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Loto Édition
7 mars 2021

Les fauves humains

GM3

Henry Musnik, dois-je encore le présenter ? Probablement…

L’auteur, né au Chili à la fin du XIXe siècle, fut l’un des grands piliers de la littérature populaire fasciculaire qu’il abreuva de centaines de textes.

Sa production est telle et signée de tant de pseudonymes qu’il est bien difficile d’établir sa bibliographie exhaustive.

S’il s’est essayé à divers genres littéraires, c’est avant tout et surtout au récit policier qu’il s’est consacré.

Sous divers pseudonymes (Alain Martial, Claude Ascain, Pierre Olasso, Jean Daye, Gérard Dixie, Pierre Dennys, Florent Manuel… et tant d’autres), il développa nombre de personnages récurrents souvent inspirés (qui a dit pompés ?) de héros de la littérature populaire ancrée dans l’esprit des lecteurs.

Si la pratique était discutable dans la littérature dite classique, elle trouve son intérêt dans la littérature fasciculaire dont la concision des textes nécessite de poser rapidement un personnage. Et n’est-il pas plus aisé et moins coûteux en mots de présenter un héros qui a un air de déjà vu plutôt que d’être obligé de décrire un être inconnu ?

Ainsi, Henry Musnik fit-il vivre des clones d’Arsène Lupin, de Maigret, des détectives de romans noirs à l’américaine, se contentant d’esquisser ses personnages à tel point qu’il lui était facile, en en changeant le nom et en signant d’un autre pseudonyme, de proposer le même texte à un autre éditeur afin de gonfler sa rémunération. On lui pardonnera cette supercherie qui n’a pas dû l’enrichir tant que cela.

Parmi ses clones, on retrouve, au sein de la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi, regroupant des fascicules de 64 pages (18 000 mots) de divers auteurs, un personnage ressemblant étrangement au Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain : le Grand Maître, un génie du crime à la tête d’une bande organisée internationale qui se masque ou bien se grime et n’hésite pas à se débarrasser de ses affiliés qui sont tous numérotés.

Tout comme le personnage mythique, le Grand Maître est poursuivi par un ennemi tenace. Point d’inspecteur Juve, ici, mais l’agent du Deuxième Bureau Daniel Marsant qui, lui, se trouve assez éloigné de l’esprit du policier, et se rapproche plus de celui des héros Musnikien dont il partage les traits…

La lutte entre les deux hommes s’étale sur 17 épisodes dont « Les fauves humains » est le troisième. 

LES FAUVES HUMAINS

Le Grand Maître, génie du crime aux cent noms et aux mille visages, s’est une nouvelle fois évaporé.

Après Paris, Londres, c’est aux États-Unis qu’il s’est réfugié !

Du moins, Daniel MARSANT, agent du Deuxième Bureau et ennemi juré du Grand Maître en est persuadé.

Aussi se rend-il dans les environs de New York où il fait appel à Spencer Dillwood, du contre-espionnage américain.

Le duo sillonne la région à l’affût de la moindre trace d’une activité criminelle accrue quand, sur la route, ils aperçoivent une carcasse de voiture en flammes.

Aux abords de l’épave, ils découvrent un jeune homme blessé qui leur révèle avoir été kidnappé par un ami de son vieil oncle et échappé de justesse à un meurtre déguisé en accident…

Spencer Dillwood et Daniel MARSANT acceptent d’aider la victime à savoir ce qu’on lui veut…

Daniel MARSANT est d’autant plus motivé qu’il soupçonne le Grand Maître d’être derrière cette étrange affaire…

Après avoir raté l’arrestation du Grand Maître à Paris, puis à Londres, Daniel Marsant, agent du Deuxième Bureau, se rend aux États-Unis où il pense que son ennemi s’est caché.

Pour parvenir à ses fins : arrêter le Grand Maître, il fait appel à Spencer Dillwood, agent du contre-espionnage américain.

Alors que les deux hommes reviennent de Newhaven en voiture, endroit où on leur avait signalé une activité suspecte de contrebande, ils remarquent un véhicule en flammes sur la route.

Les deux agents s’arrêtent pour voir s’il y a des survivants et trouvent un jeune homme blessé non loin de l’épave. Celui-ci leur raconte qu’il a été kidnappé et qu’il a échappé de justesse à une tentative d’assassinat déguisée en accident. Le piège aurait été tendu par une connaissance de son riche vieil oncle alors qu’il débarquait d’Europe pour le voir.

Spencer Dillwood et Daniel Marsant décident d’aider le jeune homme tout en menant leur lutte contre le Grand Maître.

Après Paris, Londres, c’est maintenant aux États-Unis que la lutte se poursuit entre l’agent du Deuxième Bureau Daniel Marsant et le génie du mal, l’homme aux cent noms et aux mille masques, le Grand Maître.

Cette fois-ci, Daniel Marsant fait équipe avec un agent américain et c’est l’occasion, pour l’auteur, de se rapprocher un peu plus de l’esprit des aventures dont il s’inspire, celles de Fantomas, en proposant une course poursuite internationale qui, ici, prend toute son ampleur, car Daniel Marsant va être mystifié à plusieurs reprises par son ennemi et que les deux adversaires vont s’engager dans une longue course poursuite rocambolesque à l’issue de laquelle le Grand Maître s’échappera (sinon, la série serait ici terminée).

Henry Musnik, sous le pseudonyme de Claude Ascain, conserve donc l’ambiance de la série de Souvestre et Allain (quelque peu déformée ou amplifiée au cinéma dans la trilogie d’André Hunnebelle) sans encore y intégrer l’aspect technologique de l’époque, mais qui, il faut bien l’avouer est typique des écrits du tout début du XXe siècle. Pour autant Musnik n’oublie pas les grimages de son méchant, mais c’est là, par contre, une aptitude que possèdent tous les policiers et bandits de la littérature de cette époque.

On a donc le droit à une fin de récit mouvementée, rocambolesque à souhait, dénuée de rythme. Bref, le lecteur retrouve ce qu’il vient chercher dans ce genre de lecture d’autant que Henry Musnik est plus à l’aise dans ce format de fascicule de 64 pages qu’il ne l’est dans celui, plus concis, du fascicule de 32 pages.

Au final, un épisode mouvementé et plaisant à lire et qui promet d’autres péripéties à venir.

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