Le mystère du rubis
Les personnages de gentlemen cambrioleurs sont pléthore dans la littérature populaire depuis le succès des aventures d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc (et même avant, puisque Lupin est inspiré par le personnage d’Arthur J. Raffles, né de la plume du beau-frère de Conan Doyle, Ernest William Hornung.
Faire une liste exhaustive des clones, copies et inspirations de Lupin, serait une tâche fastidieuse, voire impossible, surtout si on doit analyser les œuvres de cinéma, télévision, bandes dessinées, chansons, etc.
Toutefois, dans le nombre d’auteurs de tous genres ayant livré sa propre vision du personnage, il en est un que l’on devrait mettre en avant, non pas pour le succès de ses récits, pas forcément pour la qualité de ceux-ci, mais pour le nombre de personnages qu’il a créé sur ce moule : l’incontournable [dans le monde de la littérature populaire fasciculaire] Henry Musnik [1895-1957], un écrivain né au Chili, mais auteur très prolifique de la littérature française.
Effectivement, pour alimenter tous ses textes, et ils sont très nombreux, l’auteur n’hésita pas à calque plusieurs personnages sur celui du gentleman cambrioleur.
On comptera Robert Lacelles, Mandragore, mais également Jack Desly.
Jack Desly dont les 25 aventures furent publiées dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi, en 1937-1938, sous la forme de fascicules de 64 pages contenant des récits indépendants d’environ 18 000 mots. Cette collection compte presque 450 titres, signés de différents auteurs dont 51 le sont d’Henry Musnik, 50 sous le pseudonyme de Claude Ascain et 1 sous celui d’Alain Martial.
« Le mystère du rubis » est donc un fascicule de 64 pages signé Claude Ascain, paru en 1938.
LE MYSTÈRE DU RUBIS
Jack DESLY, gentleman cambrioleur de son état, a peaufiné tous les détails de son plan pour mettre la main sur le magnifique rubis de Madame Coleman, la femme d’un riche américain.
Sachant que le couple doit assister à une représentation au Théâtre-Bleu, puis aller au bal de l’Ambassade américaine, il a prévu de se cacher dans leur chambre d’hôtel, en attendant leur retour, et de profiter, ensuite, de leur sommeil pour s’emparer du bijou.
Mais, en passant devant le Théâtre-Bleu, pour s’assurer de la présence de ses « victimes », il remarque la silhouette de son ennemi juré, l’inspecteur Arthème Ladon, sortir brusquement d’un taxi et entrer dans le bâtiment.
Indéniablement, un incident s’est produit, et Jack DESLY le sent bien, cela a rapport avec le joyau convoité…
Jack Desly a prévu de s’emparer du magnifique rubis ornant le cou de Mme Coleman, la femme d’un riche américain. Mais, alors qu’il passe devant le Théâtre-Bleu, où il sait que le couple est en train d’assister à une représentation, il remarque l’inspecteur Arthème Ladon, son ennemi juré, qui y débarque en trombe. Pas de doute, il est arrivé quelque chose durant la pièce et Jack Desly ne tarde pas à l’apprendre, le rubis a été volé.
Revenant devant le théâtre, il remarque un spectateur relâché tardivement, sans nul doute celui sur qui pesaient les suspicions de Ladon. En le suivant, il remarque un tic chez le suspect qu’il reconnaît pour être celui d’un confrère belge. Ainsi, celui-ci aurait rompu l’accord tacite dans la « profession » qui veut qu’on ne doive pas travailler sur le territoire d’un autre. Jack Desly est bien décidé à se venger de l’affront et à récupérer le joyau, mais il ne tarde pas à se rendre compte que sa belle Gladys, chargée de surveiller le voleur, ne donne plus signe de vie…
Je retrouve donc Jack Desly dans une nouvelle aventure, aventure qui le mène une nouvelle fois à lutter contre un confrère moins consciencieux que lui.
Rien de nouveau, donc, dans l’intrigue, mais on sait que le format n’est pas propice à innover en la matière.
On regrettera, une fois encore, que le personnage de Nan-Dhuoc, le fidèle serviteur annamite de Jack Desly soit en retrait, puisque c’est le personnage par lequel arrivent les petits moments d’humour.
On appréciera, par contre, que Gladys, nouvelle venue dans la série, soit, elle, un peu en retrait, car j’ai déjà constaté moult fois le tort que les romances pouvaient créer dans ce genre de séries policières ou d’aventures, que ce soit à la télé ou dans la littérature.
Si ce récit est, du coup, un peu moins drôle que certains, et si l’action est moins présente, l’auteur tente de nous livrer une intrigue un peu plus complexe, du moins, en apparence, ce qui ne gâte rien même si cela ne va pas révolutionner le genre.
Avec la narration linéaire usuelle au genre et au format, l’auteur délivre tout de même une histoire plaisante à lire, ce qui est déjà pas mal, même s’il a déjà été plus performant au sein de la série.
Au final, pas forcément la meilleure aventure de Jack Desly, mais, comme toujours, celle-ci se lit vite et bien même si on regrette la place minime réservée à Nan-Dhuoc, le personnage le plus intéressant de la série.