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Loto Édition
27 janvier 2019

L'étrange cliente du Dr Peuget - La fleur fatale

HRW

H.-R. Woestyn est l’un de ces mystérieux auteurs de la littérature populaire de la première moitié du XXe siècle dont il est difficile d’établir une véritable biographie par le fait de n’avoir jamais réellement identifié qui se cachait sous ce pseudonyme.

Derrière celui de H.-R. Woestyn, par le recoupement des rééditions de mêmes ouvrages, sous différentes signatures, les lecteurs les plus passionnés de littérature populaire ont pu identifier d’autres pseudonymes de l’auteur : Jules France, Roger Nivès, Jacques Bellême, André Beucher, Henri Sevin...

En suivant ses différentes productions, on se rend compte que l’homme fut également traducteur des textes d’Edgar Alan Poe. Qu’il abreuva différentes collections policières et aventures de l’époque dont, notamment, la cultissime collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi, dont est issu le titre « L’étrange cliente du Dr Peuget ».

L’ÉTRANGE CLIENTE DU Dr PEUGET

Le docteur Peuget, chirurgien renommé, reçoit la visite d’une jeune femme qui lui demande de l’amputer du médium de la main droite.

Le praticien examine les phalanges – saines et normales – et refuse, prétextant qu’il n’opère qu’en cas de nécessité.

Alors qu’il revient d’un voyage de quelques jours, il apprend que son interne vient de couper le doigt, d’une dame, déchiqueté par une balle lors d’une mauvaise manipulation d’une arme.

Intrigué, le docteur Peuget ne tarde pas à se rendre compte que la fameuse patiente n’est autre que son étrange cliente…

Un célèbre chirurgien reçoit la visite d’une belle jeune femme un peu dérangée, et refuse une opération qui ne serait pas justifiée par un accident quelconque.

En revenant d’un voyage de travail, le chirurgien apprend qu’une jeune femme, suite à un accident en manipulant un pistolet, vient de se faire amputer d’un doigt dans son hôpital. Renseignements pris, il s’agit de son étrange cliente...

Est-il utile de le rappeler, la célèbre collection « Le Roman Policier », à quelques exceptions près, regroupe des fascicules de 32 pages qui contiennent des textes d’environ 10 000 mots (presque 12 000 pour celui-ci).

Avec si peu d’ampleur pour développer une intrigue et des personnages, le lecteur se doute qu’il aura affaire, de par la concision inhérente au format, à un texte dont ces deux piliers du roman policier à suspens seront, si ce n’est absent, du moins, d’une certaine faiblesse.

Ce n’est pas pour rien que les textes issus de ces séries fasciculaires se consacrent plus souvent à l’aventure qu’au suspens et que, s’ils procurent un plaisir immédiat de lecture ne restent jamais, à quelques exceptions près, dans les mémoires.

C’est une nouvelle fois le cas dans cette histoire développée par H.-R. Woestyn.

Dans un style sans envergure de bon « faiseur », l’auteur nous livre une petite histoire sans prétention qui s’inscrit dans les thèmes abordés à son époque.

Pas de la grande littérature (mais ce n’est pas ce que le lecteur cherche en se penchant sur ces productions) mais des textes qui se lisent rapidement et livrent tout aussi rapidement le nœud de l’histoire et destinés aux lecteurs les plus impatients ou bien à ceux voulant alterner les genres et les durées de leurs plaisirs papivores.

LA FLEUR FATALE

Théodore Darnal, grand amateur d’orchidées, reçoit de la part de son neveu en voyage à Saïgon, une caisse – livrée par un ami capitaine de bateau – contenant des pieds d’une orchidée très rare et vénérée au Cambodge.

Empressé de mettre en terre sa nouvelle pièce de collection, Darnal fait appel à son jardinier japonais qui, en voyant la plante, s’enfuit en poussant des cris inhumains.

Quelques jours plus tard, au petit matin, deux pigeons sont retrouvés égorgés au pied de l’orchidée, dont des fleurs étranges se sont épanouies durant la nuit… 

 Là encore, un texte bien ancré dans le style et le genre qu’affectionnait H.-R. Woestyn (même si le titre a été à l’époque signé sous le pseudonyme de Henri Nivès), qui se dirige plus vers le genre aventures et mystères que réellement policier.

Le sujet principal est d’ailleurs très ancré dans la thématique de l’époque, les colonies d’Orient, ses cultes et ses légendes, un exotisme qui était très présent dans les textes du début du XXe siècle puisque ces colonies d’Orient garantissaient le dépaysement et le voyage quand la population locale faisait figure de domestiques, de criminels mesquins ou de simples sauvages...

On retrouve donc ici, les clichés (qui seraient désormais assimilés à du racisme), sur les asiatiques.

Mais il faut lire ces textes en les remplaçant dans leur contexte et ne pas les regarder par le prisme de l’éducation actuelle.

Un collectionneur d’orchidée se voit offrir, par un neveu en voyage en Asie, une caisse d’orchidées particulières auxquelles les autochtones vouent un véritable culte.

En même temps que la caisse de plants, le capitaine de bateau et ami du neveu, lui livrant le colis, lui amène une jeune cambodgienne que l’oncle est prié d’héberger en attendant le retour du voyageur.

Empressé de planter ces orchidées, le collectionneur fait appel à son jardinier japonais, un spécialiste de ces fleurs, qui, devant les plants, devient fou et s’enfuit.

Les semaines qui suivent, certains petits matins, des animaux sont retrouvés égorgés au pied de la fameuse orchidée dont les fleurs épanouies semblent pleurer du sang...

« La fleur fatale » est issue d’une collection de fascicules de 32 pages, la collection « Le Roman Mystère » des éditions Ferenczi. Cette collection est très courte (moins de dix titres) et assez difficile à trouver.

On se retrouve donc face à un titre dépassant à peine les 11 000 mots, ce qui ne laisse pas non plus la place à l’intrigue ni au développement des personnages.

Ce sera donc plus vers le mystère et l’aventure que va une nouvelle fois se diriger l’auteur avec cette histoire d’orchidée sanglante, de cultes asiatiques et autres joyeusetés.

Comme je disais, il faut passer sur les clichés inhérents à l’époque sur les populations asiatiques. Ici, l’Asiatique, qu’il soit japonais ou cambodgien, est un Asiatique avant tout et, en tant que tel, se ressemble l’un à l’autre (comme si une norvégienne ressemblait à une portugaise). Le rôle de l’Asiatique se retrouve alors cantonné à trois rôles : le domestique, le fou sanguinaire ou le personnage discret et calme que l’on présente comme un animal dans un zoo.

Bref, hormis ces clichés caractéristiques de l’époque (même de la part de grand voyageur comme pouvait l’être José Moselli) et qui participent à dépayser, intriguer et effrayer les lecteurs, l’auteur propose une intrigue assez basique (qui tient sur le fait que tous les asiatiques...), puisque le but, encore une fois, n’est pas d’établir un suspens.

Rien de bien extraordinaire donc, dans ce court texte qui se lit pourtant agréablement et qui prête à sourire, à notre époque, de par la vision du « péril jaune » ou, tout simplement, des cultures venues d’ailleurs. Sourire ? Si les cibles changent, la méconnaissance des autres cultures, mélangée au sentiment de supériorité demeure pourtant encore aujourd’hui... Peut-être une leçon à retenir ???

Au final, H.-R. Woestyn nous propose là deux textes qui, pourtant différents par leurs thèmes et leurs genres, sont très représentatifs de la production littéraire d’une époque, en général et d’un auteur, en particulier.

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