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Loto Édition
1 novembre 2020

L'ennemi secret

19836

« L’ennemi secret » est une mission de Michel Vaudreuil, espion du 2e Bureau.

Michel Vaudreuil est un personnage créé par l’inusable (ou presque) Henri Musnik, un auteur né au Chili à la fin du XIXe siècle et qui fut, par la masse de sa production, un des principaux piliers de la littérature populaire française pendant trois décennies (1930-1940-1950).

Il inonda de multiples collections fasciculaires sous de très nombreux pseudonymes (Claude Ascain, Pierre Olasso, Alain Martial, Gérard Dixe…) et créa d’encore plus nombreux personnages récurrents (l’inspecteur Gaspin, Robert Lacelle, Yves Michelot, le commissaire Lenormand…).

Si la plupart de ces personnages étaient des clones de héros de la littérature populaire (Fantomas, Arsène Lupin…), certains se sont révélés être juste de copier-coller d’un autre personnage du même auteur sous un autre pseudonyme dans une autre collection (moyen facile de multiplier rapidement les titres, ce qui n’empêche pas l’auteur d’avoir eu malgré cela une immense production).

Policiers, détectives, voleurs, les occupations des héros musnikiens sont assez restreintes.

Pourtant, il faut en rajouter une autre : espion !

C’est le cas de Michel Vaudreuil, l’agent du 2e bureau qui œuvra au sein de trois collections aux éditions Ferenczi : « Police et Mystère », « Police » et « Police et Mystère » 2e série.

Michel Vaudreuil vécut au moins le temps de 29 missions disséminées au gré de ces collections, voyant certaines de ses aventures rééditées d’une collection à une autre ou à la troisième, ce qui complexifie le travail d’établissement d’une liste chronologique de ces aventures.

Une chose est certaine, « L’ennemi secret » n’est pas la mission liminaire de la carrière du bel espion, puisqu’il y est fait mention d’une précédente (« Le document introuvable »).

« L’ennemi secret est paru » est paru en 1937 dans la collection « Police » puis a été réédité (tel que ou remanié, je ne sais) dans la collection « Police et Mystère » 2e série, en 1952.

C’est cette dernière version qui sert de base à ma chronique du jour.

L’ennemi secret :

Michel Vaudreuil, espion du Deuxième Bureau, échappe de peu à une tentative d’assassinat. Un homme a pénétré chez lui pour le poignarder.

Afin de savoir qui a commandité le meurtre, Michel Vaudreuil laisse son prisonnier se détacher de ses liens afin de savoir où sa piste le mène… vers un hôtel, à côté d’une gare.

Après avoir fait mine de partir en Suisse, Michel Vaudreuil revient incognito à Paris pour prendre une chambre dans l’établissement suspect…

On retrouve donc Henry Musnik sous le pseudonyme d’Alain Martial afin d’aborder la littérature d’espionnage grâce au personnage de Michel Vaudreuil.

Comme à l’accoutumée, l’auteur évite de dépeindre trop précisément son héros (ce qui lui permet de pouvoir le servir à une autre sauce, du moins, sous un autre pseudo et dans une autre collection, en en changeant juste le nom). L’a-t-il fait avec Michel Vaudreuil ? Je ne le sais encore, il me faudrait lire toute la production de l’auteur, tâche très ardue et très longue et, encore, si tant est que l’on soit parvenu à identifier tous les alias de l’auteur (ce qui n’est pas certain).

Cet avantage de l’esquisse pour multiplier les éditions, implique un défaut : en laissant son héros dans le flou, l’auteur empêche le lecteur de pouvoir s’y attacher.

Effectivement, rien ne distingue un héros Musnikien d’un autre héros Musnikien, si ce n’est sa profession. De plus, les seules spécificités qu’il accorde à ses personnages sont bien souvent celles des héros de la littérature qu’il copie (Robert Lacelles est un gentleman cambrioleur qui navigue dans la haute société… comme Arsène Lupin…).

Ils sont bien souvent jeunes, du moins, dans la trentaine, même si la plupart du temps cela n’est pas précisé, souvent beaux et charmants en plus d’être courageux, intelligents et… chanceux.

C’est une nouvelle fois le cas pour Michel Vaudreuil qui est riche, navigue dans la haute société, est courageux, beau, intelligent et… chanceux.

Rien de nouveau sous le soleil, donc.

Question format, les aventures de Michel Vaudreuil sont abritées par des fascicules de 64 pages contenant des récits de 15 000 à 20 000 mots. 

Si ces récits sont donc plus longs que ceux que j’ai déjà abordés de l’auteur (Yves Michelot, Robert Lacelles, inspecteur Gaspin…), ils n’en sont pas moins plombés par les mêmes défauts.

Du moins, cette aventure-là.

Effectivement, l’intrigue est des plus basiques : quelqu’un cherche à se débarrasser de Michel Vaudreuil ! Qui ? Il va se jeter dans la gueule du loup pour le savoir, être fait prisonnier, parviendra à s’échapper grâce à beaucoup de courage et immensément de chance…

Côté plume, ce n’est pas mieux.

L’auteur semble se complaire dans la platitude de sa plume, platitude qui participe probablement à faciliter les multiplications charlatanesques de ses textes, mais qui plombe quelque peu la lecture, d’autant plus quand le héros ou l’intrigue ne sont pas des plus intéressants.

C’est donc une nouvelle fois le cas ici.

Car Michel Vaudreuil n’a aucune plus-value sur le héros Musnikien moyen. L’intrigue de cette aventure ne vole pas haut !

Du coup, avec cette plume fade, difficile de trouver à quoi se raccrocher.

Il est certain qu’une plume identifiable est souvent clivante et une plume fade, fédératrice.

Ce n’est pas pour rien que beaucoup d’auteurs à succès actuels privilégient l’intrigue au style pour le plus grand plaisir de certains lecteurs que les mots inusités et les tournures de phrases complexes effraient (ce qui est chouette).

Mais là, pas d’intrigue digne de ce nom.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser qu’Henry Musnik était capable de mieux. Une autre œuvre me le prouvera peut-être un jour comme le fit « Jean Durand, détective malgré lui » à propos de la plume de Pierre Yrondy.

Peut-être sera-ce avec « Mandragore » une œuvre de l’auteur qui semble plus ambitieuse que les autres. Je le saurais probablement bientôt.

Au final, un héros fade + un style fade + une intrigue fade = une lecture fade !!! 

P.S. : on notera l’excellence des illustrations de couverture de la collection « Police et Mystère » 2e série.

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