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Loto Édition
1 novembre 2020

Le crime que j'ai commis

CouvLCQJAC

Mener une enquête sur un personnage de la littérature populaire fasciculaire peut s’avérer, parfois, aussi complexe que celles de la police sur des crimes commis.

Certes, le résultat est moins capital, mais l’investigation peut se révéler tout aussi hasardeuse, pleine de rebondissements et de fausses pistes.

Dans le cas du détective Francis Bayard, de Jean des Marchenelles, la démarche pourrait sembler aisée puisque l’auteur a mis en place une collection de fascicules titrée « Les aventures de Francis Bayard » intégrée à la collection « Police-Privée » des éditions S.I.L.I.C. à partir de 1942.

Il suffirait alors de relever dans cette collection, les titres portant la mention « Les aventures de Francis Bayard ».

Oui, mais voilà, ce qui paraît simple peut être, en vérité, bien plus complexe.

Et si l’auteur, à ce que je sache, n’a pas changé de pseudonyme pour écrire d’autres aventures de son héros, il en a, par contre, fait publier certaines (sont-ce des rééditions ?) dans d’autres collections, chez d’autres éditeurs comme « Collection Rouge » des éditions Janicot ou « Main Blanche » aux éditions S.P.E.

C’est d’ailleurs dans cette seconde collection que l’on trouve, dès 1942, le titre qui nous concerne aujourd’hui : « Le crime que j’ai commis ».

Pour information, derrière Jean des Marchenelles se cacherait un certain Jean Dancoine, auteur de récits policiers et de pièces de théâtre à tendances humoristiques.

Les aventures de Francis Bayard sont, la plupart du temps, formatées en fascicules de 32 pages (simple ou double colonne, selon la collection) contenant, dans la majorité des cas, des récits indépendants d’un peu plus de 10 000 mots.

LE CRIME QUE J’AI COMMIS

Le détective Francis BAYARD, accompagné du commissaire Aris Serrure, assistent à la représentation d’une pièce de théâtre.

Point d’esprit de loisir dans cette démarche, uniquement celle de pincer l’assassin d’un effroyable crime.

Dans ce but, ils se rendent, à la fin du spectacle, dans la loge du comédien vers qui pointent les soupçons de Francis BAYARD pour l’arrêter.

Mais un coup de feu retentit, il en est fini de l’artiste !

Dans une valise, Francis BAYARD découvre un manuscrit, des aveux sous forme de roman policier, qui va éclairer l’enquête d’un jour nouveau…

Le détective Francis Bayard amène son ami le commissaire Aris Serrure assister à une pièce de théâtre dans le but d’arrêter un des artistes qu’il sait être l’auteur d’un meurtre sur lequel a enquêté sans succès le policier.

Mais en entrant dans la loge, l’artiste préfère se tirer une balle que d’aller en prison.

Francis Bayard découvre dans une de ses valises, l’argent volé à la victime et un manuscrit contenant les confessions de l’assassin sous forme d’un roman policier…

Francis Bayard a souvent l’habitude de se présenter, dans ses aventures, incognito. Bien souvent caché derrière un nom d’emprunt, le lecteur qui le découvre ne se rend compte qu’à la fin qu’il avait affaire au détective dès le début.

Ce n’est pas le cas ici puisque Francis Bayard apparaît dès les premiers mots, mais laisse vite la place à la confession de l’assassin ou, plutôt, au roman policier écrit de la main de l’assassin pour raconter son crime sans jamais se nommer.

J’ai pour habitude de dire que le format fasciculaire n’a pas pour but (et n’en a pas les moyens) de proposer des personnages fouillés, des intrigues échevelées et des narrations autres que linéaires et rarement de fausses pistes et des rebondissements.

Effectivement, en 10 000 mots seulement, il est très difficile de réussir ce tour de force.

Pourtant, Jean des Marchenelles s’essaye, si ce n’est à proposer des personnages fouillés et une intrigue échevelée, du moins à proposer une narration non linéaire et de fausses pistes.

Pour ce faire, il use d’un subterfuge que d’autres avant et après lui ont déjà utilisé : la confession écrite ou le manuscrit, roman, contant la vision du criminel.

Certes, le procédé n’est pas neuf (on le trouve déjà dans un épisode de la collection « Marc Jordan » au tout début du XXe siècle) et dans un des derniers romans de Franck Thilliez. Mais si chez Marc Jordan, la latitude est plus grande (presque 20 000 mots), elle n’a surtout pas le but de tromper le lecteur.

Dans ce format très contraignant du récit de 10 000 mots, Jean des Marchenelles tente donc une mission casse-gueule si ce n’est impossible.

Impossible, déjà, d’intégrer une confession sous la forme d’un roman dans un texte qui ne fait que 10 000 mots. Il faut alors donner l’illusion de l’ellipse, ce que ne cherche pas à faire l’auteur.

Pour autant, le but recherché est plutôt d’attirer le lecteur sur de fausses pistes pour mieux le surprendre à la fin.

Malheureusement, la confession n’étant pas signée et le suspect étant tellement évident, le lecteur se doute bien qu’il n’est pas la coupable découvert par Francis Bayard.

Mais peu importe, on peut louer cette tentative de proposer quelque chose de plus rare dans le monde fasciculaire.

D’autant que le récit commence de la meilleure des manières. Déjà par un titre de premier chapitre tout à fait savoureux. Ensuite, par la drôle de mauvaise humeur d’Aris Serrure (quel nom) qui fait sourire le lecteur.

Cependant, la suite n’est pas au diapason, la faute à cette confession qui ne permet plus cette note d’humour ni d’autres envolées qui auraient pu mettre un peu d’épices dans un récit qui, du coup, devient quelque peu plat.

La volonté de l’auteur de tromper son monde ne fonctionnant pas (ou alors sur les lecteurs peu habitués à lire du roman policier), l’ensemble ne tient du coup pas ses promesses et c’est dommage.

Heureusement, la lecture n’est ni indigente ni indigeste, juste un peu décevante au vu du départ et de la filouterie mise en place par l’auteur.

Au final, un petit récit qui n’a pas les moyens de ses ambitions et qui pêche par là où il a voulu briller après un tout début pourtant prometteur. 

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