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Loto Édition
5 août 2018

Tu mourras vendredi

CouvOQ45

45e et avant-dernière enquête du commissaire Odilon Quentin qui va terriblement me manquer par la suite.

Odilon Quentin est un commissaire de police qui a 25 ans de carrière, à la carrure et la posture d’un marchand de bestiaux et a pour particularité d’adorer exercer en chef d’orchestre depuis son bureau plutôt que de se rendre sur le terrain, même s’il le fait de temps en temps.

Le personnage est né de la plume de Charles Richebourg, un auteur énigmatique qui a œuvré principalement pour les éditions Ferenczi et presque exclusivement pour la collection « Mon Roman Policier », dans les années 1950.

Pour cette collection, il n’a déployé qu’un seul personnage, le fameux Odilon Quentin (il a créé un second personnage récurrent pour quelques titres de la collection « Mon Roman d’Aventures ».)

La série (qui était noyée, à l’époque, dans les plus de 500 titres de la collection) comprend 46 titres. 

TU MOURRAS VENDREDI : Alors que le commissaire Odilon QUENTIN craint, en ce début d’été, d’être en vacances forcées, il est soulagé quand son patron lui demande de mener une enquête, même officieuse, sur le décès d’un homme qui a succombé à une forme du choléra. S’il est assez rare que cette maladie se déclare de façon isolée, c’est surtout la découverte d’un curieux message dans la poche du défunt qui engendre quelques doutes quant à l’aspect « naturel » de la mort. Celui-ci consiste en un morceau de papier sur lequel sont collées des lettres découpées dans un journal formant la phrase : « Tu mourras vendredi ».

J’ai déjà fait la remarque plusieurs fois, au cours de la série, et notamment dans le titre précédent, de la volonté de l’auteur de se présenter en tant que chroniqueur judiciaire et de se différencier de l’écrivain en général. Cette volonté marquée (que l’on ressentait, de toute façon, dans l’écriture de chaque épisode, même quand elle n’était pas signifiée), est-elle née de la contrainte du fascicule 32 pages (moins de 10 000 mots) afin d’expliquer et de justifier le manque de digressions, de circonvolutions, de fausses-pistes, de chausse-trappes, et autres artifices de romanciers ou bien tout simplement inhérentes à une déformation professionnelle d’un magistrat, policier ou autre s’étant reconverti dans l’écriture, je ne sais point. Même si, le talent de plume et de conteur évident de l’auteur fait pencher la balance vers la première solution, l’apparente connaissance du milieu qui transpire des récits, la ferait plutôt pencher vers la seconde.

Toujours est-il que, dans tous les cas, les enquêtes d’Odilon Quentin sont à la fois rudement bien menées, sans jamais sombrer dans les ornières tracées par les contraintes du format, tout en offrant au lecteur une impression que l’auteur sait de quoi il parle.

Comme toujours, Odilon Quentin fait face à des crimes à échelle humaine, bien souvent nés de la misère (misère sociale, morale, financière, sentimentale...).

Cet épisode n’échappera pas à cette habitude et c’est tant mieux, car c’est ce qui rend le policier et, souvent, les criminels qu’il arrête aussi touchants, le fait qu’ils soient juste des hommes et des femmes avec leurs qualités et leurs défauts.

Cette fois-ci, Odilon Quentin doit enquêter de manière officieuse sur un crime qui n’en est pas officiellement un. Un homme est mort d’un choléra subit, et le permis d’inhumer a été signé par le médecin et le médecin-légiste. Mais, quand l’infirmière s’occupe de regrouper les affaires du mort, elle découvre dans la poche de son manteau un message fait de lettres découpées dans un journal et collées sur un bout de papier qui sonne comme une sentence : « Tu mourras vendredi ».

Le patron d’Odilon est persuadé qu’il s’agit d’un crime prémédité alors que le commissaire trouve que la méthode du crime, si crime il y a, et ce curieux message entrent en contradiction. Assassiner quelqu’un en le rendant malade pour que le crime passe inaperçu et soit considéré naturel, ne correspond pas avec l’envie de menacer la future victime et la prévenir qu’elle va mourir.

Mais Odilon Quentin est tellement heureux d’échapper à des congés (il déteste ne pas être à son bureau), qu’il va se lancer dans l’enquête le cœur en fête.

C’est toujours agréable de retrouver ce bon vieux commissaire Odilon Quentin, mais la tristesse s’amplifie en réalisant qu’après cette enquête, il n’en restera plus qu’un seul à dévorer.

Tristesse, car, malgré mon goût pour les romans courts et, notamment, pour les fascicules 32 pages, j’ai rarement trouvé un auteur qui excellait dans ce format tant les contraintes sont nombreuses et difficiles à contourner. Les plus prolifiques auteurs s’y sont essayés, les meilleurs également (Léo Malet, Georges Simenon, Louis Thomas Cervoni) et, si certains sont parvenus à rendre copie agréable, peu, très peu, quasiment aucun, n’est parvenu à tout simplement exceller... à part Charles Richebourg avec son commissaire Odilon Quentin.

Je lie le personnage à son auteur, car je pense que la réussite de cette série tient autant aux qualités de plume de son auteur qu’à la simplicité, la rusticité et le pragmatisme de son personnage. 

Simple à décrire, en quelques mots, Odilon Quentin devient immédiatement sympathique et ses caractéristiques demeurent dans l’esprit du lecteur.

Humain, tant dans sa personnalité que dans son métier, le policier est de suite apprécié.

Les crimes qu’il a à résoudre étant eux aussi humains, ils sont bien moins extravagants que les horribles tueries perpétrées par les tueurs inventés par les auteurs d’aujourd’hui et, du coup, ne nécessitent pas que l’on s’étende outre mesure sur l’assassin, ni sur son crime, ni sur les circonstances de celui-ci ou bien les motifs.

En quelques mots, tout est expliqué, compris et c’est bien normal, car tout demeure à notre échelle.

Et c’est tout simplement la qualité première de cette série et de ses 46 enquêtes.

Au final, un avant-dernier épisode qui est tout aussi savoureux que tous ceux qui l’ont précédé. 

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