Cadavres en mitaines

Poursuivons les enquêtes des sœurs Bodin, Berthe et Blanche, deux vieilles filles septuagénaires, avec leur 4e enquête : « Cadavres en mitaines ».

Les 7 enquêtes de la série sont parues dans la collection « la Chouette » des éditions DITIS, entre 1957 et 1961 et ont été, me semble-t-il, réédité chez French Pulp Éditions, récemment.

Les deux sœurs vivent ensemble dans un appartement orléanais neuf qui leur a été alloué après avoir été expulsées d’un bâtiment proche dans lequel a été aménagé un grand Bazar.

Depuis, elles vouent une haine au magasin et à leur logement. C’est pourtant dans ce magasin qu’elles vont se découvrir une passion qui va les faire rajeunir : les enquêtes policières puisqu’elles vont se lancer sur la piste de l’assassin de plusieurs membres du personnel dudit Bazar. Dès lors, elles ne cessent de vouloir revivre cette expérience vivifiante et ont la chance de trouver régulièrement des cadavres sur leur route.

L’auteur, Jean-Pierre Ferrière, né en 1933, est devenu auteur de romans policiers par hasard, sur l’insistance de Frédéric Ditis qui cherchait des talents pour sa maison d’édition et sa nouvelle collection « La Chouette ». Fort du succès de « Cadavres en solde » la toute première enquête des sœurs Bodin, l’auteur écrira six autres opus sans oublier de produire de nombreux autres romans policiers…

Cadavres en mitaines :

L’ouvroir d’une ville de province, un ouvroir peuplé de vieilles un peu excentriques peut-être, mais parfaitement inoffensives, ne paraît pas être le lieu rêvé pour une série de crimes. Pourtant, dès que les derniers accords de « La Valse des Pantins » se sont tus, un mystérieux tueur frappe. L’une après l’autre, les vieilles dames laissent échapper les tricots roses, verts ou mauves et s’effondrent, victimes de l’assassin aux mitaines. Et la menace se rapproche peu à peu des sœurs Bodin championnes du droit et de la vertu.

Et cette fois, l’ingéniosité combinée de Berthe et Blanche risque de se trouver prise en défaut.

Blanche et Berthe Bodin participent à des œuvres de charité, notamment au sein de l’ouvroir de la ville en tricotant des vêtements pour les pauvres de la paroisse en compagnie d’autres petites vieilles.

Mais, bientôt, une première vieille est retrouvée étranglée dans l’ouvroir. Ses mitaines ont disparu.

Quand une seconde est retrouvée morte de la même façon, près du bâtiment, et que ses mitaines ont également été volées, il ne fait plus de doute qu’un tueur en série en veut à ces petites vieilles, dont Berthe et Blanche qui, elles, à défaut d’avoir peur, sont excitées à l’idée de se lancer dans une nouvelle enquête.

On retrouve donc les deux vieilles sœurs Bodin qui, en plus de s’occuper de tricoter pour les pauvres, de chercher à résoudre des crimes, ont également la charge de la jeune Pascale que les parents leur ont confiée. Mais la jeune demoiselle, elle, n’a d’yeux que pour le beau Bruno, un jeune journaliste qui va, lui aussi, s’intéresser aux crimes…

L’auteur nous pond un roman dans la veine des précédents, narré d’un ton léger au diapason de l’insouciance qui habite les frangines dès qu’il y a un meurtre à résoudre. Peu importe que les victimes soient des connaissances, qu’elles soient en danger, qu’on tente de les tuer, le jeu est plus fort que tout et les émotions les rajeunissent.

Certes, l’intrigue est légère et ne révolutionnera pas le genre.

Oui, l’auteur a tendance à se répéter un peu d’un opus à l’autre, tant dans sa narration que dans ses rebondissements.

Mais, prenons ce roman pour ce qu’il est, une aimable bluette policière aux situations tout aussi difficilement crédibles que le comportement des deux enquêtrices.

Au final, un petit roman policier à l’image de ses héroïnes qui se lit rapidement et sans déplaisir.