Trois femmes, un meurtre
L’énigmatique écrivain J. A. Flanigham est l’auteur d’un nombre conséquent de fascicules policiers publiés entre 1946 et 1959.
Dans un premier temps, il écrit des aventures autour de personnages récurrents : Bill Disley, le reporter détective et Dick et Betty Reutel, un couple d’aventuriers détectives dont les récits sont publiés tout d’abord dans la collection « murmure d’amour » des éditions du Moulin Vert sous la forme de fascicules de 16 pages, double colonne contenant des textes d’environ 11 000 mots.
Dans cette collection on retrouve 7 aventures de Dick et Betty, les autres sont consacrées à Bill Disley.
Les aventures de Bill Disley seront rééditées en partie dans la collection « Police Roman » des éditions Lutèce à partir de 1949.
Par la suite, l’auteur consacrera deux collections à son journaliste : « Les aventures de Bill Disley », à partir de 1951, et « Les nouvelles aventures de Bill Disley », à partir de 1955, sous la forme de livres de 128 pages.
Le reste de sa production sera principalement destinée aux collections Ferenczi « Police et Mystère 2e série » et « Le Verrou » ainsi qu’à la série « Les dessous de l’Agence Garnier », une série de 6 aventures destinées à autant de magazines « Miroir-Police » entre 1954 et 1955.
En ce qui concerne l’auteur, on ne sait rien puisque l’on n’a pas identifié qui se cachait derrière le pseudonyme.
« Trois femmes, un meurtre » est la toute première aventure de Dick et Betty Reutel, celle dans laquelle ils vont se rencontrer et s’aimer… Elle date de 1946 sous la forme d’un fascicule de 16 pages, double colonne.
TROIS FEMMES, UN MEURTRE
Robert Darcourt a invité des amis à passer un mois sur son yacht avant de terminer le séjour dans sa superbe villa.
Il a réuni autour de lui, outre sa femme Bella, Rémy Brent et son épouse Sophie ainsi que Dick REUTEL et la jeune Betty fille d’un riche Irlandais.
Mais durant la première nuit à terre, Robert Darcourt est assassiné d’une balle.
Le commissaire Stan, chargé de l’enquête, ne tarde pas à se rendre compte que toutes les représentantes de la gent féminine sont sous le charme de Dick REUTEL vers qui pointent tous les indices.
Pourtant, le policier ne semble pas convaincu de la culpabilité du charismatique suspect…
Dick Reutel vient de passer un mois à naviguer sur un yacht en compagnie de son ami Robert Darcourt, de sa femme, d’un de ses associés Rémy Brent, de sa femme Sophie et de la jeune Betty.
Ils se sont ensuite tous réunis dans la villa de Darcourt pour conclure leur aventure, mais, durant la nuit, Robert est assassiné en pleine nuit d’une balle.
Le commissaire Stan mène l’enquête et découvre que la victime a été tuée avec l’arme de Dick Reutel, que celui-ci n’était pas dans sa chambre au moment du crime, que la femme de Darcourt, ainsi que les deux autres d’ailleurs, sont amoureuses de Dick.
Pourtant, Stan a du mal à croire à la culpabilité de Dick Reutel, Betty non plus et va tout faire pour la démontrer.
Découvrant cette aventure bien après les autres, je connais donc déjà Dick et Betty et le connais donc en tant que couple. Je les découvre alors totalement inconnus l’un de l’autre, pire, se détestant presque, du moins, étant agacé par l’autre.
J. A. Flanigham nous livre donc le récit de la rencontre des deux jeunes gens à travers un récit plus sentimental que policier, l’intrigue policière arrivant bien tardivement.
Pourtant, et bien que je ne sois pas féru de récits sentimentaux, il faut bien avouer que la plume de Flanigham fait passer facilement la pilule. En effet, grâce à un style un brin désuet, mais maîtrisé, relatant des sentiments tout aussi désuets, l’auteur livre un récit agréable à suivre d’autant que l’on sait comment il va se terminer.
Autant le dire tout de suite, si l’intrigue n’est pas le fort des fascicules, un format trop court pour qu’un suspens puisse réellement s’établir, ici, l’intrigue est reléguée au second plan voire au troisième. Mais qu’importe, le style de Flanigham suffit à me charmer, et ses incises dans les dialogues à me ravir.
Par contre, je suis assez surpris de l’utilisation d’indications théâtrales de mises en situation en début de chapitre afin de situer le décor ou l’histoire, une pratique que je découvre chez l’auteur et qu’il ne réutilisera plus, je crois, par la suite.
C’est assez surprenant, car peu dans la subtilité usuelle de l’auteur et cela semble démontrer une certaine inexpérience dans la maîtrise de sa narration qui est pourtant le fort de cet auteur.
Je n’oserais parler d’œuvre de jeunesse puisque ce texte n’est pas le premier publié par l’auteur et que les titres s’enchaînent très vite et son gérés avec maestria par un auteur que je considère comme un excellent écrivain.
Pour ce qui est du reste, on pourra regretter l’excessif charme de Dick Reutel, le fait que toutes les femmes sont à la fois belles et envoûtées par le même Dick, mais c’est un peu le principe de la série, mais aussi des romans noirs à l’américaine dont l’auteur s’inspire pour son écriture.
La solution de l’intrigue est aussi simple que l’intrigue elle-même et n’est d’ailleurs que d’une importance relative, le principal étant la rencontre entre Dick et Betty et leur passion l’un de l’autre et de l’aventure.
Au final, une gentille bluette doucement surannée et charmante menée de belle façon par l’un de mes auteurs préférés, qui marque le début des aventures de Dick et Betty Reutel, aventuriers modernes.