L'homme du 7ème étage
Henry Musnik est un écrivain et journaliste sportif né en 1895 au Chili et mort en France en 1957…
Il fut, entre 1930 et sa mort, l’un des principaux pourvoyeurs de collections fasciculaires principalement policières (mais aussi aventures, parfois jeunesse).
Son immense production, il la signa de nombreux pseudonymes (Claude Ascain, Pierre Olasso, Alain Martial, Gérard Dixe, Jean Daye, Pierre Dennis, Florent Manuel… et bien d’autres).
Dans le genre policer, l’auteur avait coutume de faire vivre des personnages récurrents, souvent inspirés par des héros de la littérature populaire (Arsène Lupin, Fantômas) ou même par ses propres personnages puisque Musnik, pour gonfler artificiellement sa production dans le but d’augmenter ses gages, n’hésitait pas à reprendre certains de ses textes, à changer le nom des personnages et à le signer d’un autre pseudonyme pour les proposer à d’autres éditeurs.
C’est ce qu’il fit avec « L’homme du 7e étage », une enquête de l’inspecteur Marcellin parue en 1943 sous la forme d’un fascicule de 32 pages, double colonne, aux éditions A.B.C. pour, en faire une enquête de l’inspecteur Gaspin, « Le danseur mondain », paru sous la forme d’un fascicule de 32 pages dans la collection « Mon Roman Policier » des éditions Ferenczi en 1952.
Pour ce faire, en plus de changer les noms des personnages, il dut effectuer quelques coupes, car le premier texte atteint presque 12 000 mots quand le second dépasse à peine les 8 000…
L’HOMME DU SEPTIÈME ÉTAGE
Une riche sud-américaine est assassinée, frappée par un objet contondant, durant la nuit, dans sa chambre d’un hôtel parisien.
L’inspecteur MARCELLIN, chargé de l’enquête, constate que les bijoux de la défunte se sont volatilisés.
Les soupçons se portent rapidement sur deux personnes : un danseur mondain louant une mansarde dans l’établissement, probable amant de la victime, qui a mystérieusement disparu ; un plombier-zingueur parti cuver une bouteille de vin dans la cave du Palace et qui, au réveil, se plaint du vol de son marteau…
Au Melchior, Mme Ganada, une riche sud-américaine, est retrouvée, au matin, morte assassinée d’un coup sur la tête, par la femme de ménage. Ses bijoux, qu’elle venait de retirer du coffre de l’hôtel, ont disparu.
Très vite, les soupçons se portent sur un homme logeant dans une mansarde du 7e étage, qui était le « danseur attitré » de la victime.
Pourtant, quand le plombier travaillant à la réparation d’une fuite dans la cave se plaint que son marteau a disparu et que Marcellin apprend que ce dernier a passé la nuit, bourré, dans ladite cave, il se pourrait qu’un suspect s’ajoute à sa liste.
Bon, je ne vais pas m’étendre sur ce texte que j’ai donc déjà chroniqué en grande partie en tant que « Le danseur mondain »…
Pourtant, il est intéressant de passer sur les deux textes pour mieux comprendre la façon de travailler de l’auteur.
On comprendra alors que le manque de description de ses personnages lui facilitait la tâche pour les réutiliser.
Il est donc peu étonnant qu’il proposât toujours des héros un peu transparents, d’autant que le format de fascicule de 32 pages oblige à une grande concision, sauf dans des séries dans laquelle il n’a pas plongé pour ses « reprises ».
Quoi qu’on a déjà constaté que, même quand il développait des personnages un peu plus consistants, il n’hésitait jamais à reprendre certains passages ou idées de ses récits précédents pour les intégrer à ses nouvelles histoires.
Ainsi, Mandragore, son œuvre la plus ambitieuse de par son ampleur (des épisodes de 80 000 mots) intègre des passages écrits pour Jack Desly, par exemple, ou même une partie de la première enquête de l’inspecteur Marcellin.
On retrouve donc le style Musnik, fait, dans le cadre de fascicules, d’un style un peu passe-partout, de personnages flous, d’intrigues linéaires et simples et pour faciliter la concision du récit, un chapitre final où l’enquêteur explique comment il a mené son investigation, ce qui prend moins de place que de tout proposer du point de vue d’un narrateur omniscient…
On constatera donc que, pour passer de ce texte à sa réplique plus concise, l’auteur aura sacrifié, entre autres, le premier chapitre.
L’ensemble est donc plus dense, la lecture plus fluide du fait que l’on ne ressent pas l’impression, comme dans certains autres titres, d’un élagage du texte pour rentrer dans les clous.
Au final, un récit plaisant à lire et intéressant à étudier, en comparaison de son double tronqué, pour mieux comprendre le travail de l’auteur.