Mapuche
Caryl Férey est un jeune auteur français qui aime voyager et aime faire voyager ses lecteurs tout en leur apportant des informations sur la vie et les douleurs de la population au sein de laquelle il place ses histoires.
Après l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie... le voilà qu'il embarque en direction de l'Argentine avec, pour ambition, de nous en dire un peu plus sur les saloperies qui s'y sont déroulées pendant la dictature militaire et depuis.
Pour ce faire, Caryl utilise deux personnages principaux : Jana, une jeune femme Mapuche, une ancienne tribu d'Indiens opprimés, et Ruben, un détective qui lutte pour le souvenir des opprimés de la dictature dont il a été victime enfant, avec son père et sa sœur et dont il est le seul survivant des trois .
Mapuche : Jana est Mapuche, fille d’un peuple indigène longtemps tiré à vue dans la pampa argentine. Rescapée de la crise financière de 2001-2002, aujourd’hui sculptrice, Jana vit seule à Buenos Aires et, à vingt-huit ans, estime ne plus rien devoir à personne. Rubén Calderon aussi est un rescapé, un des rares « subversifs » à être sorti vivant des geôles clandestines de l'École de Mécanique de la Marine, où ont péri son père et sa jeune sœur, durant la dictature militaire. Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective pour le compte des Mères de la Place de Mai, Rubén recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature, et leurs tortionnaires... Rien, a priori, ne devait réunir Jana et Rubén, que tout sépare. Puis un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d'un travesti, « Luz », qui tapinait sur les docks avec « Paula », la seule amie de la sculptrice. De son côté, Rubén enquête au sujet de la disparition d’une photographe, Maria Victoria Campallo, la fille d’un des hommes d’affaires les plus influents du pays . Malgré la politique des Droits de l'Homme appliquée depuis dix ans, les spectres des bourreaux rôdent toujours en Argentine. Eux et l'ombre des carabiniers qui ont expulsé la communauté de Jana de leurs terres ancestrales...
Le roman débute promptement avec un crime sordide à souhait qui laisse présager un Caryl Férey de bon augure.
Mais, après ce meurtre, Férey tente de présenter son personnage Ruben, les raisons pour lesquelles il est devenu détective et pourquoi il consacre sa vie à la recherche d'enfant disparus pendant la dictature .
Le problème, lorsque l'on tente de mettre en place une histoire méconnue, de la part des lecteurs français, ou du moins de ma part, c'est que l'on risque d'être quelque peu rébarbatif.
Et c'est malheureusement le cas assez rapidement et, après une bonne entame, je commence à déchanter. Les pages se suivent et se ressemblent, se lisent sans plaisir, mais, comme je n'en suis pas à mon premier roman de Férey, je m'accroche, me disant que la suite sera meilleure.
Heureusement, c'est le cas, mais j'étais à la limite de décrocher et de refermer le livre. Cependant, la suite est plus rythmée, plus plaisante à lire même si à force de vouloir appuyer sur le fait que la Mapuche souffre d'un énorme complexe sur son manque de sein, son grand traumatisme, qui est rien comparé à celui du détective, l'auteur finit par en faire trop.
Ceci mis à part, Caryl parvient enfin à mettre en place ce qui a fait son succès, du sang, du sombre, du glauque, du très glauque. L'auteur est sadique avec ses personnages et ce n'est pas dans ce roman qu'il va commencer à changer... quoique .
Au final, même si Mapuche est loin d'être le meilleur roman de l'auteur et bien que la première partie est un peu rébarbative, Caryl Férey nous offre un dépaysement total avec cette histoire et nous plonge en surface, dans les méandres sauvages de l'histoire récente de l'Argentine.