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Loto Édition
15 novembre 2015

Le mystère de la chambre jaune

 38-Mystere-de-la-Chambre-Jaune200Gaston Leroux est un auteur incontournable de la littérature française. Rouletabille est un personnage resté dans la mémoire collective, souvent adapté au cinéma, dont « Le Mystère de la Chambre Jaune » est la toute première aventure.

Mais avez-vous déjà lu une aventure de Rouletabille ? Moi, jusqu'à il y a peu, non !

J'avais bien regardé l'adaptation de ce roman par Bruno Podalydès avec Denis Podalydès dans le rôle du jeune reporter (pas si jeune dans le film puisque l'acteur de 40 ans interprète un personnage qui, dans le roman, à moins de 18 ans), mais je ne m'étais jamais penché sur le livre.

C'est avant tout parce que je suis devenu totalement accro du personnage de Toto Fouinard, de Jules Lermina (passionné au point de rééditer l'intégrale de la série et d'acheter à prix d'or les épisodes qui me manquaient pour cela) et qu'en vantant les qualités de ce jeune personnage j'entendais parfois les lecteurs faire une relation avec Rouletabille, que j'ai décidé d'enfin découvrir ce jeune reporter.

C'est désormais chose faite et, le moins que je puisse dire, c'est que j'en suis circonspect.

S'il n’était pas étonnant que, Jules Lermina, pour développer le personnage de Toto Fouinard, ce soit inspiré quelque peu de celui de Rouletabille - puisque la première version du « Mystère de la chambre jaune » a été publiée en 1907 et le premier épisode des aventures de Toto Fouinard en 1908 -, les deux personnages sont tout aussi éloignés que les styles des auteurs.

Alors, certes, les deux personnages ont quelques points communs, dont la petite taille, le jeune âge, l'intelligence, la perspicacité et la fronderie, leurs aventures sont pourtant très différentes.

c12455_1Là où Jules Lermina nous propose un personnage éminemment sympathique, extrêmement positif, qui se défoule dans des aventures trépidantes et drôles dont la concision renforce le plaisir de lecture (chaque épisode fait environ 20 000 mots, ce qui correspond à la moitié d'un petit roman), Gaston Leroux développe, du moins dans ce premier opus, un personnage qu'il est assez difficile d'apprécier tant son mutisme et sa suffisance sont omniprésents et lui nuisent.

Mais c'est également la lenteur du récit et la volonté de l'auteur d'étirer son histoire qui renforcent l'ennui.

Effectivement, cette intrigue qui s'étale sur plus de 400 pages aurait pu se contenter de la moitié (voire moins encore) sans que cela soit gênant, bien au contraire.

Car, pour rallonger toute la sauce, il faut la diluer et, donc, on en perd forcément le goût. Certes, il faut remettre les choses dans leur contexte avec ce texte écrit en 1907, dans le style de l'époque, et une politique éditoriale probablement qui favorisait sûrement les romans longs pour satisfaire les lecteurs et se démarquer d'une littérature plus populaire (dont fait partie Toto Fouinard).

Mais c'est là où le bât blesse, car, en étant bien plus concis, Gaston Leroux aurait pu faire de son personnage un héros charismatique ce que n'est pas, au fond, Rouletabille, du moins dans sa toute première aventure.

La gêne est renforcée par une histoire pas si extraordinaire que cela contrairement à ce que laissait penser l'intrigue de base.

Effectivement, avec un presque meurtre en huis clos, la chambre de la jeune femme, dont le meurtrier n'a pu s'échapper puisque porte et fenêtres étaient fermées de l'intérieur et que plusieurs personnes se tenaient de l'autre côté de la porte quand le presque crime a eu lieu, on aurait pu s'attendre à une solution, si ce n'est fantastique, du moins, un peu plus recherchée.

Oui, car, et c'est là qu'il vous faut arrêter votre lecture si vous avez l'intention de lire ce livre, conclure, et à juste titre, que la seule solution est que la victime connaît son meurtrier et veut préserver son anonymat est déjà un constat de faiblesse, mais que le futur mari de la victime, soupçonné du presque meurtre de celle-ci, se taise aussi alors qu'il connaît également le meurtrier, et cela, au risque d'être condamné et que sa future femme soit tuée, voilà qui est à la fois trop simple et trop simpliste. Edgar Alan Poe nous avait habitués à mieux en la matière dans « Double assassinat dans la rue Morgue » ou Conan Doyle dans « La bande tachetée » mettant en scène le célèbre Sherlock Holmes.

Mais là, entre une intrigue finalement bien pauvre, un personnage qui se veut, par moment, aussi antipathique que l'illustre Sherlock Holmes, sans en avoir le charisme et pas assez sympathique, le reste du temps, pour emporter l'adhésion du lecteur, Gaston Leroux nous livre un roman et un personnage incroyablement bien surcoté alors qu'il souffrirait de la comparaison à bien des titres avec le généreux et attachant Toto Fouinard.

Malheureusement pour ce dernier et pour son auteur, Toto Fouinard est retombé dans l'anonymat (du moins jusqu'à ce que OXYMORON Éditions décide de rééditer ses aventures) alors que Gaston Leroux et Rouletabille, eux, sont passés à la postérité. Comme quoi les destins sont parfois étranges.

Au final, une grande déception que la lecture de ce livre, car je pensais que Rouletabille serait un personnage aussi attachant que celui de Toto Fouinard. Malheureusement, ce n'est pas le cas et, si l'on devait choisir les aventures d'un des deux détectives, sans hésiter, je sauterais sur celles de Toto Fouinard plutôt que sur celles de Rouletabille.

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