Les aventures de Luc Hardy, le détective millionnaire né de la plume de Paul Dargens, étaient, à l’origine, une série de plus d’une vingtaine de fascicules de 32 pages disséminés au sein de la collection policière « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi.
Rien ne les distinguait des autres, le nom de l’auteur n’apparaissant pas sur les superbes couvertures illustrées par Gil Baer, au début des années 1920.
Puis la plupart de ces aventures, comme quasiment tous les titres de la collection, furent rééditées à partir du début des années 1930, dans une autre collection Ferenczi : « Police et Mystère » sous la forme de fascicules de 64 pages. Exit les belles illustrations de Gil Baer, des photos (représentant la plupart du temps la même scène que les dessins d’origine) les remplaçaient.
Là aussi, les titres étaient mélangés à ceux de plusieurs autres auteurs (la collection compte plus de 400 titres).
Pour rappel, l’auteur, Paul Dargens, de son vrai nom Paul Salmon (1884 - 1965) fut un auteur très prolifique de la littérature fasciculaire à partir de la fin des années 1910. Il écrivit dans tous les genres à la mode à l’époque (aventures, sentimental, policier, jeunesse, fantastique).
Pour le genre policier, il mit en scène au moins deux personnages récurrents, Jacques de Villefort et Luc Hardy.
Hardy, le premier à voir le jour des deux, est un jeune devenu millionnaire à la mort de ses parents et qui, pour tromper l’ennui et par goût de la justice, s’est fait détective.
« Le rôdeur des ténèbres » publié en 1920, puis en 1934, est la 4e aventure du détective.
On notera que Robert Fontrailles, sa femme Lucienne d’Ambrecourt et ses parents, présents dans le texte, sont déjà apparus dans le premier et le second épisode.
LE RODEUR DES TÉNÈBRES
Robert Fontrailles, un jeune et ambitieux ingénieur, est en repos avec femme et beaux-parents dans la maison de santé Castellux, au Pays basque.
Il en profite pour mettre la touche finale aux plans d’un nouveau moteur révolutionnaire.
Un après-midi, Robert Fontrailles remarque que quelqu’un a tenté de forcer la serrure du tiroir dans lequel il enferme les documents en son absence.
Persuadé que le responsable reviendra durant la nuit, il décide de monter la garde par alternance avec son fidèle valet de chambre.
Mais il ne se doute pas que, dans l’ombre, se trame une dangereuse machination pour réduire les deux hommes à l’impuissance et s’emparer des si précieux papiers.
Et, cette fois, Luc HARDY, le détective milliardaire, n’est pas là pour porter secours à Robert Fontrailles, comme il le fit par le passé…
Robert Fontrailles, suite à des problèmes de santé, passe à séjour en famille dans la maison de santé de son oncle au Pays basque.
Mais, ce repos forcé ne l’empêche pas de continuer à mettre au point les plans d’un moteur révolutionnaire sur lequel il compte pour devenir riche et célèbre. Seulement, il craint les fuites et enferme prudemment son invention dans un tiroir de son bureau.
Un jour, il remarque que la serrure de son tiroir a été forcée. Heureusement, le tiroir n’a pas pu être ouvert, mais il est persuadé que le voleur va profiter de la nuit pour faire main basse sur ses précieux plans. Aussi, il envisage de monter la garde en alternance avec un ancien camarade d’armée qu’il a pris à son service.
Mais, différents incidents vont le mettre lui et son fidèle serviteur hors de service.
Son invention est volée sans qu’il ne puisse rien faire. Mais quelqu’un veille sur lui dans l’ombre…
4e aventure de Luc Hardy, donc, et troisième dans laquelle il rend service à Robert Fontrailles. Dans le premier épisode, il avait innocenté d’une tentative de meurtre celle qui allait devenir sa femme. Dans le second, il parvenait à arrêter celui qui l’avait grièvement blessé…
Le lecteur se trouve face à un récit classique de la littérature fasciculaire policière de l’époque. Classique dans son histoire (des plans qui sont volés, un méchant incognito, des déguisements, un détective agissant dans l’ombre, des poursuites…) dans ses personnages, mais également dans son style.
Si Paul Dargens a beaucoup écrit, il fait preuve, dans ce début des années 1920 d’une plume manquant d’ambition comme d’autres auteurs dans la même collection (on citera, par exemple, Marcel Priollet qui, au même âge et à la même époque, livrait, pour cette collection, des récits de la même envergure. Demande de l’éditeur ? Manque de maîtrise du format ? Manque de maturité des auteurs ? Ou bien tout simplement un style correspondant à cette période ?
Si Paul Dargens fait une nouvelle fois preuve de quelques descriptions de personnages, comme j’ai déjà pu le noter dans les autres titres, ici elles sont moins nombreuses. [Peut-être l’auteur considérait-il qu’il avait déjà présenté la plupart des personnages dans les titres précédents ?]
Pour le reste, difficile de dire si la bande que combat Luc Hardy dans le récit est la même que dans les deux autres mettant en scène Robert Fontrailles, puisque celle-ci n’est pas citée et qu’aucun indice n’est apporté pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Au final, récit classique, possédant les mêmes qualités et les mêmes défauts que les aventures précédentes de Luc Hardy.