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Loto Édition
30 janvier 2022

120 carats pour un tombeau

s-l300

Le fait qu’un auteur signe les aventures de son personnage par le nom dudit personnage, laissant ainsi penser qu’il est le personnage, n’est pas l’apanage de Frédéric Dard et de son San Antonio.

Je pourrais citer quelques exemples, passés ou récents, comme Lew Dolegan (Louis Fournel) ou Cicéron Angledroit (Claude Picq).

Bien souvent, quand un auteur se glisse dans les oripeaux d’un personnage, il le choisit plutôt de façon avantageuse. Pas trop vieux, charmant, charmeur, courageux, fort, intelligent, pas trop pauvre… Il le fait se promener dans de belles voitures et, surtout, surtout, il fait en sorte que toutes les belles femmes de l’histoire se jettent dans ses bras.

Ce n’est pas Christian J. Mandon qui me contredira puisqu’en 1974, pour la collection « Spécial Police » des Éditions Fleuve Noir, il créera le détective lyonnais David Morgon et lui fera vivre 36 aventures jusqu’en 1987.

La mort de l’auteur (en 1988) mettra également fin à l’existence du personnage.

Et les aventures de David Morgon, Christian Mandon les signera… David Morgon, bien évidemment.

« 120 carats pour un tombeau » est la 13ème enquête du détective. Elle est parue en 1977.

120 carats pour un tombeau :

Je savais que Maurice Genthon était un détective privé véreux ; je savais que les diamants qu’il m’avait remis (l’un d’eux pesait 120 carats ! avaient été volés ; je savais que la mission qu’il me proposait était louche, malhonnête même et, surtout, dangereuse. Je l’acceptai, cependant. Pour voir.
Le démon de l’aventure et le goût du risque l’ont toujours emporté chez moi sur la prudence et la vie rangée ! Ma première découverte fut… le cadavre de Maurice Genthon, justement ! « 120 carats pour un tombeau » : c’était le prix du marché !

David Morgon, détective lyonnais, reçoit la visite de Maurice Genthon, un détective suisse, venu lui proposer de coopérer avec lui dans une transaction de diamants. Craignant une entourloupe, l’Helvète a besoin d’une protection et il compte donc sur Morgon et lui confie les diams en lui demandant de se pointer dans un hôtel à une heure précise.

Mais Morgon, soupçonnant une entourloupe, décide d’arriver en retard et grand bien lui fit puisqu’il découvre Genthon mort. À la sortie de l’hôtel, il remarque que la Lamborghini qu’il avait aperçue non loin avant d’entrer, a disparu.

C’est donc, pour lui, la piste à suivre…

Comme je le disais, quand un auteur se prend pour un détective, il le choisit rarement vieux, moche, pauvre et con [ce n’est pas toujours le cas, mais ceux qui font ce choix ont rarement du succès].

On ne sera donc pas étonné que David Morgon entre dans le moule du mâle alpha, moustache en plus [cela faisait viril à l’époque]. Beau, fort, probablement intelligent [il n’a pas vraiment l’occasion de le démontrer dans cette aventure] et qui se tape les belles femmes qu’il croise [ici, il n’y en a qu’une d’attirante, elle est pour lui].

Totalement cliché, comme personnage, donc, mais comme pouvait l’être San Antonio.

Cependant, ce dernier avait plusieurs avantages pour lui : l’humour, le talent de son auteur, son côté un peu fifils à sa maman et ses deux collègues, Bérurier et Pinaud.

David Morgon, lui, ne bénéficie d’aucun de ses atouts et se contente juste d’être un personnage caricatural sans réelle aspérité qui permettra au lecteur de s’y attacher un tant soit peu.

Côté plume, l’auteur nous délivre une copie à l’image de son personnage, sans faille apparente, mais sans réel attrait. Rien à quoi se raccrocher qui lui permettrait de se démarquer des autres.

Reste alors l’intrigue, qui est rarement le point fort de ce genre de roman.

Et c’est là que le bât blesse le plus. L’intrigue !

Une intrigue qui démarre sur une scène totalement incroyable [dans le sens peu crédible] où un détective suisse se rend chez un détective lyonnais qu’il ne connaît pas [même s’il a pris des renseignements] pour lui demander son soutien et, surtout, lui confier les diams [diams qui lui ont déjà été confiés de façon tout aussi peu crédible par une autre personne].

Confie-t-on une poignée de diamants à un parfait inconnu ? Non. D’ailleurs, on ne le ferait déjà pas à quelqu’un que l’on connaît tant on aurait peur qu’il se barre avec et disparaisse.

À partir de cette scène liminaire, difficile de croire à la suite de l’aventure tant ce point de départ ne tient pas la route.

Dès lors, le lecteur se contente de suivre les aventures de David Morgon sans réel déplaisir [la plume tient la route] jusqu’à un final qui n’est guère plus crédible que le reste.

Heureusement, ce roman a l’avantage non négligeable de ne pas être trop long ce qui permet au lecteur de poursuivre sa lecture jusqu’au bout, ce qu’il n’aurait pas forcément fait avec un pavé.

Non pas que l’ensemble, encore une fois, soit désagréable, mais j’ai juste eu l’impression de lire une énième aventure d’un énième détective beau gosse sans relief comme il en existe tant. Alors, qu’en plus, l’intrigue ne tienne pas la route, voilà qui faisait beaucoup.

Peut-être aurais-je du débuté ma lecture par la première aventure… il faudra que je la trouve et que je retente ma chance… peut-être.

En tous cas, si un auteur doit se prendre pour son personnage, je préfère, et de très loin, San Antonio, Lew Dolegan, voire même Cicéron Angledroit ou CHYUFA.

Au final, un personnage cliché, dans une aventure qui ne tient guère la route, le tout mené par une plume passe-partout. Dommage.

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