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Loto Édition
19 juin 2022

De nos jours, les routes ne sont pas sûres

 

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En tant que lecteur, je suis attiré par les séries policières comme les guêpes par le miel ou les pique-assiette par les repas de mariage.

Aussi, quand je tombe par hasard sur le premier épisode d’une série policière écrite par un auteur de langue française (je fuis les traductions, ne me demandez pas pourquoi), je peux rarement résister même si je n’ai entendu parler ni de l’auteur, ni du roman, ni du personnage principal.

Ainsi, « De nos jours, les routes ne sont pas sûres » est la première enquête de l’inspectrice (stagiaire) Sylvie Cabrero.

Sur l’auteur, Patrick Calvez, je n’ai pas trouvé grand-chose. Il semble que le même titre ait été autopublié sous le nom de Simon Kherby, Patrick Calvez servant de nom d’éditeur (c’est en tous cas ce que j’ai trouvé sur une librairie italienne).

M’enfin, je ne vais pas m’étendre sur le sujet.

Alors, bin, j’ai tenté ma chance.

Ai-je bien fait ?

De nos jours, les routes ne sont pas sûres :

Un matin du printemps 1981, un vieil homme qui promène son chien, découvre dans un fossé le cadavre d’un homme, nu et mutilé.
Une inspectrice stagiaire et un vieux flic au bout du rouleau sont chargés de l’enquête. Ils découvrent rapidement que ce meurtre fait partie d’une longue série de crimes non élucidés. Un tueur en série balance comme de vieilles gazinières, des cadavres le long des routes de France.

Un corps est retrouvé au petit matin dans un fossé. La victime, un homme, était nue et présentait des traces de tortures…

L’affaire échoit à une jeune inspectrice stagiaire, Sylvie Cabrero et à un flic désabusé et alcoolique, Hervé Marivain.

La jeune femme va vite faire une relation entre ce crime et plusieurs autres corps retrouvés dans de mêmes circonstances, à travers la France, depuis une dizaine d’années.

L’auteur, pour une raison qui m’était incompréhensible à la lecture, décide de placer son intrigue en 1981, durant les élections qui mèneront François Mitterand à la tête de l’État.

Choix étrange pour un roman qui semble récent (en fait il doit dater de 2014) et qui ne s’expliquait pas par l’histoire qui à quelques détails prêts pouvait se dérouler de nos jours.

En lisant la présentation de l’auteur sur Amazon (après lecture), je constate que ce choix de l’auteur est pour parler d’une police à l’ère où l’informatique et l’ADN n’ont pas droit de cité.

Un choix compréhensible, mais risqué, donc.

Quand on prend le parti d’écrire une histoire qui se déroule des années (décennies) auparavant, on prend le risque de faire des anachronismes même si l’on a vécu à ladite époque.

Effectivement, certains éléments, certains objets, certaines expressions, certains mots nous semblent tellement ancrés en nous qu’on a l’impression qu’ils ont toujours existé… alors que ce n’est pas toujours le cas.

Ainsi, dans ce roman, sans chercher bien loin, et, surtout, sans me souvenir de tous les anachronismes présents, j’en ai noté un :

« un ancien élève de lycée technique, passionné de foot et de belles bagnoles hors de ses moyens, qu’elle vénérerait comme un dieu parce qu’il aurait consenti à la coucher sur la banquette arrière de sa 205 GTI malgré son physique ingrat de vache à lait. »

Cette phrase n’a l’air de rien, mais la 205 GTI ayant été produite à partir de 1983, difficile qu’en 1981, un type puisse coucher qui que ce soit sur la banquette arrière de ce modèle.

Bref, un anachronisme parmi d’autres, sûrement, n’étant pas ultra concentré sur ma lecture, je n’ai pas été très pointilleux.

Car il faut bien avouer qu’après un premier chapitre pouvant faire illusion, de par la découverte d’un corps, à travers un récit avec un peu d’humour, on pouvait s’attendre, si ce n’est à un excellent roman policier, au moins à un roman se lisant avec plaisir.

Mais voilà, les travers du roman apparaissent bien vite par la suite.

D’abord, et cela ne dérange pas tout le monde : la narration alternée entre l’enquête d’une part, et le tueur en série, d’autre part (d’autant qu’il faut deviner, au départ, qu’il s’agit du tueur en série).

Certes, ce schéma narratif est fréquent dans le monde du polar, mais cela m’a toujours dérangé et je l’ai toujours considéré comme un artifice pour dynamiser faussement un récit.

Viennent ensuite les personnages.

Je ne m’étendrais pas sur le flic alcoolique qui fait mal son boulot, qui arrive en retard, qui bouffe mal, tout ça.

Je vais en venir aux personnages féminins, car c’est toujours à travers les personnages féminins que l’on juge de l’esprit de l’auteur masculin.

Ici, les deux femmes, la flic d’un côté, la tueuse de l’autre (oui, c’est une femme qui tue, désolé de vous le dire, mais on le devine assez vite, rassurez-vous), sont présentées comme, à la fois, des versants opposés d’une version féminine avec une tueuse mante religieuse, nymphomane, perverse, qui ne jure que par la séduction et qui en fait une arme dangereuse et, de l’autre une femme qui défend la justice, qui a un corps musclé, presque viril et qui est lesbienne.

Évitons les clichés (non, on ne les évite pas, en fait), mais bien que les deux femmes soient censées être opposées, elles sont réunies par un point, le désir, l’obsession de plaire et de séduire…

Cliché, donc, que l’on retrouve souvent dans la plume d’un auteur masculin, mais on ne s’attend pas d’un homme qu’il puisse juger les femmes un peu plus subtilement que cela (je le sais, je suis un homme).

Ensuite, jugeons du style…

Bin, là aussi le bât blesse, car de style, je n’en ai pas réellement trouvé.

Alors, je n’irais pas jusqu’à dire que la plume est indigente, que l’auteur ne sait pas écrire…

Non, du tout, c’est parfaitement lisible, mais il manque un petit plus qui permette d’être pris dans le récit, dans la narration, dans l’ambiance, soit à travers une plume plus enlevée, soit par des prises de position, des réflexions sur la Société, l’époque, le monde… bref, un truc qui fasse sortir le style des ornières de la simple écriture.

Heureusement, pour moi, le roman est très court, ce qui a fait que j’ai insisté plus que de coutume pour le terminer (j’ai pensé plusieurs fois arrêter ma lecture en cours de route).

Non pas, encore une fois, que l’ensemble soit totalement indigeste, mais juste que je n’ai rien trouvé à quoi me raccrocher. Pas de personnage intéressant, pas de schéma narratif original et prenant, pas de plume altière, pas même une intrigue qui donne envie d’en connaître le dénouement.

Au final, un petit roman policier qui ne se démarque pas du tout venant à part par la volonté de l’auteur de placer son intrigue en 1981 sans que cela soit justifié par l’intrigue ou les personnages.

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