L'orgue de barbarie
« L’orge de barbarie » est... un instrument de musique ??? Oui, merci, on le savait, mais c’est aussi, et surtout, la 13e mission de l’agent C. 25 du 2e Bureau, une femme-espionne durant la première guerre mondiale et qui répond au nom de Thérèse Arnaud.
Thérèse Arnaud est un personnage de la littérature populaire fasciculaire, créé par l’énigmatique auteur Pierre Yrondy auquel on devra, par la suite, le personnage fantasque du détective marseillais Marius Pégomas.
Dès 1934 paraît aux éditions La Baudinière, cette série de 65 épisodes en fascicules 32 pages double colonne (entre 13 000 et 15 000 mots) contant donc les aventures de Thérèse Arnaud et ses fidèles lieutenants : Friquet, le gamin de Paris ; Malabar, le costaud de la bande ; Languille, dit l’acrobate, parce qu’il est... acrobate et Marcel, le scientifique.
À eux cinq ils vont mener la vie dure aux espions de l’occupant...
L’ORGUE DE BARBARIE
Première Guerre mondiale !
Le Capitaine Ladoux, du Deuxième Bureau, charge son meilleur agent, Thérèse ARNAUD alias C. 25, de découvrir la taupe qui fournit aux services de renseignements allemands, les compositions des gaz asphyxiants créés dans l’usine de Billancourt.
Mais Thérèse ARNAUD est déjà sur cette piste, Friquet, un de ses fidèles lieutenants, ayant volé, la veille, dans les poches d’un espion ennemi des documents ayant trait à cette affaire.
En se rendant à l’entrepôt, la jeune femme ne tarde pas à repérer un joueur d’orgue de barbarie qui rôde autour du bâtiment, un détail pouvant paraître anodin si, au préalable, Friquet ne lui avait signalé avoir vu un musicien similaire croiser l’homme qu’il filait…
Comme je l’ai déjà dit dans les précédentes chroniques sur cette série, les aventures de Thérèse Arnaud ont des petits airs avant l’heure de celles de « L’agence tous risques ». Effectivement, chaque personnage a son rôle attitré respectivement à ses capacités particulières. On retrouve alors Thérèse Arnaud dans la rôle d’Hannibal Smith, Malabar dans celui de Barracuda, Friquet est une sorte de Looping, mais en plus stable psychiquement, Languille et Marcel n’ayant pas d’occurrences dans la série télévisée qui, de toute façon, n’est pas tirée de cette série littéraire, mais j’aime faire un rapprochement dans l’idée et dans l’esprit entre ces deux œuvres...
Vous aurez donc compris, par cette métaphore qui n’en est pas une, que Thérèse Arnaud est le chef de la bande, la tête pensante, celle qui n’hésite pas à se jeter dans la gueule du loup et qui fait montre d’un courage, d’une détermination et d’un patriotisme sans bornes.
Et c’est le meilleur agent du 2e Bureau dirigé par le Capitaine Ladoux (qui était le vrai nom d’un dirigeant du 2e Bureau), raison pour laquelle celui-ci demande à Thérèse Arnaud de l’aider dans une affaire incompréhensible.
À peine 8 jours après que des chercheurs aient mis au point un gaz asphyxiant dans les usines de Billancourt, l’armée allemande utilisait un gaz parfaitement similaire contre les forces françaises. Pourtant, les enquêtes ont démontré qu’aucune fuite n’était possible...
Mais Thérèse Arnaud va démontrer le contraire. D’abord en investiguant elle-même, ensuite, en lançant ses hommes sur diverses pistes... parmi lesquelles un étrange joueur d’orgue de barbarie.
Friquet, qui, déjà, avait récupéré des documents évoquant l’affaire dans les poches d’un espion et qui, suivant cet espion, l’avait vu croiser un joueur d’orgue, va à son tour se déguiser en musicien pour suivre de plus près le mystérieux personnage.
Marcel, lui, va se faire embaucher dans l’usine pour surveiller de l’intérieur.
Malabar et Languille vont eux être un peu plus en retrait.
Une nouvelle fois cette affaire d’espionnage va prendre des allures de roman d’aventures ou de roman policier étant donné que le but est de trouver le coupable d’un délit.
D’un point de vue littéraire, Pierre Yrondy est fidèle à lui-même, s’exerçant à des métaphores que certains qualifieraient de hasardeuses, mais qui démontrent la volonté de proposer un petit peu autre chose et de ne pas se contenter d’une écriture totalement plate, ce qui est renforcé par les changements de temps (du passé au présent) durant de courtes échappées et les changements de rythmes (moins fréquents ici que dans les épisodes précédents) par des phrases concises bien souvent sans verbes.
Pour autant, si le style demeure le même, force est de constater que l’histoire est un peu moins prenante qu’au début de la série, la faute, probablement, à un manque de péripéties dans l’histoire, un côté rocambolesque qui pouvaient peut-être rendre le récit moins crédible, mais qui en accroissait l’intérêt et le rythme.
De plus, bien que Friquet soit très présent, il n’a pas réellement l’occasion de faire montre de son humour si plaisant habituellement.
Au final, sans être un épisode indigeste ou raté, « L’orgue de barbarie » ne fait pas partie des meilleurs épisodes de la série, en espérant que ceux-ci ne soient pas que derrière et que dans les suivants, l’auteur aura rectifié un peu le tir.