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Loto Édition
22 septembre 2019

Mortelle canicule

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Jean-François Pasques fait partie de la longue liste des policiers s’étant reconvertis en auteurs de romans policiers.

« Mortelle canicule » est son 6e roman, si je ne me trompe.

Mortelle canicule :

Été 2003. La canicule fait rage dans Paris vidée de ses habitants. Des températures supérieures à 40 °C sont atteintes. La surmortalité explose chez les personnes âgées et les individus les plus faibles. Plus de 15 000 décès seront attribués à cette vague de chaleur. Le commandant Delestrant est chargé d’accueillir la fraîchement diplômée Victoire Beaumont. Il emmène donc la jeune lieutenant à l’institut médico-légal de Paris, où les légistes sont littéralement débordés par la situation sanitaire. Là, alors qu’un médecin entrouvre un sac à corps, l’officier renifle une odeur caractéristique d’amandes amères. Il en est certain : la jeune femme dont le corps sans vie vient d’arriver à la morgue n’est pas morte d’un coup de chaleur. Jean-François Pasques, capitaine de police, nous invite à suivre une enquête, comme si on y était, et même mieux que si on y était. On se documente, on apprend, on découvre, on se passionne ! Mortelle canicule est une formidable plongée au cœur de la police judiciaire et de la médecine légale. On dirait du Simenon, c’est dire !

Été 2003, c’est la canicule, les vieux tombent comme des mouches, et pas qu’eux, et les morgues sont débordées.

C’est dans cette chaleureuse époque que le commandant Delestrant est chargé d’accueillir une jeune fliquette et de la confronter avec le réalisme du métier. Pour ce faire, quoi de mieux qu’un passage à la morgue pour se confronter immédiatement à la mort... et pour profiter de la fraîcheur des lieux.

Mais le commandant Delestrant a du flair... à ce point qu’à l’approche d’un sac mortuaire contenant le cadavre d’une jeune femme, il sent une odeur d’amande amère significative du cyanure.

Dès lors, la mort naturelle due à la chaleur est à exclure, le policier va donc devoir découvrir s’il s’agit d’un suicide ou d’un assassinat...

Mais, comment le médecin légiste, pourtant professionnel de renom, a-t-il pu passer à côté des signes significatifs d’un tel empoisonnement ?...

Le lecteur est donc embarqué dans la moiteur d’un été torride à la découverte des circonstances de la mort d’une jeune effeuilleuse ainsi qu’à celles de la disparition du médecin légiste qui a été chargé d’examiner le corps...

Jean-François Pasques est un ancien (ou toujours en activité, je ne sais pas) policier et autant dire que c’est l’atout principal de ce roman.

Effectivement, comme bien souvent quand un policier devient écrivain, celui-ci n’hésite pas à immerger le lecteur dans un monde qu’il connaît bien ce qui renforce le réalisme de son récit.

C’est une nouvelle fois le cas avec ce roman puisque l’auteur insiste souvent sur des détails de procédures délaissés par les auteurs usuels, ce qui donne l’impression au lecteur d’être vraiment confronté à une réelle enquête.

Mais ce « réalisme » inhérent aux auteurs issus de la profession de policier, juge... n’est jamais suffisant pour faire d’un roman un bon roman, encore faut-il mettre en place une bonne intrigue, proposer de bons personnages, avoir un sens de la narration et, au minima, un style sans grandes failles.

Et c’est là que le bât blesse !

Effectivement, même si « Mortelle canicule » se lit plutôt agréablement et c’est déjà pas mal, il peine malheureusement à se hisser au rang des bons, voire des très bons romans policiers du fait de certains manques et de partis pris laissant dubitatif.

Les personnages ! Si l’auteur parvient sans soucis à les rendre crédibles, il peine, par contre, à les rendre attachants du fait du manque d’épaisseur qu’il leur accorde. Si on peut remercier l’auteur de ne pas s’appesantir sur les méfaits de la profession sur la vie de famille de ses personnages, on lui reprochera, par contre, de ne pas les fixer dans un cadre intime permettant au lecteur, non pas de s’identifier, mais, au moins, de les cerner un peu mieux.

L’intrigue ! Une intrigue assez faible, dont on devine rapidement le coupable et qui n’est pas un réel moteur pour l’intérêt du lecteur. Certes, l’auteur n’a probablement pas voulu baser son roman sur une intrigue trop échevelée, lui préférant un certain réalisme, mais un peu plus de complexité aurait été préférable.

Narration ! Même si je reproche souvent aux auteurs d’user d’artifices de narrations pour faussement rythmer leurs récits, ici, on peut dire que J.F. Pasques fait plutôt l’inverse et, quand il alterne les narrations, c’est pour développer une intrigue dont l’intérêt me laisse dubitatif.

Parti pris ! Plusieurs partis pris me laissent songeur dans ce roman.

L’intrigue autour de la disparition du légiste, par exemple ! À la fin du livre, je n’ai toujours pas compris là où voulait en venir l’auteur.

L’appesantissement à propos de la chaleur due à la canicule et ses effets mortels ! Certes, c’est le point de départ de l’intrigue, mais l’auteur insiste et insiste tant durant son roman qu’à la fin sur cette canicule et ses conséquences ! Pourquoi ? Pourquoi en faire autant ? Pourquoi en faire, surtout, trop ? Surtout 16 ans plus tard ? Peut-être a-t-il été touché personnellement par ce drame ? Je ne sais pas.

Autre point sur lequel l’auteur insiste lourdement sans que cela soit justifié ou justifiable : la mort de Marie Trintignant des mains de Bertrand Cantat. L’auteur aborde le sujet plusieurs fois au point que l’on s’interroge sur l’intérêt d’insister sur le sujet alors qu’il n’a aucune relation avec l’intrigue. Là aussi, a-t-il été touché de près par ce drame ?

Enfin, on abordera le style de l’auteur, un style un peu passe-partout, qui manque de rondeurs, de point d’accroche. Certes, ce style un peu plat peut-être voulu par l’auteur pour demeurer dans un certain « réalisme », mais il ne fait, à mon sens, que desservir l’ensemble.

Petit point que je voulais aborder également, l’intrigue, le roman, le récit, lui-même est desservi par la réflexion d’un personnage qui dit, en substance, un truc du genre « Si on écrivait les choses que l’on voit dans notre métier, personne n’y croirait tant la réalité peut surpasser la fiction... ». Dommage, j’aurais aimé, moi, que cette réalité décrite par l’auteur, dépasse la fiction et me surprenne, mais l’intrigue, malheureusement, ne flirte pas avec les sommets.

Alors, bien sûr, j’ai le clavier dur avec ce roman, mais c’est surtout parce que je pense que l’auteur pouvait faire mieux, bien mieux alors que là, il en fait déjà pas mal.

Au final, un roman qui souffre de certains partis pris, de personnages manquant d’épaisseur, d’une intrigue faible et d’un style passe-partout, mais qui a pour lui un atout primordial, celui d’un certain « réalisme » immergeant.

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