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Loto Édition
12 septembre 2021

Dolegan tire le premier

Sans titre 2

Lew Dolegan est un détective privé anglais né de la plume de l’auteur Louis de la Hattais, alias Jean Fournel, ancien commissaire de police à Provins.

Il semblerait qu’après la Seconde Guerre mondiale, il se soit lancé dans l’écriture, apparemment avec fougue, et écrivît un nombre important de fascicules dans les genres policiers et un peu coquins (du moins, d’après les titres).

Pour ce faire, comme ses confrères, il usa de nombreux pseudonymes dont Anny ou Anne-Marie Delfour, Jean ou Louis Delaht, Louise Fernel, Claire van Houtte…

Dans sa production policière, on notera au moins deux personnages récurrents : Jim Patterson et Lew Dolegan.

Les deux vécurent la majeure partie (si ce n’est l’intégralité) de leurs aventures au sein de la bordélique collection « Allo Police », collection qui débute chez un éditeur au début des années 1940 pour passer chez un autre, déclinée sous plusieurs séries, regroupant des sous-collections et abritant un grand nombre de textes de divers auteurs dont Claude Ascain, Géo Duvic, Jean des Marchenelles, Léo Malet, Maurice Limat et bien d’autres.

« Dolegan tire le premier » paru en 1959 dans la 7e série de la collection « Allo Police » met donc en scène Lew Dolegan. Il est le second épisode des aventures du détective.

Dolegan tire le premier :

Pendant une fraction de seconde, le gars reste tout déconfit, avec son Luger inutilisable braqué sur moi. Une fureur me saisit et je bondis des­sus. En trois coups de manchette, je lui admi­nistre une correction qui lui en fait voir trente-six chandelles. Le type recule en titubant et je me précipite pour le retenir par la cravate. Trop tard. Ses jarrets ont touché la murette de soixante-dix centimètres de haut qui borde la route et il part en arrière. J’entends le corps qui continue à débouler tout au fond, là-bas, à plus de cent mètres de distance, dans la nuit. Petit incident technique !

Lew Dolegan est en vacance à Monte-Carlo. Alors que sa secrétaire, Georie, préfère aller danser, lui décide d’aller prendre l’air sur les corniches au-dessus de Monaco.

Alors qu’il vient d’allumer sa clope, une voiture s’arrête non loin, un type descend, s’approche de lui, lui pointe un revolver dans le dos et le prévient que s’il accepte une affaire qu’on va lui proposer, il lui en cuira.

En moins de deux Lew Dolegan retourne la situation et parvient à faire parler son agresseur avant que celui-ci ne fasse une chute fatale. C’est la Comtesse Waskowla qui l’a embauché pour lui faire peur.

Dolegan, n’appréciant pas qu’on lui dise quoi faire, décide de rendre visite à la fameuse comtesse. Il trouve celle-ci au milieu d’une party. Mais quand il pense la décontenancer, il se rend compte que celle-ci, non seulement n’a rien à voir dans le traquenard, mais qu’en plus elle pensait justement embaucher Dolegan pour la protéger, redoutant qu’on l’assassine.

Dolegan accepte donc le boulot et, tandis qu’il réfléchit à l’affaire dans la chambre que la comtesse lui a fournie, il entend le système d’appel provenant de chez elle. Il se précipite pour la découvrir le crâne fracassé…

On retrouve donc Lew Dolegan dans une seconde aventure.

Si j’étais fainéant (je le suis), je pourrais me contenter de répéter mot pour mot ma critique du précédent titre tant celui-ci possède les mêmes qualités et les mêmes défauts.

Car, pas de doute que Lew Dolegan soit calqué sur l’image d’Épinal du détective de l’époque : beau gosse, intelligent, courageux, charmeur, avec le sens du l’humour, le goût des belles femmes et de l’alcool.

Les femmes, elles, sont également des clones de la femme du roman policier noir à l’américaine : elles sont forcément belles et jeunes et se différencient par leur mentalité. D’un côté, la secrétaire dévouée et amoureuse, de l’autre, la femme vénale et vénéneuse.

La narration à la première personne n’est pas non plus originale puisqu’on la retrouve dans différentes séries à succès de l’époque : « San Antonio » ou « Nestor Burma », par exemple.

Dans San Antonio, Louis Fournel pioche le goût immodéré de son personnage pour les femmes et sa façon d’évoquer les parties de jambes en l’air à coups d’expressions pas piquées des hannetons, mais sans sombrer dans le graveleux (malgré sa propension à écrire, en parallèle, des récits coquins). De Nestor Burma, il prend la secrétaire belle et amoureuse de son patron avec ce rapport chien chat entre les deux personnages.

Heureusement, l’auteur ne cherche pas à singer le style de Frédéric Dard (d’ailleurs, il aurait essayé qu’il n’y serait pas arrivé). De Léo Malet, malheureusement, il n’a pas non plus la plume enlevée.

Pour autant, il serait faux de dire que ces aventures sont mal écrites. D’ailleurs, elles ont pour principaux défauts ceux inhérents à la littérature fasciculaire en général (même si on est plus vraiment dans le fascicule avec ces romans de 94 pages à dos carré), c’est-à-dire à toute littérature rapidement écrite et tout aussi rapidement éditée. En clair, l’auteur n’ayant pas le temps de se relire et l’éditeur ne s’embêtant probablement pas à le faire non plus, demeurent dans le texte des répétitions un peu trop nombreuses qui auraient pu être facilement supprimées.

Dans le premier épisode, j’évoquais les incises dans les dialogues avec une répétition un peu oiseuse et indigeste de « dit ».

Cette fois-ci, ce sont plutôt les conjonctions de coordination avec une exagération dans l’utilisation du « et ».

Vient également l’intrigue qui, malgré les presque 29 000 mots du roman, n’est pas très développée. Effectivement, on devine rapidement qui est l’instigateur du meurtre de la comtesse et tout le récit ne tend qu’à montrer comment Lew Dolegan va tirer parti de l’information pour faire arrêter le coupable tout en s’en mettant plein les fouilles.

Il ne faut donc pas s’attendre à un roman d’investigation, mais plus à un roman d’action, ce qui rapproche plus la série d’autres séries fasciculaires du genre comme « Les dessous de l’Agence Garnier » de J.A. Flanigham, que les deux séries populaires précitées.

Pourtant, force est de reconnaître que l’ensemble se lit vite et bien (mieux que le précédent) et que cette lecture donne envie de découvrir la prochaine aventure de Lew Dolegan.

Au final, sans être révolutionnaire ni novatrice, la série « Lew Dolegan » propose des petits romans policiers d’action d’une trentaine de milliers de mots qui se lisent avec un réel plaisir malgré tout.

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