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Loto Édition
9 septembre 2018

Sans pitié ni remords

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Nicolas Lebel est un auteur dont je ne sais pas grand-chose (mais je ne semble pas le seul dans ce cas-là) et dont je n’ai pas envie d’en savoir plus, non pas que je n’aime pas cet auteur, mais tout simplement, comme je l’ai souvent dit, qu’un auteur ne m’intéresse que par ses écrits.

« Sans pitié ni remords » est le troisième opus d’une série autour de personnages récurrents : le capitaine Merhlicht, un avorton à tête de grenouille, aux yeux globuleux, aux cheveux rares, au teint verdâtre, fumeur invétéré, râleur impénitent, misogyne et empreint de biens d’autres défauts plus par habitude ou pour poser une barrière entre lui et les autres que par malveillance.

Il est entouré de Dossantos, un flic bodybuildé qui ne vit que pour son métier. Son corps, il le façonne pour être plus efficace, et son esprit est obnubilé par le Code Pénal dont il connaît chaque alinéa par cœur.

Sophie Latour, une jeune fliquette à la rousseur flamboyante, une des rares femmes positives de la série, mais qui est toujours légèrement en retrait.

Le commandant Matiblout, un fonctionnaire qui n’a de but que d’éviter les ennuis, et qui espère toujours refiler les dossiers épineux à un autre service.

Carrel, l’imposant médecin légiste à l’humour aussi noir que son appétit est grand.

Puis, Jacques Morel, un personnage récurrent qui ne récurera plus rien puisqu’il est mort d’un cancer à la fin de l’épisode précédent : « Le jour des Morts ».

Sans pitié ni remords : 9 novembre, cimetière du Montparnasse. Le capitaine Mehrlicht assiste, en compagnie de son équipe, aux obsèques de son meilleur ami, Jacques Morel. Quelques heures plus tard, il se retrouve dans le bureau d’un notaire qui lui remet, comme « héritage », une enveloppe contenant un diamant brut. Il s’agit de l’un des yeux d’une statue africaine, le Gardien des Esprits, dérobée dix ans auparavant lors du déménagement du Musée des arts africains et océaniens, que Jacques avait supervisé, et recherchée depuis par la « Police de l’Art ». Merlicht prend un congé et son équipe se retrouve sous le commandement du capitaine Cuvier, un type imbuvable aux multiples casseroles, quand les inspecteurs Latour et Dossantos sont appelés sur la scène de l’apparent suicide d’un retraité. Quelques heures plus tard, ils assistent impuissants à la défenestration d’une femme qui, se sentant menacée, avait demandé la protection de la police. Les deux « suicidés » avaient un point commun : ils travaillaient ensemble au MAOO lors de son déménagement. Ces événements marquent le début de 48 heures de folie qui vont entraîner Mehrlicht et son équipe dans une course contre la montre, sur la piste de meurtriers dont la cruauté et la détermination trouvent leur origine dans leur passé de légionnaires. Une enquête sous haute tension, dans laquelle débordent la fureur et les échos des conflits qui bouleversent le monde en ce début de XXIe siècle.

Jacques Morel est mort, donc, et, pourtant, l’auteur en fait le personnage central de cette histoire.

Après l’enterrement de son vieux pote, Merhlicht assiste à l’ouverture de son testament en présence d’un étrange flic noir.

Jacques Morel, dans son testament, en plus de ses affaires lègue à son ami un diamant... diamant qui figurait l’un des deux yeux d’une statue africaine qui a disparu il y a quelques années.

Le flic noir, Kabongo, fait justement partie du service de l’OCBC, l’Office Central de lutte contre le trafic de Biens Culturels. Il soupçonne Jacques Morel d’avoir participé au casse pendant lequel la statuette a disparu.

Merhlicht ne va alors avoir qu’un seul but : démontrer l’innocence de son défunt ami.

Pour ce faire, il va suivre tout un jeu de piste que Jacques Morel a mis en place avant sa mort, jeu mettant en œuvre des sudokus, mots fléchés, jeux d’acrostiche... qui sont censés le mener petit à petit à la réponse du mystère.

Problème, une bande de dangereux mercenaires refait surface et leur but est, apparemment, d’éliminer tous les participants au fameux casse et récupérer la statuette.

Nicolas Lebel a bien cerné les atouts de ses précédents romans et les conserve dans celui-ci.

Ainsi, bien évidemment, les personnages reviennent (même d’outre-tombe), mais également l’humour, les répliques cinglantes et les « running gags » (gag revenant périodiquement).

Le générateur de ces fameux gags, dans les opus précédents, était la sonnerie de téléphone de Merhlicht, une sonnerie sous forme de « répliques d’Audiard », « Chanson de Jacques Brel » ou, ici, de « répliques de vieux sketches ». C’est le fils de Merhlicht, un gamin de 17 ans, qui lui installe ces applications, car son père est technophobe (en plus de tout ce qu’il déteste déjà).

Évidemment, ces répliques, issues de sketches de Michel Leeb, Coluche, Desproges et autres, vont toutes tomber à point nommé et vont surtout toutes avoir des consonances racistes (du moins, quand elles sont retirées de leurs contextes), ce qui va mettre Merhlicht dans l’embarras puisqu’il va passer son temps en présence de Kabongo.

L’une des grandes forces des épisodes précédents était la relation touchante et émouvante entre Merhlicht et Morel. On se demandait comment Nicolas Lebel allait se passer de ces moments : il ne s’en passe pas, cette relation est encore omniprésente et délivre son lot d’émotions, notamment à la toute fin.

Pour ce qui est du reste, l’auteur nous livre une histoire très rythmée, plaisante à lire, qui délivre son quota d’action, d’humour et d’émotions.

Puis, il y a les petites histoires annexes qui offrent un petit plus.

Histoires qui concernent nos héros comme la relation entre Sophie Latour et un sans-papiers, dont la crainte de l’un et de l’autre est que celui-ci se fasse arrêter et reconduire dans son pays.

Histoire de Dossantos, amoureux de Latour... au point de refuser qu’elle soit malheureuse et de renouer des liens dangereux avec des relations de sa jeunesse, relations toxiques, issues d’un groupe fasciste et dont l’un d’entre eux est devenu un membre influent qui peut obtenir des papiers pour le compagnon de Latour. Mais tous les services se paient et Dossantos va payer le prix fort.

Histoire d’un père et d’un fils entre les Merhlicht, livrés à eux-mêmes après le décès de la mère, de la femme, qui laisse un grand vide dans les deux vies, deuil que chacun vit à sa manière.

Histoire, enfin, des mercenaires, d’un mercenaire, dont le passé va ressurgir petit à petit afin d’expliquer ce qu’il est devenu et ce qu’il va devenir.

C’est ce dernier point que je mettrais dans une balance sans savoir si c’est un plus ou un moins.

Je le reprochais déjà dans d’autres chroniques, les auteurs de romans policiers en devenir, ceux qui commencent à avoir du succès après un ou deux romans et qui tentent de singer leurs confrères plus aguerris, en prenant leurs tics d’écriture qui ne sont pourtant pas forcément des atouts. Ainsi je dénonçais les auteurs que j’avais appris à aimer avec leur premier roman et qui, au fur et à mesure des livres, lissaient leurs plumes et suivaient le petit guide du « l’écriture du polar pour les Nuls) en évitant les tournures de phrases complexes, les mots compliqués, mais, surtout, en se lançant dans le chapitrage alterné, mélangeant deux histoires qui vont finir par se rejoindre.

C’était le cas d’Olivier Norek, Bernard Minier et consorts... Je l’avais déjà noté dans le précédent opus de Nicolas Lebel, même si ce travers était léger (les chapitres de la seconde histoire étaient rares et courts). C’est encore le cas ici même si l’ensemble reste digeste et ne nuit pas à la lecture. Ce sera le cas, encore plus, dans le suivant, mais là, je pense que cela posera problème...

Mis à part ce détail, l’ensemble se lit avec un grand plaisir. L’histoire est intéressante, l’intrigue est bien menée, le jeu de piste intéressant à suivre, il y a du suspens, de l’humour, de l’action, de la violence, des cons (au moins un)...

La seule chose qui manque dans cet épisode, c’est la présence du stagiaire, la cible des railleries de Mehrlicht. Mais cela s’explique facilement du fait que Merhlicht est en congé, donc, ne peut avoir de stagiaire à s’occuper. 

Au final, chaque roman de Nicolas Lebel mettant en scène ses héros récurrents est encore plus agréable à lire que le précédent alors que chaque précédent était déjà agréable à lire. Qu’en sera-t-il du 4e ? La suite dans un prochain épisode !

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