Un spirite, un fou et un singe
Je reviens à la série « Le Petit Détective » d’Arnould Galopin (1863-1934), une série de 83 fascicules de 16 pages illustrées, double colonne, publiée en 1934-1935.
Arnould Galopin fut un auteur très prolifique de la littérature populaire pour laquelle il livra une quantité industrielle de récits tant policiers que d’aventures ou d’anticipation.
Certes, l’auteur est principalement connu pour ses feuilletons d’aventures mettant en scène des adolescents et destinés à un public jeune (« Un aviateur de 15 ans », « Un poilu de douze ans »…), mais il écrivit également des romans-feuilletons policiers, mettant en scène, par exemple, le détective Allan Dickson, un clone de Sherlock Holmes, ou bien Edgar Pipe, le cambrioleur, ou encore pour ses romans d’anticipation comme « Le Bacille »…
Mais je vous avais dit que « Le Petit Détective » était l’une voire sa dernière série et je pense que je ne m’étais pas trompé.
« Un spirite, un fou et un singe » est la 21e enquête de Jean Tixier (le petit détective) et de Gaston Cervier (son maître).
Cette aventure débute à la fin du fascicule n° 47 et se poursuit jusqu’au début du fascicule n° 49) et marque un tournant de la série.
Je ne m’étendrais pas à critique le texte, si vous voulez connaître mon avis sur le sujet, je vous invite à lire la chronique suivante : ici.
En effet, « Un spirite, un fou et un singe » n’est autre qu’une reprise d’un fascicule de 32 pages de Jean Petithuguenin publié en 1920 : « Crimes et sorcellerie ».
Cette aventure de Fred Cabosse (le récurrent de Petithuguenin) fut à peine retouchée en changeant les noms des protagonistes et des lieux et en adaptant certains petits passages pour que cela colle avec la série.
Alors, oui, cette façon de faire peut choquer, sauf qui connaît un peu la littérature populaire de l’époque où la chose était assez courante (mais généralement, c’était un auteur qui signait avec un autre pseudonyme ou qui proposait un même texte à plusieurs éditeurs).
Ici, c’est le texte d’un autre auteur qui est signé par un autre.
Signé ? Pas certains !
Car, tout porte à croire que Arnould Galopin n’ait pas eu son mot à dire.
Effectivement, on peut imaginer sans trop se tromper qu’Arnould Galopin étant mort en cours d’écriture, l’éditeur a trouvé un moyen de poursuivre la série en faisant appel à des textes de Jean Petithuguenin.
Et je dis « des textes », car, on poursuivant la série on constate que les aventures suivantes sont également des reprises de textes de Petithuguenin et, là aussi, des aventures de Fred Cabosse.
Ainsi, on peut retrouver après « Un spirite, un fou et un singe », les réécritures de « Les dérailleurs de trains », « Le visiteur invisible », « La tragédie du Gourmel » et « Le crime du revenant » toutes des aventures de Fred Cabosse signées Jean Petithuguenin.
Ensuite ? Je ne sais pas, je n’ai pas encore épluché tous les fascicules et je n’ai pas lu d’autres textes de Petithuguenin pour pouvoir en identifier des réécritures.
Il faudra que je m’y replonge plus tard.
Ainsi, cette série que je voyais comme la dernière d’Arnould Galopin l’est plus que je ne le pensais puisqu’il n’a pu la terminer lui-même.
Ainsi va la vie de la littérature populaire, un auteur s’en va, un autre prend sa place et « the reading must go on », la lecture continue.