Le poignard de verre
Jean Normand, de son vrai nom Raoul Anthoni Lematte (1885 - 1956), fut un auteur de littérature populaire qui œuvra principalement pour des collections fasciculaires policières ou d’aventures.
Raoul Lematte, après des études de droit, travailla dans l’Administration Pénitentiaire en Guyane. Cette expérience nourrit sa plume puisque la plupart de ses récits se déroulent en Guyane ou dans les pays alentour et concernent des miniers, des trésors, des galions, des temples incas…
Dans sa bibliographie, un personnage sort du lot (si tant est qu’il y en ait plusieurs) : l’inspecteur Paul Doublet.
Si on retrouve un personnage éponyme (est-ce le même ?) dans des récits policiers indépendants, c’est avant tout et surtout au sein d’une même collection d’aventures de 14 fascicules de 24 pages que sont regroupées les histoires le mettant en scène.
Le nom de la collection : « Inspecteur Doublet à travers le monde », une collection publiée en 1945 pour les éditions S.E.C.M.
Les 14 aventures indépendantes de l’inspecteur Doublet sont d’une taille d’environ 10 000 mots.
« Le poignard de verre » est la 13e aventure de Paul Doublet.
LE POIGNARD DE VERRE
L’inspecteur Paul DOUBLET fait route vers Callao, au Pérou, sur l’Asul, le cargo du capitaine Mériadec.
Lors de l’escale à Chiclayo, le second Legoff est agressé et laissé pour mort, un poignard de verre planté dans le corps.
Devant poursuivre son trajet, le capitaine Mériadec n’a d’autre choix que de remplacer le blessé.
Heureusement, au port, il croise un marin grec, Elios, dont le bâtiment est immobilisé pour cause d’avaries.
Les qualités de l’Hellène et son expérience satisfont rapidement Mériadec.
Quant à Paul DOUBLET, il ne peut s’empêcher de trouver le nouveau venu éminemment suspect et son sixième sens, une nouvelle fois, ne le trompera pas…
Paul Doublet, comme il était prévu, fait route vers Callao sur le cargo du capitaine Mériadec (croisé dans l’épisode précédent). Mais, lors d’une escale, le second est agressé et retrouvé à moitié mort avec un poignard de verre planté dans le corp.
Devant poursuivre sa route, le capitaine Mériadec trouve un autre second, le Grec Elios, un personnage compétent, mais que Doublet trouve immédiatement suspect.
En surveillant celui-ci, il remarque les regards haineux qu’il porte quand il ne se croit pas observé, sur Mlle Janin, une passagère dont le père, scientifique, a été récemment kidnappé…
Je ferais court pour cet épisode puisque j’ai déjà beaucoup parlé de cette série (une douzaine de fois) et que les épisodes s’enchaînent et se ressemblent.
Si, pour une fois, il n’est question ni de trésor (quoique), de gisements de métaux précieux (quoique), de galions (pas du tout) ou de temples incas (encore moins), l’intrigue demeure malgré tout dans l’ambiance des épisodes précédents, c’est-à-dire simple, mettant en scène des méchants (encore une fois des Chinois) qui en veulent à quelqu’un que Doublet voudra protéger.
L’histoire avance à grand coup de chances, de hasards et d’intuitions de Doublet (qui n’est pas un adepte de Sherlock Holmes, loin de là) et l’ensemble, malgré les sujets et les lieux géographiques, manque de cette ambiance exotique que l’auteur aurait pu lui conférer en décrivant un peu plus les autochtones et les paysages. Mais en avait-il l’envie ou la place ???
Un petit détail me fait me demander si ce texte ne résulte pas d’une réécriture : l’Asul, le nom du cargo du capitaine Mériadec, est par deux fois, dans le texte original, renommé le Sphynx. Simple erreur de l’auteur qui pensait à autre chose au moment d’écrire ? Ou bien texte réécrit en oubliant deux fois de changer le nom du navire ? À moins de lire toute la production de l’auteur, difficile de la dire.
Au final, un épisode dans la lignée de la série. Cela se lit sans déplaisir, mais sans enthousiasme d’autant plus que les intrigues sont aussi absentes de l’ensemble que l’impression de dépaysement.