Le coup de Trafalgar
Continuons notre découverte de la plume de l’énigmatique Charles Richebourg, un auteur de littérature populaire fasciculaire qui fut actif au milieu des années 50 et à qui l’on doit les excellentes enquêtes du commissaire Odilon Quentin dont il avait abreuvé la collection « Mon Roman Policier » des éditions Ferenczi vers 1955.
À cette occasion, les lecteurs avaient pu se rendre compte de la qualité de plume de l’auteur ainsi que de sa maîtrise du format fasciculaire 32 pages, un format d’une concision pas évidente à dompter.
Mais Charles Richebourg, dont on ne connaît rien si ce n’est un autre de ses pseudonymes, Désiré Charlus, a également écrit quelques titres pour l’autre collection de l’époque des éditions Ferenczi : « Mon Roman d’Aventures ».
Je vous ai déjà parlé de quelques-uns de ces titres.
En voici un autre :
LE COUP DE TRAFALGAR
Fini le temps des arnaques pour Sam Higgins ! Multirécidiviste, il a été incarcéré de nombreuses années.
Alors, Sam Higgins a décidé, depuis sa sortie de prison, d’être honnête… Il est devenu « tipster », un donneur de tuyaux pour des courses hippiques. Sa très bonne réputation est due à une technique toute personnelle.
À tel point que Lord Ronald, qui grâce au pronostiqueur a gagné une grosse somme à Epsom, pour le remercier veut l’embaucher pour jouer son rôle.
Le riche oncle du notable menace de le déshériter s’il refuse l’invitation de la comtesse Fleury de Valoiseau à passer une quinzaine dans son manoir en Bretagne. Pas de doute, le tonton cherche à le marier avec cette dame qu’il ne connaît pas et qu’il ne désire pas rencontrer, ayant prévu de plonger dans les bras d’une belle danseuse de ses relations.
Sam Higgins finit par accepter de rendre service à Lord Ronald sans se douter que cet événement va l’inciter à renouer avec son passé bien plus qu’il ne l’aurait pensé…
Sam Higgins est un ancien arnaqueur qui vient de sortir pour la énième fois de prison. Il faut dire que si ses escroqueries sont plutôt habiles, il finit toujours par se faire pincer.
Aussi a-t-il décidé de rentrer dans le rang et de se faire honnête. Il est devenu tipster, un donneur de tuyaux lors des diverses courses hippiques. Il a une technique infaillible pour en sortir toujours gagnant et conserver une bonne réputation.
D’ailleurs, un Lord a qui il vient de faire gagner une grosse somme, pour le remercier, décide de le payer pour jouer son rôle et se rendre à une invitation en Bretagne chez une vague comtesse avec laquelle son riche oncle veut la marier. Son but, tout faire pour dégoûter la prétendante.
Sam Higgins débarque donc en Bretagne pour faire son job, mais, très vite, hors de son pays, son naturel revient vite au galop...
Ahhh, qu’il est plaisant de retrouver Charles Richebourg dans son domaine de prédilection : le récit léger mettant en scène des petites gens qui même si elles sont malhonnêtes, n’en sont pas moins des personnes sympathiques et attachantes.
Effectivement, si les quelques récits précédents ayant pour personnages de vraies crapules étaient agréables à lire, c’est vraiment dans cette ambiance « bon enfant » que le talent et l’humour de l’auteur sont les plus performants.
D’ailleurs, en termes d’ambiance, de légèreté, d’humour et même de thème, « Le coup de Trafalgar » serait plus à rapprocher de « 30 rouge pair, passe ».
Ici, pas de pickpockets, mais un arnaqueur, Sam Higgins. Et si l’on se souvient de l’intrigue du second, on en retrouvera ici un peu de l’aspect sentimental.
Mais le point commun et principal de ces récits plus léger est à trouver dans les descriptions des divers personnages, pas tant des descriptions physiques, mais plus un léger cynisme sur les comportements, et les attitudes.
Dans « Le coup de Trafalgar » pas réellement de méchant, ni même de personnage détestable, ce qui rend le récit léger et permet de distiller légèrement un humour de fond, comme l’on conterait une bonne plaisanterie.
D’autant le destin du personnage central est lui aussi taquin et que les coïncidences renforcent cet aspect badin de l’ensemble.
Pas de terribles vengeances, donc, mais plutôt d’agréables coups du sort qui s’ils sont moins frappants que les chutes des récits des truands, donnent tout de même plus le sourire.
Au final, un très bon petit récit dont la légèreté et l’humour font passer un excellent moment.