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Loto Édition
21 juin 2020

Le fou de Bergerac

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Le commissaire Maigret est l’un des personnages les plus connus de la littérature policière avec Sherlock Holmes, Hercule Poirot et quelques autres.

Ses enquêtes ne cessent de ravir les lecteurs depuis près de 90 ans, assurant gloire, argent et postérité à Georges Simenon, l’auteur qui, en plus de proposer un personnage atypique et attachant, mit en place une ambiance propre à sa série, servie par une plume des plus agréables.

Le commissaire Maigret, en plus des 75 romans et 28 nouvelles de Simenon, vécut des adaptations cinématographiques très rapidement (dès 1932 alors que la première enquête date de 1931), puis télévisuelles (dont une japonaise que Simenon loua pour l’actrice jouant Mme Maigret).

Le fou de Bergerac :

Maigret va passer quelques jours en Dordogne, chez son ami Leduc, commissaire à la retraite. Dans l’express de Bordeaux, il est intrigué par le voyageur installé dans la couchette au-dessus de la sienne. Lors d’un ralentissement, ce dernier saute du train ; le commissaire le suit et est grièvement blessé par le fuyard qui tire dans sa direction. Hospitalisé à Bergerac puis installé à l’hôtel d’Angleterre, il apprend que plusieurs crimes sadiques viennent d’être commis et qu’il a été la victime de celui qu’on appelle le « fou de Bergerac ». Puisqu’il est immobilisé dans son lit, c’est Mme Maigret qui interroge pour lui les suspects...

Maigret prend le train de nuit pour se rendre chez un ami. Dans la couchette au-dessus de lui, un étrange personnage passe son temps à geindre, pleurer, puis se lève, attache ses chaussures et profite d’un ralentissement du train pour sauter en marche. 

Intrigué, Maigret, sans réfléchir, saute à son tour. Mais il est rapidement touché par une balle. Il se traîne jusqu’à une ferme et est amené à l’hôpital pour y être soigné par un docteur qui ne lui revient pas. Il est alors pris pour « le fou de Bergerac », un détraqué qui a déjà agressé et assassiné d’une aiguille en plein cœur deux femmes de la région.

Transféré dans une chambre d’hôtel de la ville le temps de se remettre, le commissaire Maigret va en profiter pour enquêter depuis son lit. Sa femme, venue à son chevet, va alors devenir l’assistante du policier pour son enquête.

Il est étonnant de constater que le charme agit toujours dans une enquête du commissaire Maigret. Charme de l’ambiance, du style et du personnage.

Car si Georges Simenon sait indéniablement manier sa plume et peindre des atmosphères particulières, le charme opère aussi grâce à son héros, un enquêteur atypique aux réactions imprévisibles qui se laisse plus guider par une image, une idée, un visage, devenant obsession au fil de l’enquête que par son sixième sens et sa perspicacité.

C’est une nouvelle fois le cas dans « Le fou de Bergerac »Maigret sera aiguillé, tout d’abord, par la vision d’une paire de chaussures et de chaussettes tricotées mains, ensuite, par un visage qu’il revoit, dans son délire, sur le faciès des premières personnes qu’il croise après sa blessure.

On sait que Maigret n’est pas un hyperactif, mais dans cette enquête, il le sera encore moins que de coutume puisqu’il va la résoudre depuis son lit, usant de sa femme pour obtenir les informations dont il a besoin.

Malgré cette immobilité, Maigret visite par la pensée, ou en observant les gens ou les lieux par la fenêtre de sa chambre et se fait des images mentales pour remplacer ce qu’il ne peut pas voir de ses propres yeux.

On pourrait craindre que le récit stagne à l’instar de son héros, mais, pourtant, il n’en est rien.

Car, même si Maigret est confiné dans son lit, il parvient à s’immiscer dans les histoires du village et à donner des coups (par la parole) dans les fourmilières, faisant remuer tout une armada de personnages qui, si Maigret ne va pas à eux, finissent inéluctablement à venir, contraint ou volontairement, à lui.

Et Maigret s’amuse de sa position dominante alors qu’il est le plus fragilisé. Il s’amuse de la situation, mais également des personnages et même des amis. Il s’amuse à irriter son prochain. Il s’amuse à affoler sa prochaine. Il s’amuse à agacer son ami. Il s’amuse à utiliser sa femme comme palliatif à ses yeux, ses oreilles, ses jambes. Et, s’amusant, parfois un peu sadiquement, il amuse surtout le lecteur.

Au final, une enquête savoureuse tant par la particularité de procéder du héros et que par sa façon de s’amuser avec les autres et de les faire réagir comme il le veut.

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