Lucien van der Haeghe est un écrivain sur lequel je n’ai guère de renseignements si ce n’est qu’il officiait au milieu des années 1940 et qu’il était probablement ancré dans la région Nord, du fait de ses multiples collaborations avec l’écrivain et éditeur Jean des Marchenelles…
En 1943, 1944, pour le compte des éditions Janicot, il écrit quelques récits policiers pour la « Collection Rouge », qui seront publiés sous la forme de fascicules de 32 pages, double colonne, contenant des récits d’environ 12 000 mots.
C’est l’occasion pour lui de faire vivre des personnages récurrents, dont le commissaire Barma et son ami, le détective Paul Duval.
« La preuve accablante » est un de ces récits, le troisième de l’auteur pour la collection, mais seulement le second dans lequel apparaît l’un ou l’autre ou les deux récurrents.
LA PREUVE ACCABLANTE
Le célèbre détective Paul DUVAL est contacté par un antiquaire usurier qui lui dit avoir peur des représailles d’un cambrioleur qu’il a dénoncé pour lui avoir volé une forte somme d’argent.
Ce dernier vient de s’évader et le commerçant craint, depuis, pour sa vie…
Il demande alors à DUVAL de faire arrêter le fuyard s’il lui arrivait malheur, moyennant 50 000 francs qu’il recevra en héritage pour le payer de sa peine.
Le lendemain matin, l’ex-prisonnier est interpellé au sortir de la boutique du brocanteur tandis que le propriétaire, lui, est retrouvé pendu dans sa chambre…
Bien que l’affaire semble close, Paul DUVAL décide d’enquêter malgré tout. N’a-t-il pas été rémunéré pour cela ?...
Le détective Paul Duval reçoit un antiquaire qui fait également office d’usurier et qui lui annonce craindre pour sa vie après l’évasion d’un homme qu’il avait dénoncé et fait condamner pour lui avoir volé de l’argent.
Duval se refuse à pourchasser un fugitif, pensant que la Police suffit à cette tâche. Mais le brocanteur lui annonce lui léguer 50 000 francs pour faire arrêter son assassin si malheur lui arrivait.
Et le lendemain, malheur lui est arrivé puisqu’il est retrouvé pendu dans sa chambre. Mais Paul Duval n’a pas grand-chose à faire puisque le fuyard a été arrêté alors qu’il quittait les lieux du crime…
Pourtant, Paul Duval décide d’enquêter tout de même…
Dans cet épisode de presque 12 000 mots, contrairement au précédent, Paul Duval apparaît dès le début de l’histoire et sera le seul héros du récit puisque le commissaire Barma en est totalement absent.
L’intrigue développée par l’auteur est de celles qui ne tiennent pas debout à l’aulne des révélations finales et sont surtout de celles dont on ne peut discuter en détail au risque de dévoiler des morceaux de l’histoire.
Toujours est-il que l’intrigue comme les réactions des principaux protagonistes ne tiennent pas la route quand on connaître le fin mot de l’histoire.
C’est un problème que l’on retrouve parfois dans certains romans policiers, mais que l’on peut excuser dans un format aussi court que celui-ci, déjà parce que, développer une réelle intrigue, dans une telle concision, est impossible à moins d’user de certaines facilités comme celle-ci et ce d’autant plus que l’écriture de ce genre de fascicules devait se faire dans la célérité, donc, pas trop le temps pour les auteurs de peaufiner leurs histoires…
On retrouve ici la narration au présent déjà usité dans l’épisode précédent, mais également dans le premier texte de l’auteur pour la « Collection Rouge », « L’énigme des têtes tranchées », une histoire ne mettant en scène ni Barma ni Duval. Il semble donc que ce soit un parti pris sur le long terme de l’auteur.
En plus de la facilité déjà évoquée, Lucien van der Haeghe en utilise une autre (que je n’évoquerai pas non plus en détail) qui aide bien les auteurs de récits policiers à brouiller les pistes puisqu’ils sont nombreux et pas des moins célèbres, à s’en être déjà servi.
Si elle a l’avantage d’offrir un rebondissement que bien souvent le lecteur ne peut voir venir, cette astuce, par contre, lasse depuis par trop d’utilisation.
Oui, je sais, c’est rageant de parler de chose sans pouvoir les nommer, mais vous n’avez qu’à lire ce titre pour savoir de quoi je parle.
Pour le reste, pas grand-chose d’autre à se mettre sous la dent.
Paul Duval est sous-employé, tout comme son jeune aide, mais dans un texte aussi court, on ne peut guère s’attendre à mieux.
Ah, si, on notera le « racisme ordinaire » du héros envers les asiatiques et les juifs, des travers que l’on retrouve souvent dans la littérature de l’époque et qui n’ont, depuis, heureusement plus cours, démontrant que les mentalités ont évolué (même si tout le monde ne progresse pas à la même vitesse).
Au final, un épisode un peu décevant par rapport au premier, notamment à cause d’une intrigue bancale, mais pas que…