L'homme de Madagascar
« L’homme de Madagascar » est le 6e épisode des enquêtes du détective Yves Michelot, un personnage développé, à l’origine, par Henry Musnik, un pilier de la littérature populaire fasciculaire du second tiers du XXe siècle, sous le pseudonyme de Florent Manuel.
Chaque titre, publié au format fascicule 32 pages (environ 8 000 mots), au sein de la collection « Mon Roman Policier » (plus de 500 titres) au tout début des années 1950.
Henry Musnik, né au chili en 1895, produisit énormément de courts titres pour les diverses collections policières et aventures de nombreux éditeurs de son époque.
Écrivant sous de nombreux pseudonymes (Jean Daye, Alain Martial, Gérard Dixe, Pierre Olasso, Pierre Dennys, Claude Ascain...), l’auteur, bien souvent, développait un même personnage récurrent pour chaque pseudonyme dans une même collection.
S’il n’a jamais brillé par les qualités de sa plume, l’enquête consistant à établir les emprunts, les plagiats ou les réécritures auxquels il s’adonnait régulièrement devient souvent plus exaltantes que celles couchées sur le papier.
L’HOMME DE MADAGASCAR
Un homme est mort, sur les quais de la Seine, la tête écrabouillée probablement écrasée par un camion.
Alors que l’inspecteur Rodier fait appel au détective Yves MICHELOT pour résoudre l’affaire, ce dernier reçoit un courrier d’une ancienne cliente pour laquelle il avait retrouvé son frère installé à Madagascar. Elle prévient de sa visite dans l’après-midi.
Mais la vieille dame est étranglée dans sa chambre d’hôtel avant d’avoir pu se rendre au rendez-vous…
Un homme est mort, la tête écrabouillée, sur les quais de la scène. Si, au départ, tout laisse à penser à un accident, le fait que tout ait été fait pour que le corps ne soit pas identifiable, ne laisse aucun doute sur le crime.
Alors que l’inspecteur Rodier demande au détective Yves Michelot de l’aider sur l’enquête, ce dernier reçoit un courrier d’une ancienne cliente pour le prévenir de sa visite.
Mais la femme est assassinée.
Deux morts, deux affaires à mener en parallèle, cela n’effraie pas Yves Michelot.
Cependant, un troisième corps est rapidement retrouvé une balle dans la tête et Yves Michelot et là encore mandé.
Trois corps, trois enquêtes... mais si, finalement, tout cela ne formait qu’une seule et même affaire.
On retrouve donc Yves Michelot dans une très courte enquête (à peine plus de 7 300 mots).
Une telle concision, bien évidemment, interdit toute intrigue développée et empêche d’étoffer les personnages.
Pour autant, l’auteur parvient à glisser trois affaires qui vont rapidement se rejoindre, et propose une histoire qui se lit vite et bien.
Le lecteur y trouve donc son compte pour peu qu’il ait eu conscience, dès le départ, des limites d’un tel format.
On sait que l’auteur avait l’habitude de réécrire des titres qu’il avait développés pour une série afin de l’intégrer dans une autre, ou bien de traduire des titres anglais pour les utiliser à son compte ou, encore, de fortement s’inspirer d’autres titres de ses homologues français.
Parfois, un détail dans le texte original indique la source de l’emprunt. Ainsi, quand l’auteur réutilise un texte écrit pour la série « Commissaire Lenormand » signé Gérard Dixe pour en faire un « Yves Michelot », il lui arrive d’oublier de remplacer un « commissaire » par détective, ou le nom de Séguin, l’aide du commissaire, par Claudin, l’assistant du détective.
Ici, l’indice peut-être probant est que Michelot est appelé, à un moment, « Benoît ».
Mais difficile à préciser s’il s’agit d’une simple erreur (difficile à imaginer tout de même) ou, encore, de savoir d’où vient l’emprunt si emprunt il y a.
Il existe bien des « enquêtes du Commissaire Benoît » écrites par Géo Duvic, au milieu des années 1940, mais est-ce là une piste à suivre ???
Difficile à dire sans posséder et lire tous les titres de la série.
Affaire à suivre, donc.
Au final, une petite enquête sympathique qui se lit agréablement, mais dont l’enquête parallèle consistant à savoir si celle-ci est née d’un emprunt, d’un plagiat, d’une réécriture et de quel titre est bien plus exaltante... pour peu que l’on s’intéresse à des choses aussi insignifiantes pour la majorité des lecteurs.