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Loto Édition
15 novembre 2020

La troisième blessure

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Les auteurs que j’aimerais vous présenter sont nombreux, trop !

Dans cette longue liste, je vous en ai déjà présenté quelques-uns au hasard de mes chroniques sur les romans et fascicules populaires du début du siècle dernier dont je me délecte tous les jours.

Mais il y en a que je ne pourrais jamais vous faire réellement connaître puisque, moi-même, je ne sais rien ou presque sur l’homme (ou la femme, mais c’est presque toujours l’homme) qui se cache derrière l’auteur.

Qu’importe ! me direz-vous, en vous rappelant les paroles d’un homme de goût qui disait en substance qu’il ne se préoccupe guère de la vie d’un auteur ne s’intéressant qu’à son œuvre. Plus besoin de faire le distinguo entre l’artiste et l’homme (ce qui est un avantage pour certains artistes) quand on ne sait rien de qui se cache derrière.

Bref, l’auteur du jour est dans ce cas : je ne sais rien de lui si ce ne sont certains de ses pseudonymes et, surtout, la qualité de sa plume et de ses personnages.

J’ai cité : René Byzance (dont le patronyme serait André Rastier) alias Jean Buzançais, alias Jean Buzancenais, alias Léo Sandrey.

C’est d’ailleurs sous ce dernier pseudonyme que l’auteur a signé « La troisième blessure » un titre paru vers 1943-1944 dans la collection éphémère (trois titres au compteur) « Policia » des Éditions Populaires Monégasques.

Si vous suivez mes chroniques, l’œuvre de l’auteur ne doit pas vous être totalement inconnue puisque, le même éditeur, dans la collection « L’indice », en 1946, publiera 15 fascicules de 16 pages (moins de 10 000 mots) signés René Byzance, autour du personnage de Gonzague Gaveau, un policier surnommé Le Professeur.

LA TROISIÈME BLESSURE

J’ai été témoin d’un crime.

L’affaire a fait beaucoup de bruit à l’époque où elle a été découverte. « Le mystère de la troisième blessure » a intrigué les foules. Il n’a d’ailleurs jamais été éclairci.

Nous sommes deux à connaître le mot de l’énigme : moi et mon vieil ami Jules TROUFFLARD, commissaire de la Brigade Mobile… et bientôt, vous !

André Byzance, journaliste, se souvient que, 15 ans auparavant, il a été témoin d’un meurtre, celui d’un comte russe, en pleine nuit. Alors qu’il rentrait chez lui, il est tombé sur une scène de dispute entre un homme et une belle jeune femme. Des coups de feu ont éclaté, la femme s’est enfuie et André s’est approché de la victime et a appelé de l’aide.

Le commissaire Jules Troufflard, de la Brigade Mobile, un policier efficace, mais bourru et peu apprécié des juges et de sa hiérarchie, va s’occuper de l’enquête à sa manière. Une manière tout aussi étrange que le meurtre puisque, en plus des deux balles, la victime a reçu un coup de poignard dans le dos et la femme avec laquelle il se disputait est une cantatrice réputée…

Dans « la troisième blessure », un fascicule de 32 pages, double colonne, contenant un récit de 20 000 mots, l’auteur nous propose de découvrir le personnage du commissaire Jules Troufflard, un personnage qui reviendra dans au moins 5 autres titres de l’auteur dans la décennie qui suivra.

La particularité est que ces aventures seront signées d’au moins deux pseudonymes (Léo Sandrey et Jean Buzancais) sans compter une réédition de deux titres non signés, et cela chez trois éditeurs différents « Les Éditions Populaires Monégasques », « L.E.M/Nicea » et « Les éditions du Puits Pelu » (dans la collection « Le Glaive »).

J’ai coutume de dire que les fascicules (mais il est vrai que je parle plus facilement des textes de 10 000 mots) ne permettent pas de proposer des personnages intéressants et fouillés. J’avais pourtant dit que l’auteur s’était approché de cet exploit à travers les aventures de Gonzague Gaveau tant celui-ci était original et intéressant pour le format.

Je constate que, quelques années auparavant, et sur un peu plus de latitude (20 000 mots), l’auteur était déjà parvenu à proposer un autre personnage encore plus fouillé et presque aussi attachant, du moins, plus complexe encore.

Effectivement, le commissaire Jules Troufflard est la grande force de cette enquête. Normal, me direz-vous, il en est le héros. Oui, mais ce n’est pas toujours le cas, surtout dans le monde fasciculaire, mais pas que. Parfois, c’est l’ambiance ou le style qui emporte la timbale. Dans les enquêtes de Gonzague Gaveau, si Le Professeur était un des points forts, celui-ci s’appuyait également sur un certain style et un réel humour.

Ici, le style est nettement moins mis en avant et l’humour, même s’il y en a, demeure en retrait. Tout réside alors sur le personnage central d’autant que l’intrigue est assez légère.

Mais qu’importe, les intrigues sont rarement le fort des formats courts.

Le commissaire Jules Troufflard prend une épaisseur importante et rare dans ce format dès le premier opus. Effectivement, à travers cette histoire contée à la première personne par le journaliste, on découvre à la fois le commissaire Troufflard dans l’entièreté de son caractère, mais également son passé, sa jeunesse et aussi sa méthode.

Et l’on peut dire que Jules Troufflard est loin des clichés des enquêteurs littéraires de l’époque même si on peut retrouver certains de ses caractères chez d’autres confrères (notamment Jules Maigret, dont le prénom en commun laisse à penser que ce n’est pas une coïncidence). Je ne vous dévoilerais pas plus le personnage, mais il faut savoir que celui-ci n’est pas manichéen et qu’il mérite d’être découvert.

Du coup, malgré une intrigue un peu simple, mais qui offre pourtant un mystère (celui de cette fameuse troisième blessure) et une double révélation finale, le lecteur prend plaisir à suivre les faits et gestes de ce personnage truculent en vous conseillant les scènes où ce dernier se sustente (ce qui est un faible mot dans le cas de Troufflard).

Bien sûr, un bon personnage ne suffit pas et ce récit peut également s’appuyer sur la plume de l’auteur qui, certes, n’est pas aussi enlevée que dans les enquêtes du Professeur, mais est au diapason de l’histoire et ce d’autant plus que celle-ci est contée par le témoin du meurtre.

Au final, j’avais déjà une haute opinion de René Byzance (oui, je lui préfère ce pseudonyme) après la lecture des enquêtes du Professeur, voilà que cette opinion est confirmée et plus encore avec l’excellent « La troisième blessure ».

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