Les tarots de la mort
« Les tarots de la mort » est une aventure « extraordinaire » de Théodore Rouma, un gentleman cambrioleur né de la plume de l’auteur Jean d’Auffargis.
La série « Les aventures extraordinaires de Théodore Rouma » est initialement parue à partir de 1946 sous la forme de fascicules de 24 pages, double colonne, contenant des récits indépendants d’environ 12 000 mots chez les éditions S.E.B.F.
L’auteur, Jean d’Auffargis, de son vrai nom Maurice Laporte, fut le créateur, en 1920, des Jeunesses Communistes Françaises avant de devenir un fervent anticommuniste et de collaborer avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
À la fin de la guerre, il s’exila en Suisse, probablement pour échapper aux conséquences de ses actes.
On serait tenté de penser qu’il écrivit les aventures de Théodore Rouma depuis la Suisse, mais la lecture de différents épisodes me laisse entendre que la série a été écrite entre 1937 et 1940…
LES TAROTS DE LA MORT
Un Pacte lie, depuis quarante ans, cinq membres éminents de la Société, chacun représenté par un des Arcanes majeurs du Tarot.
Lorsque leur chef les convie à passer les fêtes de fin d’années dans un chalet perdu dans les montagnes pyrénéennes, aucun ne se défausse.
Mais quand la tempête sévit et qu’ils se retrouvent bloqués dans la demeure, loin de tout secours possible, le jeu de cartes auquel ils doivent leur « nom » se transforme rapidement en pouilleux massacreur…
Un professeur en psychiatrie renommé, un conseiller d’État, un avocat à la Cour, un sénateur et un grand romancier aventurier, sont réunis dans un chalet perdu en pleine montagne en pleine tempête. Un Pacte les lie de longue date. Pourtant, quand ils commencent à mourir un à un, les survivants ne peuvent s’empêcher de se suspecter les uns les autres…
À travers ce court roman de 13 200 mots, Jean d’Auffargis convie le lecteur à un véritable jeu de massacre en pleine montagne.
Une première mort semblant naturelle, une seconde par empoisonnement, et c’est l’effroi dans le chalet. Qui sera le prochain ???
Avec un récit qui tient autant d’un roman d’Agatha Christie qu’à une scène de la Comédie Humaine de Balzac, l’auteur parvient, sur une courte latitude, à proposer aux lecteurs une histoire à la fois intéressante, intrigante, mystérieuse, où, tout du long, l’on se demande qui est le meurtrier en se doutant que les évènements tragiques prennent racine dans une vengeance aussi vieille que le Pacte qui lie les victimes.
Mais Jean d’Auffargis ne s’arrête pas là puisqu’il offre même un rebondissement inattendu pour clore son récit.
Certes, Théodore Rouma, pourtant le héros de la série, n’apparaît ici que d’une façon très secondaire et l’on peut se demander à quel point sa présence n’est pas un simple prétexte à intégrer un texte dans une série pour laquelle il n’était pas prévu.
Mais qu’importe, ne boudons pas notre plaisir et acceptons ce récit qui dénote par rapport aux précédents, car il parvient à livrer plus que ce que l’on est en droit d’attendre d’un fascicule de cette taille.
On notera trois choses dans le récit :
— Théodore Rouma ne conquiert pas un nouveau cœur, mais conserve celui de l’épisode précédent (enfin, ce n’est pas la princesse, mais une bonniche rencontrée en cours de route), ce qui renforce la sensation que Théodore Rouma a été ajouté à un texte qui ne lui était pas destiné.
— L’intrigue se déroule pendant les fêtes de fin d’années 1938, ce qui renforce la sensation que la série a été écrite avant 1940 bien que publiée à partir de 1946.
— L’action se déroule dans la région de Perpignan, Prades, Vernet et le mont Canigou.
Au final, un bon petit récit intéressant et intrigant, mais dans lequel Théodore Rouma semble être une pièce rapportée.