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Loto Édition
20 juillet 2016

Apprentissage de l'édition numérique

DroopyIl peut être étonnant de parler de « apprentissage » de l'édition numérique lorsque l'on sait que cela fait déjà plusieurs années que je me suis lancé dans cette aventure.

Je dis « JE », mais je parle d'OXYMORON Éditions, une petite maison d'édition, à la base, papier, devenue également numérique au cours du temps, voilà plus de trois ans.

Effectivement, nos premiers ebooks se sont retrouvés en librairie le 28 décembre 2012 et depuis je fais en sorte de proposer régulièrement de nouveaux livres et de nouvelles collections avec, pour mot d'ordre, le meilleur ePub possible pour un prix modique et le tout sans DRM ni tatouage.

Depuis trois ans et demi, j'ai passé des heures et des heures à maîtriser le codage des ePubs afin de pouvoir proposer un livre numérique le mieux codé possible, sans aucun code « parasite », puisque entièrement codé à la main et non converti, comme certains éditeurs le font, avec un logiciel quelconque.

De cet apprentissage en est résulté mes articles de la catégorie « Passe ton Code » parce que j'ai également la volonté de partager mon expérience avec les gens qui passent sur ce blogue.

En plus de proposer des prix bas (la majeure partie des livres numériques du catalogue est à 0.99 euro pièce), de proposer des ePubs avec des codes purs, sans aucun DRM (à la base, car je le répète, certaines plateformes de revente en rajoutent après coup), j'offre régulièrement le premier opus des séries que j'édite ou réédite afin de permettre aux lecteurs de découvrir des personnages et des auteurs sans même avoir à débourser un seul centime.

Ce choix de gratuité a permis à des milliers de lecteurs de découvrir « Wan & Ted » de KAMASH, « Toto Fouinard » de Jules Lermina, « Marius Pégomas » de Pierre Yrondy et, en ce moment, de faire la connaissance avec « Odilon Quentin » de Charles Richebourg.

Bien sûr, outre l'envie de faire connaître les personnages et les auteurs que l'on met en avant, on espère que les lecteurs vont aimer ce qu'on leur propose et acheter les autres opus pour leur plaisir et nous remercier. Mais, au moins, je ne vous cache pas que j'espérais que les lecteurs ayant bénéficié gracieusement de certains textes, prendraient le temps de laisser un commentaire sur le livre, soit sur notre site comme nous le proposons par l'intermédiaire de quelques lignes à la fin de chacun de nos ouvrages, soit sur la librairie dans laquelle ils se sont procuré le livre ou, encore mieux, par l'intermédiaire d'un article sur un blogue ou une fiche sur des sites de lecteurs.

Malheureusement, malgré les milliers de bénéficiaires de cette démarche de gratuité, force est de constater que très très très peu prennent le temps de commenter leur lecture.

Chaque critique résonne pourtant en moi comme un remerciement. Voilà, j'ai planché, avec ma Canelle, pendant des heures pour retravailler un texte ou pendant des dizaines et des dizaines d'heures à en écrire un, et, sans espérer une pluie d'éloges, j'attends tout de même un retour, même mitigé, même négatif (tout ne peut pas plaire à tout le monde), mais une réaction qui te fait penser que quelqu'un a apprécié ou détesté ton travail, mais qu'il y a au moins porté une certaine attention.

Pourtant, force est de constater qu'il n'en est rien... ou presque.

Des lecteurs prêts à passer une heure à écrire une critique sur le dernier livre d'un auteur réputé, qu'ils ont acheté à un prix d'or (les gros éditeurs ne se gênent pas pour proposer des ePubs à plus de 10 euros) et dont ni les auteurs ni les éditeurs n'ont besoin d'un commentaire supplémentaire, il y en a pléthore.

Mais des lecteurs capables de prendre 5 minutes pour laisser trois lignes d'appréciation sur un livre qu'ils ont pu lire gratuitement, grâce au travail d'un éditeur consciencieux, désireux de proposer des prix abordables pour des ePubs ciselés sans DRM, il y en a peu, très peu, beaucoup trop peu.

Plusieurs milliers de lecteurs ont pu découvrir gratuitement « Toto Fouinard », l'attendrissant petit détective parisien grâce au tout premier épisode proposé gratuitement et il faut fouiller Internet pour trouver seulement deux avis, un sur un site marchand et un sur un blogue. C'est vraiment très peu et surtout très décourageant.

Décourageant d'user autant de temps et d'énergie pour proposer de bons textes. Décourageant de baisser les prix à moins d'un euro pour permettre aux gens de lire sans se ruiner. Décourageant d'offrir certains textes pour que les lecteurs découvrent des personnages et des auteurs sans rien débourser. Décourageant de lutter contre les DRM...

Alors, bien sûr, ici, les lecteurs numériques sont nombreux à venir faire un tour sur ce blogue... mais c'est uniquement pour trouver des réponses à leurs questions sur leurs liseuses en panne, pas pour donner leur avis sur tel ou tel livre.

De même, depuis trois ans, des milliers de lecteurs ont pu découvrir mes personnages de « Wan & Ted » grâce au fait que j'ai mis à disposition gratuitement la première de leurs enquêtes.

En retour ? Quatre commentaires sur un site marchand. Deux élogieux, deux beaucoup moins, mais, au moins, ils ont laissé un avis. Pour autant, les quatre me satisfont, déjà, parce qu'ils ont le mérite d'exister et ensuite parce que les critiques sont compréhensibles et dues au fait que j'ai cherché à proposer quelque chose d'original qui peut très bien ne pas séduire certains lecteurs. Quand bien même ils ne seraient réellement pas bons, peu m'importe du moins que l'avis soit sincère.

La collection « Odilon Quentin », la toute dernière mise en place, réussi l'exploit d'avoir poussé deux lecteurs à laisser un commentaire sur Amazon.fr, merci à eux, et des commentaires très sympathiques en plus (la série le mérite, croyez-moi). Mais, deux commentaires, sur prêt de 2 500 lecteurs, le ratio est mauvais, très mauvais.

Bien évidemment, à aucun moment je ne me suis attendu à ce que tous les lecteurs fassent l'effort de récompenser la gratuité d'un titre en laissant un commentaire, mais la démarche et les textes concernés méritent bien plus qu'un ratio de 1 pour 1250.

Du coup, vous me décevez beaucoup. Ho, pas toi, qui es en train de me lire, puisqu'il y a peu de chance que tu sois un des lecteurs dont je parle (tu n'en es pas un ? Alors précipite-toi pour le devenir et, surtout, n'oublie pas de laisser un commentaire après lecture), mais toi, là-bas, qui passe sans me voir, qui télécharge un livre, un texte, parce qu'il est gratuit, qu'il ne coûte rien, qui le lit, probablement, du moins faut-il l'espérer et qui, peut-être bien, l'apprécie et qui préfère prendre du temps pour commenter le dernier livre de Maxime Chattam ou d'Olivier Norek, acheté à 12 euros en numérique, pour dire la même chose que les 150 autres lecteurs qui ont déjà commenté ces livres avant toi, plutôt que de consacrer quelques minutes pour récompenser un auteur, un éditeur, un livre, que tu as pu découvrir et aimer sans rien débourser du tout.

Quelle est donc la réflexion qui peut t'amener à te dire que, parce qu'il est gratuit, mon livre ne mérite pas que tu en parles ? Si tu l'avais payé 10 euros, le même roman te donnerait-il envie d'en parler ? Mais s'il valait 10 euros, tu ne l'aurais pas acheté, ne connaissant ni l'auteur ni l'éditeur puisque, toujours selon ta réflexion, il est normal qu'un auteur réputé et qu'un gros éditeur te fasse payer à prix d'or un ouvrage numérique qui ne lui coûte rien et qui, en plus, est parfois très mal codé, juste pour tenter de limiter l'essor de la lecture numérique qui pourrait grignoter le pactole que représente pour l'éditeur, l'impression et la distribution des livres papiers, par rapport à celui du monde du numérique.

Non, parce que, ne sois pas naïf, l'auteur réputé pour lequel tu prends de ton temps pour commenter le livre après avoir dépensé beaucoup d'argent pour l'acheter, lui, il s'en fout de ton commentaire. Il ne s'y intéresse pas, ne le lit pas et, pire, n'en a même pas besoin. Bon, là, j'exagère un tout petit peu puisque Olivier Norek a lu, ici, mon article sur son premier livre et m'en a même remercié dans son second roman. Mais bon, à part lui, qui le fait ? Et encore, il s'agissait là de son tout premier roman. Au cinquième ou sixième, il n'en fera plus cas, comme les autres.

Pourtant, tu continues à commenter les livres de ces auteurs, et pas les miens. C'est un peu comme si tu étais prêt à filer un billet de 50 euros à Bill Gates ou Donald Trump, mais que tu refusais de refiler la pièce au clochard au coin de ta rue. Cela semble bien ridicule, mais c'est exactement ce que tu fais.

Alors bien sûr, toi qui lis mes propos, tu te dis : « Ce gars semble bien blasé ! ». Bah, ouais ! Je suis blasé. Il y a de quoi, non ? Mince alors ! Je bosse comme un Turc pour gagner moins qu'un Chinois, avoir la reconnaissance d'un Roumain, être pris pour un Américain...

Blasé, parce que je bosse sans compter pour vous proposer des textes oubliés, ou inédits, d'une qualité littéraire indéniable, je participe à la sauvegarde du patrimoine culturel de notre beau pays, à la reconnaissance d'auteurs qui n'ont pas eu la chance de persister dans la mémoire des lecteurs alors qu'ils le méritaient, de vous proposer des formats qui n'ont plus cours, car plus courts, de remettre au goût du jour les œuvres des grands illustrateurs de l'époque et toi, tu vas commenter Musso, Lévy, Bussi, Chattam, Grangé, Thilliez...

Bon, OK, je comprends bien pourquoi tu commentes les livres de ces auteurs. Tu les as achetés hors de prix, normal que tu te sentes obligé de dire ce que tu en penses. Mais que cela ne t'empêche pas de commenter aussi les livres que tu ne paies pas cher ou que tu as même obtenus de façon gratuite. Mince, alors !

Blasé, oui ! Mais, ne t'inquiète pas, toi, le lecteur anonyme, qui ne commentes jamais les ouvrages que je propose. Même si tu ne te donnes pas la peine d'écrire quelques lignes à propos de ce que tu en as pensé, je continuerais à me donner la peine pour te proposer les meilleurs livres possible pour que tu puisses passer d'excellents moments avec des auteurs qui le méritent.

D'ailleurs, j'ai déjà perdu trop de temps à écrire cet article, il est temps, pour moi, de replonger dans le monde merveilleux de la littérature populaire policière pour aller à la pêche aux bons textes policiers d'antan. 

Allez, je te laisse, mais, fais un effort, la prochaine fois que tu lis un des livres de mon catalogue, laisse un commentaire, sur le site marchand, sur mon site, sur ton blogue, ça me fera toujours plaisir. 

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