L'énigme sanglante
Henry de Golen (1882 - 1944) est un auteur de littérature populaire qui œuvra également dans la littérature d’investigation via des articles de journaux et des essais.
L’œuvre de l’auteur laisse à penser qu’il était très attiré par la science médicale en général et par tout ce qui a attrait à la démence, en particulier.
Une part non négligeable de sa production fut destinée aux collections fasciculaires des années 1920 et 1930 et, notamment, celles, policières, des éditions Ferenczi.
Dans ces collections, on y retrouve dans au moins une demi-douzaine de titres, éparpillés dans leurs éditions originales ou dans leurs rééditions, au sein de trois collections : « Le Roman Policier » au début des années 1920, « Police » et « Police et Mystère », au cours de la seconde moitié des années 30, mettant en scène un même personnage, le brigadier Poncet qui, au cours de ses enquêtes sera promu au grade d’inspecteur principal.
« L’énigme sanglante » est une des enquêtes de ce personnage, probablement la dernière, du moins dans l’ordre d’édition.
L’ÉNIGME SANGLANTE
Paris ! La France ! L’Europe ! Le Monde entier est en émoi, le magnat de la finance, le banquier milliardaire, l’homme responsable de la ruine de milliers de boursiers et d’entreprises, celui qui a accumulé des décennies durant les inimitiés, les hostilités, les menaces de mort, est retrouvé le crâne défoncé dans le bureau de son immeuble ultra-protégé…
L’inspecteur PONCET, chargé de cette délicate enquête, ne sait où donner de la tête tant les personnes abhorrant la victime sont nombreuses.
Il faut rajouter à cette longue liste, la femme du défunt qui le détestait, son fils qui lui vouait une haine certaine dont la disparition est suspicieuse et les deux fidèles serviteurs hindous introuvables depuis la découverte du corps…
Et si le coupable était tout simplement à chercher du côté de ceux qui n’avaient aucun intérêt dans ce décès ?
Simon Lobstein le milliardaire, le terrible banquier détesté de tous les boursicoteurs, les financiers, les entrepreneurs, pour avoir fait leurs ruines, est retrouvé le crâne défoncé dans son bureau se situant dans son immeuble ultra-protégé.
L’inspecteur Principal Poncet, chargé de l’enquête, va alors s’atteler à étudier les alibis de chacune des personnes ayant eu intérêt à la mort du magnat et elles sont très nombreuses, depuis ceux qu’il a ruinés jusqu’à sa femme, en passant par son fils...
Mais les jours passent et la liste des suspects possibles se réduit comme peau de chagrin.
Henry de Golen convie le lecteur à sa version du fameux « crime en chambre close » auquel tout bon auteur de roman policier s’est essayé à un moment ou à un autre de sa carrière.
Tout comme d’autres avant et après lui (Edgar Alan Poe, Conan Doyle, Gaston Leroux, Agatha Christie, John Dickson Carr...) Henry de Golen imagine un crime qui ne peut avoir lieu du fait de l’impossibilité du criminel à pénétrer dans la pièce où a eu lieu le crime et à en ressortir sans laisser de trace et sans que personne ne le remarque.
Mais là où certains ont proposé des résolutions extravagantes, décevantes, et complexes, Henry de Golen, lui, va développer une solution finalement assez simple... peut-être trop simple.
Je ne peux en dire plus même si l’auteur nous livre quelques éléments dans son récit, afin de ne pas déflorer l’intrigue, mais cette solution, à l’aulne des connaissances actuelles, semble bien peu crédible...
Ce court roman, un peu plus de 20 000 mots (fascicule de 64 pages), est décomposé en deux parties de tailles à peu près équivalentes.
La première présente le futur défunt, les inimitiés et les haines qu’il s’est forgé durant sa carrière, son caractère, les menaces qui planent autour de lui ainsi que toutes les précautions prises par le personnage pour se prémunir contre ceux qui pourraient attenter à sa vie.
Elle se termine par la mort du financier.
La seconde met en scène l’inspecteur principal Poncet et son enquête jusqu’à sa résolution.
Ce plan de construction du roman, s’il n’est pas innovant en soi, n’est pourtant pas une habitude dans les récits concernant Poncet. Poncet qui est d’ailleurs assez peu présenté en dehors de son travail alors que dans les autres ouvrages le concernant, il est souvent fait mention de sa femme, par exemple.
On notera également que Trêves, qui apparaît dans la plupart des enquêtes, est ici totalement absent.
De là à penser que « L’énigme sanglante » est une réécriture opportuniste d’un autre titre afin de l’intégrer dans une autre collection ou chez un autre éditeur, comme il était assez fréquent de la part des auteurs de l’époque, il n’y a qu’un pas.
Avec un personnage principal à peine détaillé et une résolution d’enquête qui s’étale sur à peine plus de 10 000 mots (puisque la moitié du roman est dévolu à la vie et la mort du banquier), on se doute que l’intrigue ne va pas être extraordinaire. Elle l’est d’autant moins que la solution apportée est décevante.
Pour autant, Henry de Golen parvient à proposer un roman agréable à lire bien qu’on n’y retrouve pas vraiment ses marottes habituelles (quoi que la principale est un peu évoquée, mais ironiquement).
Si l’on pouvait reprocher, dans certains autres titres de la série, à l’auteur, de trop verser dans le roman sentimental, il n’en est rien ici et on le regretterait presque, finalement, tant Poncet prenait de l’épaisseur de par sa relation avec sa femme...
Au final, un roman agréable à lire, qui jure un peu avec les autres mettant en scène le même personnage, mais qui n’en est pas moins plaisant.