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Loto Édition
16 juin 2013

Code 93

Code_93_hdLes policiers devenus écrivains sont de plus en plus nombreux, par exemple, Christophe Guillaumot, dont je vous ai déjà parlé pour son roman, « Chasse à l'homme », Jean-Marc Bonnel, Éric Oliva, Yves Desmazes et bien d'autres. 

Les anciens flics reconvertis en écrivain de talent ou, du moins, reconnus sont plutôt rares. On pourra évidemment citer Roger Borniche, mais quid de la relève ?

Dès à présent, je n'hésiterais pas à citer Olivier Norek, ancien flic ayant passé 15 ans à la PJ de la Seine-Saint-Denis, et auteur d'un premier roman très prometteur : Code 93.

Code 93 : Coste est capitaine de police au groupe crime du SDPJ 93. Depuis quinze ans, il a choisi de travailler en banlieue et de naviguer au cœur de la violence banalisée et des crimes gratuits. Une série de découvertes étranges, un mort qui ouvre les yeux à la morgue, un toxico qui périt par autocombustion, l'incite à penser que son enquête, cette fois-ci, va dépasser le cadre des affaires habituelles du 9-3. Et les lettres anonymes qui lui sont adressées personnellement vont le guider vers des sphères autrement plus dangereuses… Écrit par un lieutenant de police, Code 93 se singularise par une authenticité qui doit tout à l'expérience de son auteur ; cette plongée dans un monde où se côtoient aménagement urbain et manipulations criminelles au sein des milieux politiques et financiers nous laisse médusés.

Qui est le mieux placé pour parler de la police qu'un policier ? Personne, c'est en tout cas ce que je me dis en visionnant un film d'Olivier Marchal. Maintenant, j'en viens à la même conclusion après avoir lu Olivier Norek. Les deux Oliviers ont donc ce double point commun d'avoir été policier et de maintenant, parler de la police au travers d'un art.

Dans les deux cas, le spectateur et le lecteur sont plongés dans un monde policier ultra réaliste, dans lequel les flics ne sont pas des surhommes, mais des êtres humains comme les autres avec leurs forces et leurs failles.

Policier jusque dans les tripes, Olivier Norek se refuse à jouer dans la cour habituelle du « thriller à l'américaine » porté par un flic indestructible ou déjà détruit. Pas de flic dépressif, pas de flic alcoolique, pas de justicier sans peur et sans reproche, juste des hommes. Ce côté humain est vrai jusque dans l'horreur la plus ultime.

Et de l'horreur, « Code 93 » n'en manque pas. Plus encore, le roman débute dans une horreur sans nom avec Bébé Coulibaly, un géant black retrouvé le corps criblé de balles et les testicules savamment extraits. Problème, alors que le médecin légiste entame l'autopsie devant le Capitaine Victor Coste, l'hercule noir se réveille au premier coup de scalpel. Le pull troué de balles et ensanglanté qui le recouvrait ne lui appartient pas et son état de mort apparente n'était dû qu'à un produit qu'on lui avait administré. Mais le pull et le sang conduisent rapidement la police vers un deuxième corps, bien mort celui-là et qui semble avoir succombé à une autocombustion.

Ces deux cas très particuliers attirent les médias ; il est difficile alors de les passer sous silence et il semble que ce soit la volonté du tueur. En parallèle, Victor Coste reçoit des messages anonymes pointant des crimes qui, eux, ont été passés sous silence.

Alors que les meurtres vont se succéder, Coste va se rendre compte que ses propres services ne sont pas totalement irréprochables, que le tueur a peut-être bien une bonne raison pour justifier ses actes et que quelque chose qui le dépasse se trame dans l'ombre.

olivier-norekL'intrigue démarre comme un véritable « thriller » avec des crimes à la fois horribles et étranges, un tueur en série énigmatique et sadique, des flics parfois à la limite de la loi... Pourtant, Olivier Norek parvient à s'éloigner de ces poncifs en leur donnant une portée très humaine, probablement inspiré par ce qu'il a réellement vécu puisqu'il avoue, lui-même, que 80 % de son récit est tiré de sa vraie vie et de ses propres enquêtes.

Mais le réalisme est surtout de mise dans la relation entre les policiers. Pas d'individualisme, les flics œuvrent en équipe et, quand l'un fait un faux pas, c'est tout le groupe qui vacille.

Durant toute la lecture on ne peut s'empêcher de s'imaginer être dans un film d'Olivier Marchal tant l'ambiance entre les œuvres des deux personnages est semblable et, surtout, qu'elle sonne vraie.

Le lecteur est immergé dans ce monde sombre de la police dans lequel se débattent des hommes et des femmes qui font leur maximum pour faire leur boulot et protéger la veuve et l'orphelin, mais qui, parfois, peinent à réussir, la faute aux circonstances, à une vie de famille dissolue, à une hiérarchie obnubilée par les statistiques, les chiffres et les taux d'élucidation.

Victore Coste est un personnage écorché par la vie, mais qui s'accroche et ne sombre pas. Malgré les malheurs qui l'ont frappé, il ne se laisse pas abattre et l'on sent l'optimisme poindre dans le personnage.

L'auteur n'évite pas les passages obligés (comme la relation difficile entre Coste et la femme médecin légiste), mais a la bonne idée de ne pas en faire trop et de la laisser en filigrane de l'histoire.

C'est façon de ne pas en faire trop, excepté dans les crimes, est d'ailleurs le point fort du roman. Olivier Norek ne cherche pas à en mettre plein la vue à tout prix et choisit de demeurer dans les clous d'un réalisme fort à propos.

Si l'histoire peut sembler compliquée, Olivier Norek nous démontre qu'elle est pourtant très simple et qu'elle est à portée humaine.

C'est la relation entre les flics, avec l'arrivée d'une nouvelle venue dans l'équipe, qui anime de façon très agréable le cours de l'histoire. Olivier Norek sait rendre ses personnages attachants et sait créer une véritable relation entre eux, tant dans les réactions de chacun que dans les dialogues à la fois incisifs et réalistes.

Mais Olivier Norek n'oublie pas qu'il écrit un roman et non un documentaire sur la police et il parvient à trouver une plume agréable et une structure narrative cohérente. Le lecteur est happé par cette histoire, par le style, par les personnages et ne décrochera qu'il aura pris en pleine poire le point final de l'auteur.

Au final, « Code 93 » est un roman très prometteur qui laisse présager un bon avenir littéraire à son auteur. D'ailleurs, l'éditeur de son premier roman lui en a commandé un second qu'Olivier Norek a déjà commencé à écrire et il semblerait que l'auteur ait déjà l'idée de son troisième roman. Dans tous les cas, si, comme l'on peut s'y attendre, l'écrivain s'améliore au fil de ses ouvrages alors, on peut espérer que d'excellents romans suivront ce premier très bon roman.

Pour finir et pour mieux comprendre l'auteur et le livre, deux petits liens vers des interviews écrites et une en vidéo d'Olivier Norek :

Interview 1

Interview 2

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