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Loto Édition
29 janvier 2017

Fièvre au Marais

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Tout comme Frédéric Dard et son San-Antonio, Léo Malet et son Nestor Burma se sont avérés, pour moi, des valeurs sûres. Sûres, car, même dans les intrigues les moins intéressantes, le style suffit à me procurer un minimum de plaisir littéraire, ce qui n’est pas le cas de biens des romans actuels.

Fièvre au Marais : Par un printemps pourri, Nestor Burma connaît des difficultés financières qui l’obligent à se rendre chez le prêteur sur gages Jules Cabirol. Mal lui en prit, car il retrouve son cadavre. Pendant qu’il contemple des fenêtres de l’appartement le  Palais Soubise, qui abrite les Archives Nationales, il s’avoue que l’usurier, être retors et sans une once d’humanité, n’a pas volé son assassinat, en témoigne un ours en peluche qu’il voit parmi les marchandises saisies par le mort. S’il était capable de prendre en gages le jouet d’un enfant... Pendant que Burma déleste Cabirol d’une partie de son argent, il se fait assommer. Quand il revient à lui et entrouvre les yeux, il devine la présence d’une jeune fille dans l’appartement à une jolie paire de jambes gainées de nylon qui ont tôt fait de déguerpir. Quand le détective parvient à se remettre sur pied, il constate que le rouge à lèvres qui colorait les lèvres du mort n’y est plus : la jeune femme est revenue pour le faire disparaître. Burma répond machinalement au téléphone qui sonne à ce moment et qui le met sur la piste de Maurice Bardoux, étudiant qui mène des recherches aux Archives nationales. De fil en aiguille, il se rapproche de la clé de l’énigme. Quelques jours plus tard, la jeune fille rend visite au détective pour s’expliquer et se disculper. Il ne la livre pas à la police, car le coupable aurait très bien pu être un malfrat, mort depuis, qui détestait Cabirol.

Ils sont rares, les auteurs qui parviennent à vous subjuguer par leur prose, surtout de nos jours. Léo Malet en fait indéniablement partie (du moins dans le genre « policier » qui est le seul qui me donne envie de lire), au même titre qu’un Frédéric Dard, Daniel Pennac ou Pierre Desproges dans son unique roman.

Il faut bien avouer que dans les polars à succès actuels, il est rare de s’arrêter sur le style de l’auteur ou sur ses personnages tant le premier est suffisamment plat pour ne pas exclure certains lecteurs et tant les seconds sont quasi interchangeables.

Heureusement, dans un jadis plus ou moins lointain ou bien en cherchant du côté des auteurs un peu plus obscurs, on peut dénicher de véritables plumes et se délecter de certaines tournures de phrases.

Ces auteurs vous offrent alors la certitude de toujours trouver quelque chose d’intéressant dans leur livre, même quand l’histoire ne vous passionne pas et que les personnages ne sont pas très attachants (ce qui n’est pas le cas des écrivains dont la plume n’est pas franchement identifiable).

Mais là, Léo Malet nous offre non seulement un style, mais également un personnage très intéressant que ce Nestor Burma. Aussi, si l’histoire tient bien la route, c’est le jackpot assuré.

Et c’est le cas dans « Fièvre au Marais »

Alors que Léo Malet nous fait montre de son talent dès les premiers paragraphes à travers certaines tournures, certaines phrases, et que le lecteur connaît le potentiel du personnage principal (à moins de découvrir Nestor Burma à travers ce roman), il a également l’intelligence, en quelques mots, de pardonner les agissements de son héros (il vole l’argent du mort) et de justifier le laxisme dont il fera montre tout au long de l’enquête pour rendre la justice à travers la simple évocation de cet ours en peluche trônant sur une étagère du prêteur sur gages (un homme capable de prendre en gages la peluche d’un enfant de pauvres est forcément un salaud).

S’en suivent alors les pérégrinations de Nestor Burma pour, à la fois, trouver un client afin d’être payé et de trouver le coupable, pour sa propre satisfaction sachant que tout tournera, Burma oblige, autour d’une jolie poupée.

Le premier titre de ce roman, « L’ours et la culotte » était bien plus évocateur que « Fièvre au Marais », en reprenant les deux symboles de cette aventure (j’ai évoqué la peluche, je vous laisse découvrir le rôle de la culotte, cela pourrait vous surprendre).

Pour le reste, du Nestor Burma pur jus avec un personnage drôle et attachant, qui sait mettre l’éthique de côté quand il le faut, qui encaisse des gnons (c’est l’une de ses spécialités), et finit toujours par trouver le fin mot de l’histoire, ce qui mènera le lecteur au mot « Fin », de l’histoire.

Au final, quand l’histoire est bonne, sachant que le style de l’auteur et le personnage le sont toujours, alors, le lecteur est promis à un bon moment littéraire, c’est encore une fois le cas avec ce roman.

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