Les assassins du Grand Hôtel
Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter Nick Carter, n’est-ce pas ? Si ? Est-ce vraiment nécessaire ?
Bon, pour les trois au fond qui dorment pendant mes chroniques, je reviens donc brièvement sur la carrière de Nick Carter, le détective américain, pas le chanteur à minettes.
Nick Carter est un personnage littéraire né outre-Atlantique à la fin du XIXe siècle dont les aventures formèrent l’une des toutes premières séries policières fasciculaires et dont le succès, aussi bien dans son pays, que dans le monde entier et, surtout, en Europe, grâce à l’éditeur Eichler qui obtint les droits pour les traductions et la distribution, est à l’origine, surtout en France, de la littérature populaire fasciculaire.
Le succès fut tel, chez nous, en 1907 que l’éditeur Ferenczi décida de lancer une série directement concurrente et totalement inspirée de celle de Nick Carter : Marc Jordan. (Là aussi, le détective, pas le chanteur canadien).
Cette première incursion et premier succès dans le double domaine du policier et de la littérature fasciculaire convainquit Ferenczi de continuer sur sa lancée et il devint alors l’un des principaux pourvoyeurs de la littérature populaire fasciculaire en diffusant de très nombreuses collections comptant des centaines et des centaines de titres, employant une multitude d’auteurs dont certains sont encore dans nos esprits aujourd’hui... du moins, dans les esprits de passionnés de littérature populaire.
Voilà pour la présentation de Nick Carter. Notez simplement, en bonus, que le personnage est à l’image d’à peu près tous les personnages de détectives de la littérature populaire qui suivirent : jeune, intelligent, fort, courageux, perspicace, pugnace, entouré de quelques fidèles lieutenants.
Nick Carter vécut des centaines et des centaines d’aventures (plus d’un millier, me semble-t-il) sous différentes formes que cela soit (fascicules, cinéma, radio, télévision, bande dessinée), et ce sur près d’un siècle.
Enfin, pour ultime information, les aventures de Nick Carter sont formatées en fascicules de 32 pages, double colonne de grandes tailles contenant des textes approchant les 30 000 mots.
LES ASSASSINS DU GRAND HÔTEL
Le terrible et impitoyable Docteur Quartz et son âme damnée, la magnifique et cruelle Zanoni sont enfin en prison.
Le détective Nick CARTER, soulagé, pense goûter à un repos bien mérité, mais il est appelé en urgence pour épauler la police dans un effroyable dossier : une jeune femme a été retrouvée morte assassinée dans la chambre nuptiale du Grand Hôtel…
Sur place, Nick CARTER fait la connaissance du médecin de l’établissement, le Docteur Crystal, un homme froid et antipathique.
Sur ce meurtre semble planer l’ombre du Docteur Quartz, alors que celui-ci est sous les verrous.
Or, dans une telle affaire, un crime peut rapidement en cacher un autre…
Alors que Nick Carter a enfin mis sous les verrous l’un de ses pires ennemis, le Dr Quartz, deuxième du nom, un clone démoniaque du Dr Quartz qu’il combattit par le passé, un crime est commis dans le Grand Hôtel.
Sur place, Nick Carter découvre le corps d’une femme dans la chambre nuptiale. Son crâne est troué d’une balle en plein front.
Pourtant, le commis de l’hôtel est censé avoir appelé le Bureau Central pour annoncer un triple crime. Mais le commis nie les faits et, pourtant, très vite, Nick Carter découvre deux autres corps.
L’atmosphère qui entoure ces meurtres fait très vite penser au détective que l’ombre du Dr Quartz plane sur cette affaire. Heureusement, celui-ci est en prison... vraiment ???
C’est ce que vous découvrirez en lisant « Les assassins du Grand Hôtel ».
Rien de neuf chez Nick Carter qui est toujours confronté à des crimes mystérieux et glauques et, même quand il a réussi à arrêter le Dr Quartz, celui-ci semble toujours être dans tous les mauvais coups.
Épisode de plus de 28 000 mots qui, pour une fois, prend le temps de poser son ambiance et de faire navigue Nick Carter dans le flou.
Action quasi exclusivement en huis clos, au sein du Grand Hôtel, et intrigue qui se déroule principalement via des dialogues et des explications.
Pour autant, il faut reconnaître que même si l’on ne se trouve pas devant de la grande littérature puisque les textes sont vite écrits, vite traduits et encore plus vite publiés, cet épisode de Nick Carter, comme les autres, se lit rapidement, facilement, et offre un bon moment de lecture.
Si l’intrigue est linéaire dans son apparence, le fait que l’épisode survienne après deux autres consacrés à la lutte contre le Dr Quartz permet à l’auteur de revenir sur les intrigues précédentes, à l’aulne de la lutte entre les deux adversaires afin d’expliquer le pourquoi du comment du qu’est-ce des évènements passés dont on n’avait pas forcément saisi la globalité.
Si l’auteur avait déjà tissé sa toile sur plusieurs épisodes dans son esprit, la chose est déjà louable, s’il raccroche les éléments a posteriori, c’est encore plus fort.
Et quand l’on sait que la lutte n’est pas terminée et va encore durer au moins 5 épisodes jusqu’à celui nommé « La dernière partie du Dr Quartz » cela promet encore de bons moments de lecture.
Au final, il y a deux façons de voir la série Nick Carter : comme de la sous-littérature qui ne vole pas haut ou bien comme une littérature sans autre ambition que d’offrir d’agréables moments de lecture en utilisant toujours les mêmes ingrédients, mais à chaque fois bien dosés pour satisfaire le lecteur. Et le meilleur moyen d’appréhender la série est probablement la seconde.