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Loto Édition
9 mai 2021

Monsieur Chivet

26039

Si vous êtes comme moi, que vous aimez les enquêtes, aussi bien au cinéma, dans les jeux, à la télévision ou dans la littérature, à lire ou à écrire, alors, forcément, vous devriez aimer « Les enquêtes du commissaire Lenormand » une drôle de série fasciculaire, si ce n’est pour son intérêt purement littéraire, ni pour l’intrigue des histoires, au moins pour la complexité de la remettre dans le bon sens et d’en analyser tous les tenants et les aboutissants.

Je m’explique, car, ainsi exposé, cela ne doit pas faire sens pour les profanes de l’auteur Henry Musnik.

Henry Musnik fut un des piliers de la littérature populaire fasciculaire française dans le second tiers du XXe siècle.

Né au Chili en 1895, il fut journaliste sportif, mais, surtout, il écrivit un nombre incalculable de fascicules pour de nombreuses collections chez divers éditeurs.

Pour ce faire, le petit gars usa de nombreuses ficelles.

D’abord, il multiplia les pseudonymes dont certains sont probablement encore inconnus : Gérard Dixe, Pierre Olasso, Claude Ascain, Alain Martial, Jean Daye, Florent Manuel, Pierre Dennys…

Ensuite, il n’hésita pas à reprendre certains de ses textes, de changer les noms des personnages, de les signer d’un autre pseudonyme pour les proposer à un autre éditeur.

Il n’hésita jamais à créer des personnages très proches de héros de la littérature comme Arsène Lupin et consorts.

Enfin, on soupçonne certains de ses récits d’être des traductions pirates d’épisodes de séries de langue anglaise (Sexton Blake, notamment).

Et, lorsque l’on se plonge dans son immense production, mieux vaut avoir un esprit d’enquêteur pour parvenir à s’y retrouver. Cette enquête devient alors bien plus passionnante que celles que résolvent les héros musnikiens.

Ainsi, on constate que certains des héros musnikiens n’ont vécu qu’avec les habits d’autres personnages de l’auteur. C’est, du moins, le cas du détective Yves Michelot dont tous les récits (du moins, la plupart) sont issus de réécriture d’histoires arrivées à d’autres personnages, dont, surtout, le fameux commissaire Lenormand.

Mais, en dehors de cela, ce commissaire Lenormand demeure énigmatique. Parce que l’on retrouve deux personnages différents portant le même nom et dont les histoires furent écrites par le même auteur, Henry Musnik, sous le pseudonyme de Gérard Dixe.

Déjà parce qu’il existe une série avérée (dont le nom figure sur les couvertures) : « Les aventures du commissaire Lenormand », une série de 14 titres, si je ne dis pas de bêtises, tous écrits par Gérard Dixe… écrits ??? signés, tout de moins, car certains ont remarqué d’étranges similitudes avec des titres de la série Sexton Blake, dont on pense qu’ils ne sont que des traductions officieuses.

Ensuite, parce qu’il existe une autre série avérée « Les enquêtes du commissaire Lenormand » dont les titres sont signés soit par Gérard Dixe, soit par Jean d’Arsanje (parfois l’un est sur la couverture, l’autre dans le texte) ou José Ortmans (apparemment un auteur belge) et un certain Marcel Pivert, pseudonyme de l’écrivain Jean Meckert alias Jean Amila.

Enfin, parce que même dans cette série, les formats, les tailles, la présentation et même les personnages changent.

Sans compter que le commissaire Lenormand n’est pas policier, mais détective.

Bref, c’est le bordel.

Alors, si on ajoute les textes hors les séries avérées dans lesquels apparaît le fameux commissaire… comme « Monsieur Chivet » qui a, en plus, la particularité d’un titre incompréhensible puisque Monsieur Chivet, dans le récit, n’est qu’un personnage ultra secondaire qui n’a pas la moindre importance.

Monsieur Chivet :

Le commissaire Lenormand se rend dans un village du Loiret afin de rencontrer Me Houssier, un notaire qui doit lui fournir des renseignements et des documents.

Arrivé sur la place du bourg, Lenormand est attiré par des cris et ne tarde pas à se heurter à un homme affolé qui lui annonce qu’il vient de trouver Me Houssier assassiné dans son bureau…

Le commissaire Lenormand, détective parisien, se rend dans le Loiret pour rencontrer Me Houssier, qui doit lui fournir des documents. Mais, quand il arrive, celui-ci est retrouvé assassiné.

Une rapide enquête démontre que rien n’a été volé sauf une lettre dont le défunt a arraché un bout indiquant qu’elle provenait d’Afrique Équatoriale.

La nièce de l’huissier est convoquée et elle se pointe avec son jeune fiancé ayant un parent en Afrique Équatoriale.

Bientôt, ceux-ci rencontre dans amis du fiancé qui ont, chacun, un parent en Afrique Équatoriale et une connaissance de ces amis ne tarde pas à faire son apparition qui, lui, vient d’Afrique Équatoriale…

Et les morts vont se succéder…

Vous l’aurez compris, le sujet de l’histoire tourne autour de l’Afrique Équatoriale, un sujet très prisé à l’époque des colonies comme pouvait l’être, avant, l’Inde, après, l’Indochine…

Vous aurez également compris que l’intrigue tient sur des coïncidences, toutes ces personnes ayant un parent en Afrique Équatoriale…

Et c’est bien le problème, un problème récurrent dans ce genre de littérature, les coïncidences qui se succèdent et l’auteur qui, pour se justifier, n’a de cesse de clamer que le hasard est le dieu des policiers. Mais là, il est également celui des mécréants.

Alors, du fait de la concision du texte, pas tout à fait 15 000 mots, on excusera un peu cette propension à user du hasard pour faire tenir son intrigue, mais quand même.

Pour le reste, les personnages, comme souvent chez Musnik, sont juste esquissés (ce qui permet de changer les noms plus facilement pour mieux recycler ses textes) et on a peine à s’y attacher.

Pour autant, on a connu l’auteur moins inspiré et moins maître de son style (surtout dans des formats encore plus courts) aussi on ne boudera pas notre plaisir, car ce genre de littérature n’a d’autre but que de combler un petit moment de lecture et ce récit y parvient plutôt agréablement.

Par contre, on regrettera que le récit soit bien moins exaltant que l’enquête sur la littérature musnikienne. L’auteur ne nous tiendra jamais autant en haleine que quand il s’agit de décortiquer sa production.

Au final, rien de transcendant, rien de génial, juste une aimable lecture et c’est déjà pas mal.

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