Un pied sur l'échafaud
« Un pied sur l’échafaud » est une aventure du détective Francis Bayard, alias le « sphinx », un personnage né de la plume de Jean des Marchenelles.
Jean des Marchenelles est principalement connu pour ses comédies de théâtre et pour son personnage de Francis Bayard. De son vrai nom Jean Dancoine, est né en 1913 dans la région de Lille et y fut journaliste et éditeur.
Francis Bayard a vécu au moins une quinzaine d’aventures, la plupart sous le format fasciculaire de 32 pages (moins de 10 000 mots) dans les années 1940. Quelques-unes, plus longues, ont été publiées sous forme de romans.
On retrouve une grande partie des fascicules au sein d’une collection dédiée « Les aventures de Francis Bayard », publiée dans la collection « Police Privée », dirigée par Jean Dancoine.
Il n’est pas rare que les aventures de Francis Bayard se déroulent dans la région lilloise, ni même que Jean des Marchenelles, s’y mette en scène, en tant qu’ami et biographe du détective.
UN PIED L’ÉCHAFAUD
La foule se presse sur la Grande-Place pour assister à l’exécution de « Double-Mètre », un perceur de coffre ayant abattu deux gardiens lors de son dernier larcin.
Le détenu approche, gravit les marches le menant à l’échafaud quand un coup de feu retentit. Le condamné s’écroule !
Qui a bien pu tuer un homme que l’on s’apprêtait à guillotiner ? Et surtout, quelle raison a poussé le tireur à se substituer au bourreau ?
Le célèbre détective Francis BAYARD, alias le « Sphynx » se faire fort de répondre à ces questions d’autant qu’il a, dès le départ, une bonne avance sur la police chargée de l’enquête…
Alexandre Desmanière, alias Double-Mètre, s’apprête à être guillotiné pour l’assassinat de deux gardiens de nuit lors de son dernier cambriolage. Mais, alors qu’il monte les marches de l’échafaud, un coup de feu éclate et le condamné s’écroule. Blessé, il est conduit à l’hôpital.
Francis Bayard, qui assistait à l’exécution, fort de ce qu’il a vu, décide de se lancer à la recherche du tireur et de ses motivations d’autant que l’avocat du prisonnier, présent, est un de ses vieux amis.
Nous retrouvons donc, une fois n’est pas coutume, Francis Bayard en terre lilloise, pays de son auteur.
Dans ce court récit de 9 300 mots, Jean des Marchenelles manie une nouvelle fois l’humour, de manière légère, avec de l’humour de situation et des personnages, parfois, cocasses (notamment celui qui s’accuse du coup de feu).
L’auteur nous offre quelques rebondissements, dont le principal est malheureusement usé jusqu’à la corde (ce n’était peut-être pas encore le cas à l’époque, mais depuis…) et fait preuve d’un peu de facilité. Évidemment, on pardonner à Jean des Marchenelles ce que l’on ne pardonnerait pas à certains de ses confrères plus récents, du fait de la concision du format dans lequel il exerce. N’ayant pas la place de poser une intrigue digne de ce nom, on l’excusera de sombrer, parfois, dans ce genre de travers qui, il est vrai, permet, au départ, de créer le mystère à peu de frais de mots avant de s’avérer décevant à la révélation finale.
Si Bayard exerce encore dans la région lilloise, il n’y retrouve pas, cette fois-ci, l’avatar de son auteur. On évite donc cette mise en abîme qui sied si bien aux épisodes concernés par cette apparition.
Le style est toujours léger et plaisant, le personnage un brin caricatural, mais sympathique et la maîtrise du format, parfaite.
On ne peut que regretter qu’il n’y ait pas ce petit plus que Jean des Marchenelles parvient parfois à insuffler à ses textes, soit à travers ses choix narratifs, soit à travers son humour.
Au final, un épisode fort agréable à lire, mais qui reste un peu en deçà des meilleures aventures de la série.