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Loto Édition
1 décembre 2019

La Dent de la Rancune

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Bon, je sens que je vais encore me faire un ami avec la critique de « La Dent de la Rancune », un roman de Pascal Tissier.

Pascal Tissier entre dans la longue liste des policiers, gendarmes et autres, s’étant reconvertis dans l’écriture de romans policiers.

Cette reconversion apporte parfois du bon (Olivier Norek, par exemple), parfois du mauvais (no comment) et souvent du mitigé.

Je ne saurai dans laquelle de ces trois catégories placer Pascal Tissier ! Pas dans la première, c’est évident, pas dans la seconde, c’est tout aussi évident, du coup, probablement... assurément dans la troisième.

Car, « La Dent de la Rancune » est un roman qui me laisse profondément perplexe.

La Dent de la Rancune :

Novembre 2015. Au cours de la tentative d’arrestation d’un meurtrier yougoslave, la commandante Alysa d’Argens se fait enlever par ce dernier, qui la laisse blessée et inconsciente auprès de leur voiture calcinée. L’investigation du véhicule qui en découle met en évidence la corrélation entre l’analyse génétique du sang de la jeune policière et celui prélevé sur une vieille hostie d’une trentaine d’années, mise au jour dans l’église de Beaune-le-Froid, en Auvergne, lors d’un violent orage. La jeune enquêtrice va tenter de découvrir l’origine de ce lien, aidée par son adjoint Mathias Venat et l’abbé auvergnat Boris Falque. Pourchassée par les services de la Sécurité Intérieure et d’anciens terroristes, les indices vont l’amener à plonger dans son passé trouble. Pourquoi ce silence autour de son enfance et de ses parents, surtout autour de son père qu’elle n’a pas connu ? Qui sont réellement ses grands-parents ? Qui veut l’empêcher de découvrir la vérité et attenter à la vie de ceux qu’elle rencontre ?

Perplexe ! Voilà quel est le mot qui vient immédiatement à mon esprit à la fin de la lecture de ce roman.

Perplexe, car, si j’ai bien failli interrompre définitivement ma lecture en cours de route, pour des raisons que je vais développer par la suite, je me suis un instant retrouvé happé par l’intrigue afin de, finalement, me retrouver fort déçu par la résolution de celle-ci et, surtout, dubitatif.

Mais revenons aux raisons qui faillirent me pousser à couper court à cette découverte.

Passer du statut de policier à celui d’écrivain de romans policiers, c’est un peu comme passer de footballeur professionnel à celui d’entraîneur de football, l’expérience liminaire n’est pas suffisante à assurer les qualités nécessaires pour performer dans sa seconde vie, mais cela reste tout de même une base solide sur laquelle s’appuyer.

Mais, le policier, au moment de travailler de sa plume ou de son clavier, est, au final, confronté aux mêmes écueils que tout un chacun : avoir une histoire à raconter n’est pas un gage de savoir la raconter si ce n’est excellemment, tout du moins correctement.

En clair, on a beau avoir des idées, de l’expérience, rien ne vous garantit de posséder une réelle plume et un vrai sens narratif.

Mais, pour peu que l’ancien policier (gendarme, juge d’instruction...) possède à minima ces deux qualités, la profession première lui permettra d’apporter un certain sens du réalisme, en plus de nombreuses idées.

Bien souvent, le petit plus des écrivains issus de la police (gendarmerie...) c’est ce petit côté immersion dû à l’impression que l’auteur sait de quoi il parle.

Ici, je ne remettrai pas vraiment en cause cet aspect « réalisme » bien que le roman n’en soit pas vraiment empreint.

Effectivement, l’auteur ne s’attarde pas réellement sur les détails de procédure, sur les techniques de la police scientifique ou sur les craintes et les contraintes des hommes et femmes de la profession.

Reste alors à savoir si Pascal Tissier sait manier sa plume et possède un certain sens de la narration.

Je serai tenté de dire plutôt oui.

Plutôt, car, si je n’ai rien à reprocher à la plume de l’auteur qui, sans faire dans l’exceptionnel, ne souffre réellement d’aucun défaut notable, et s’il affirme un sens de la narration, ce serait plutôt le choix du système narratif, même, que je pourrais critiquer.

Malheureusement, cette critique pourrait concerner une trop grande partie de la production policière littéraire actuelle et s’inscrit un peu dans ce que j’appelle régulièrement le respect de la bible des auteurs d’aujourd’hui : « L’écriture de romans policiers pour les Nuls ».

Dans cette fameuse Bible, que je n’ai jamais lue, je devine qu’il y a des commandements (sont-ils 10 ?) que chaque auteur s’y réfère, se contraint de respecter en fidèle croyant qu’il est.

Ces commandements, je les imagine tels que suit :

1 – Un seul Dieu tu honoreras, le Dieu Best-Seller

2 – Trop complexe, ta plume, tu ne feras

3 – Tes personnages, beaux, seront et un passé trouble les traumatisera

4 – Une scène de sexe à tes lecteurs tu devras

5 – La linéarité du récit tu abhorreras

6 – Plusieurs histoires tu entremêleras

7 – Pleins de mystères, ton récit, tu parsèmeras

8 – Le suspens au mépris du réalisme tu préféreras

9 – Sur 600 pages ton récit tu étireras

10 – Ton héros à la fin gagnera

Bon, bien sûr, contrairement à la vraie Bible, même le meilleur croyant n’est pas obligé de respecter tous les commandements, mais il faut bien avouer que les auteurs actuels de romans policiers, du moins ceux mis en avant et susceptibles d’avoir du succès, en respectent une bonne partie.

En ce qui concerne l’auteur pointé du doigt et le roman en question, on peut dire que celui-ci fait carton plein... ou presque, il n’a pas respecté le 9e commandement.

Car, sinon, à part cela, tout y est.

L’héroïne est belle et désirable et a été élevée par ses grands-parents dont le grand-père est atteint d’Alzeihmer et placé en maison de retraite. Sa mère est morte quand elle était toute petite, elle ne connaît pas son père.

Le curé, le second personnage principal, est lui forcément beau et attirant.

Et, bien qu’il soit curé, il est attiré par la belle héroïne qui, elle, est attirée par le beau curé, bien qu’il soit curé... Devinez ce qu’il va se passer ? Commandement N° 4.

Les commandements 5 et 6 sont également respectés à travers des chapitres courts alternant entre passé, présent, l’histoire de la fliquette, celle du curé, celle d’une femme en fauteuil roulant, celle d’un autre curé...

Le 7 ? L’histoire ne manque pas de mystères, il faut bien l’avouer et c’est bien cela qui m’a fait continuer ma lecture alors que j’allais baisser les bras. Effectivement, avec une ostie imbibée de sang découverte dans une église après des intempéries, et les analyses, on s’attend à ce que l’intrigue vire au thriller ésotérique. Quand le sang est en lien avec la fliquette, on ne sait pas à quoi s’attendre, mais les tueurs, l’intervention de l’évêché, des services secrets... laissent supposer un complot diabolique à échelle mondiale dont les tenants et les aboutissants pourraient changer la face du monde... Sans compter les révélations sur le grand-père, le tonton, le père... qui posent plein de questions auxquelles on n’aura pas forcément les réponses (ou bien je les ai loupées)...

Et c’est la résolution de l’intrigue qui laisse perplexe et où l’on est tenté de se dire : « Tout ça pour ça ??? », car, après tant de temps, on a du mal à penser que les divers protagonistes puissent être aussi inquiets (oui, je reste vague pour ne pas déflorer l’intrigue).

Et, enfin, pour le 10... vous avez deviné...

Alors, oui, le roman, après m’avoir ennuyé, du fait de ces personnages clichés, de la stupide attirance, de l’inévitable scène de sexe (prude, sur le papier, mais qui n’a aucun intérêt et je serais presque tenté de dire aucune crédibilité) est parvenu à me captiver suffisamment pour que je continue ma lecture grâce aux promesses d’une intrigue à base d’ésotérie, de complot mondial et de pleins de choses, avant de me stupéfier par le dénouement, l’incompréhension des actes de chacun en vue des enjeux, et l’absence de réponses à certaines questions ou sous-intrigues...

Au final, une lecture en dent-de-scie qui se termine de façon décevante. Dommage, il y avait pourtant de belles promesses en cours de route et l’auteur démontre qu’il a un certain potentiel à condition qu’il abandonne la fameuse Bible. Mais, en même temps, les auteurs qui la respectent ont souvent du succès, alors ?... Entre me plaire à moi et plaire au plus grand nombre, je crois que le choix est vite fait.

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