins grand et l'extravagance des évènements passe alors moins bien.

Au final, pris indépendamment des premiers épisodes de la saga, « La petite marchande de prose » est un excellent exercice de style relevé par un auteur ayant une plume indéniablement savoureuse et mettant en scène des personnages très attachants, mais dont les principaux sont un peu en retrait au profit des personnages un peu plus faibles.

Par contre, si on le lit après les deux premiers opus, il y a de fortes chances que l'on soit légèrement déçus tant les deux premiers épisodes mettaient la barre très haut à tous les points de vue (style, humour, personnages...)

Mais, on doit reconnaître à cette histoire d'être un peu plus complexe que les précédentes, ce qui compense un peu les quelques faiblesses.

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