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Loto Édition
26 septembre 2021

L'inspecteur mourra seul

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Charles Hubert Louis Jean Exbrayat-Durivaux, plus connu sous le simple nom de Charles Exbrayat, est un auteur de romans policiers (et d’espionnage) français né en 1906, mort en 1989, principalement publié dans la collection « Le Masque » et également scénariste, coche toutes les cases des auteurs populaires sensés m’attirer.

Si on rajoute à cela un humour certain, je me demande encore pourquoi, à mon âge avancé (pas tant que cela, mais quand même) je n’ai encore jamais fait connaissance de sa prose ?

Peut-être à cause des adaptations télévisuelles avec Dominique Lavanant de ses aventures d’Imogène ? Probablement. Le côté un peu neuneu de l’ensemble n’était pas pour me donner envie.

Il a fallu un concours de circonstances (laquelle a gagné ? je ne sais) pour que je me plonge dans un roman de l’auteur.

Un titre qui traînait dans ma PAL depuis des lustres, un manque de temps pour chercher ma prochaine lecture, le fait que je l’avais extirpé des tréfonds de la pile, il y a quelques jours, pour le feuilleter ; des premières lignes qui ne me déplurent pas et hop, je franchissais enfin le pas pour faire connaissance avec la prose Exbrayenne.

« L’inspecteur mourra seul » est un roman policier paru en 1959 dans la collection « Le Masque ».

L’inspecteur mourra seul :

À cinquante-cinq ans, l’inspecteur Helmut Schwenke n’a plus beaucoup le goût pour vivre… La guerre les a épargnés, lui, sa femme et ses enfants, et leur petite maison de Hambourg…


Mais lorsqu’il est rentré du front de l’Est, il les avait tous perdus, plus sûrement que s’ils étaient morts…

La seule chose dont Helmut Schwenke soit fier, aujourd’hui, c’est d’avoir tiré la petite Annelore du gouffre où elle allait sombrer. Et Annelore est morte, assassinée… Alors, l’inspecteur qui ne croit plus à rien, et surtout pas à son métier, se jure de retrouver son meurtrier. Même s’il se condamne ainsi à une solitude irrémédiable…

L’inspecteur Helmut Schwenke et son ami Otto Hübner, deux flics vieillissant d’un commissariat du quartier Saint-Pauli, d’Hambourg, font figure de fossiles et de parias. Proches de la retraite, le second n’a plus goût à rien depuis la fin de la guerre, 13 ans auparavant, tandis que le premier ne reconnaît plus sa femme qui le rabaisse sans cesse et qui n’en a plus que pour leur fils, Rudolf, qui va bientôt se marier avec un beau parti.

Otto n’attend rien, ne redoute rien, pas plus la retraite que la mort. Helmut, lui, a deux craintes : ne plus pouvoir exercer son métier et n’avoir plus sa femme Adda auprès de lui, même si celle-ci est distante.

La seule satisfaction d’Helmut réside en Annelore, une gamine qu’il a tirée des pires ennuis et à laquelle il s’est attaché comme si c’était sa fille.

Aussi, quand il apprend de la bouche d’Annelore qu’elle va épouser Joachim Rescher, un jeune homme ayant une bonne situation et dont elle est enceinte, Helmut est à la fois heureux et craintif. Heureux si elle trouve enfin le bonheur, craintif que le Joachim ne la rejette pour son passé et qu’elle en soit malheureuse.

Mais les craintes d’Helmut étaient loin de la réalité, car Joachim ne s’est pas contenté de la repousser, il l’a étranglée dans sa petite chambre d’hôtel.

Alors Helmut est bien décidé à lui faire payer à Joachim Rescher. Il prévoit de se rendre à l’usine dans laquelle Annelore lui a dit qu’il travaillait et à l’arrêter en espérant qu’il résiste.

Seulement, à l’usine, aucun Joachim Rescher. D’ailleurs, aucun individu ne porte ce nom. Dès lors, comment retrouver un assassin dont il ne connaît ni le nom ni le visage ???

Voici un petit roman qui m’a complètement désarmé.

Tout d’abord, j’ai été intrigué, non par l’intrigue, mais par le lieu choisi par l’auteur.

Hambourg, après guerre. Des noms de rues imprononçables, des patronymes pas toujours mémorisables… pourquoi en fait sa scène de crimes ?

Ensuite, il m’a séduit par ses personnages, notamment, surtout et quasi exclusivement, les deux vieux flics, Helmut et Otto.

Deux personnages totalement désabusés, traumatisés par la guerre et les actes qui leur ont valu les félicitations.

Otto, depuis, ne croit plus en rien. D’ailleurs, il se demande ce qu’il a de différent avec les assassins qu’il arrête désormais. Lui aussi a tué, sauvagement, mais sous l’uniforme, cela ne compte pas pour la société. Mais pour lui ? Il ne cesse de clamer qu’il est mort à la bataille de Voronej et qu’il n’aurait jamais dû en revenir.

Helmut, lui, tisse encore un espoir de retrouver sa femme d’avant la guerre. Certes, il n’a perdu ni femme, ni enfant, ni maison, mais son épouse a changé, son fils le repousse, sa bru le méprise…

Mais il y a Annelore, ce brin de soleil dans l’obscurité. Et un salaud a éteint cette flamme qui réchauffait son cœur…

Autant le dire tout de suite, « L’inspecteur mourra seul » ne brille pas par son intrigue, somme toute assez simple et même prévisible.

Effectivement, on devine trop rapidement l’identité de la personne se cachant derrière Joachim Rescher.

Pourtant, cela ne gâche rien à la lecture et même si l’auteur tente un rebondissement final qui n’apporte d’ailleurs pas grand-chose, le plaisir est toujours présent.

Présent dans une certaine poésie de la mélancolie, dans ce duo de personnages.

La neurasthénie d’Helmut, vis-à-vis de sa femme et son fils, d’abord, à cause de la perte d’Annelore, ensuite.

Et Otto, qui semble ne traverser les jours que comme un fantôme. Qui n’aime personne ne fait confiance à personne qui n’en a rien à faire de tout et qui, pourtant, s’avère être le meilleur ami d’Helmut, un ami bien plus concerné qu’il n’y paraît.

Le roman vaut également pour ses multiples confrontations.

Conflit des générations, au sein de la famille, au sein de la police.

Conflit entre les policiers et les assassins, les policiers ayant été des assassins durant la guerre.

Conflit des classes sociales et le mépris des nantis (représenté par Adda et sa bru Ilse) envers les démunis (Annelore). Comme si une personne née dans la fange devait porter ce fardeau toute sa vie…

Difficile de rendre hommage précisément au roman tant celui-ci brille plus pour son ambiance, élément impossible à cerner, qu’à des détails plus quantifiables, analysables…

Toujours est-il que ce roman m’a enthousiasmé du presque début à la fin et ce n’était pourtant pas gagné à la base.

Au final, un excellent roman dont l’ambiance mélancolique et le duo de personnages priment sur l’intrigue et le suspens.

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